la confrontation de la Russie avec l'Occident, dirigé par les Etats-Unis, autour de l'Ukraine, ressemble à des tensions, des rivalités et des guerres par procuration de la période de la guerre froide entre les deux blocs de l'Est et de l'Ouest. Cela étant dit, on peut décrire comme « la nouvelle guerre froide » en raison de ses particularités et ses différences. Sont nombreux ceux qui disent que ces circonstances marquent le début d'une nouvelle guerre froide, bien entendu avec des critères différents, ainsi que le début d'un mouvement vers un monde multipolaire. La nouvelle guerre froide a pris une couleur et un visage marquant le 21ème siècle. Le Président russe, Vladimir Poutine a, avec sa confrontation ouverte et violente avec l'Occident, fait entrer la Russie dans une nouvelle phase des relations internationales, du jamais vu depuis la période post-soviétique. Poutine est inspirée, dit-on, dans sa politique par des pensées d'Alexandre Deguine, idéologue et théoricien de l'idée d'Eurasie. Conformément à cette théorie, la Russie appartient, du pont de vue culturelle, à l'Orient et elle doit résister à l'Occident et au monde unipolaire, dirigé par les Etats-Unis. Le camp occidental, dirigé par les Etats-Unis dit que la Russie, en armant les opposants et les séparatistes dans l'Est de l'Ukraine et en envoyant les forces militaires russes déguisées en civil pour les assister et entrainer, tente d'empêcher le rapprochement de l'Ukraine avec l'Union européenne et l'Otan. En guise de réaction, les Etats-Unis, avec l'aide de l'Union européenne, et certains de leurs alliés asiatiques, ont adopté la stratégie de sanctions contre la Russie, visant, surtout, l'économie de ce pays. la crise de l'Ukraine, le rattachement de la Crimée à la Russie, et le soutien apporté par la Russie aux séparatistes dans l'Est de l'Ukraine, à Lougansk et à Donetsk, a aiguisé les divergences entre l'Occident, dirigé par les Etats-Unis et la Russie, suscitant la tension dans les relations deux parties dont les dimensions et les particularités témoignent de l'émergence d'une « nouvelle guerre froide ». Le processus de l'intensification des tensions entre l'Occident dirigé par les Etats-Unis et la Russie, suscitent deux questions importantes : Primo, les conséquences et les scénarios éventuels qui pourraient se produire en 2015 ? Secundo, quel sera le niveau des tensions dans les relations entre la Russie et les Etats-Unis ? Avant tout cela, nous procédons à un décryptage de la guerre ancienne et nouvelle, et de la place de l'Union européenne dans cette nouvelle guerre :
Epistémologie de la guerre froide ancienne et nouvelle
L'ancienne guerre froide était fondée sur une rivalité idéologique entre le système communiste et le système capitaliste, une rivalité traditionnelle qui, outre la rivalité militaire, englobait la guerre par procuration des pays se situant dans les deux blocs de l'Est et de l'Ouest. La nouvelle guerre froide est différente de l'ancienne guerre froide, car les tensions et les rivalités du camp occidental, dirigé par les Etats-Unis avec la Russie sont différentes en termes de domaines géopolitiques, géoéconomiques, et idéologiques, bien que la nouvelle guerre froide puise ses racines dans l'ancienne. Néanmoins, le Président américain, Barak Obama a rejeté le concept de la nouvelle guerre froide avec cet argument que contrairement à l'Union soviétique, la Russie ne dirigeait pas un bloc des pays, ayant une idéologie mondiale... la Russie est une puissance régionale qui menace certains de ses voisins, non par en raison de la puissance, mais plutôt, en raison de sa faiblesse ». Pour définir et expliquer la nouvelle guerre froide, il fait tenir compte des circonstances actuelles mondiales. Aujourd'hui, les Etats-Unis n'ont plus la puissance qui était la leur durant la guerre froide et la puissance de ce pays s'est déclinée, au moins, après les attentats du 11 septembre et les interventions militaires des Etats-Unis dans la région. Durant l'ancienne guerre froide, l'Union soviétique était l'un des deux piliers du monde bipolaire, et était engagée dans une guerre par procuration contre les Etats-Unis, partout dans le monde. Les Soviétiques avaient des millions de soldats actifs. Aujourd'hui, la Russie possède environ 800.000 militaires en exercice et sa force navale n'est plus puissante que par le passé. En dépit de sa volonté de jouer le rôle d'une grande puissance, la Russie dispose, en qualité de puissance régionale, des capacités et moyens économiques, militaires et culturels limités. Les économies américaines et européennes sont respectivement, 8 et 6 plus que l'économie de la Russie. Pendant cette période de la nouvelle guerre froide, la Russie s'efforce de se faire des amis, surtout, après la crise de l'Ukraine. Le rapprochement accru avec l'Iran, le renforcement des relations avec la Chine, le soutien renforcé au gouvernement syrien, au Hamas, aux Houthis au Yémen, le soutien militaire (la vente des avions de combats), à l'Argentine dans son conflit avec la Grande Bretagne, les patrouilles dans l'espace aérien de la Grande Bretagne comptent parmi les agissements de la Russie face au camp occidental, dirigé par les Etats-Unis. L'impasse de la crise d'Ukraine a fait que les Etats-Unis n'arrivent pas à attirer le soutien de la Russie dans le règlement de la lutte contre le groupe terroriste de Daesh. La Russie s'est vue, également, renforcée par le soutien que la Chine lui a accordé dans son bras de fer avec l'Occident. L'exemple manifeste en est la signature des accords de coopération gazière entre la Russie et la Chine. A cela s'ajoute le fait qu'après les sanctions adoptées contre la Russie et la guerre pétrolière lancée, conjointement, par l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis, la Russie a rendu publique sa nouvelle doctrine militaire, selon laquelle elle s'arroge le droit d'utiliser l'armée out toute sorte d'armes de destruction massive. De même, les Russes, en guise de réaction de la dévalorisation du rouble par rapport au dollar, ont augmenté le taux de bénéfice des banques et ont tenté de mettre en œuvre l'accord « pétrole contre marchandises », conclu avec l'Iran. A noter que la Russie rassure à 60% ses revenus économiques par le biais du gaz et du pétrole
La place de l'Union européenne dans la nouvelle guerre froide
Les relations entre la Russie et l'Union européenne, en tant que deux acteurs importants de la zone Eurasie et au niveau international ont connu des hauts et des bas. Ces relations ont vacillé, au cours de ces deux dernière décennies, de la coopération jusqu'à la rivalité géopolitique. La puissance normative de l'Union a été fondée sur l'élargissement des valeurs libéralistes et inspiratrices pour les pays de destination. Les intérêts géopolitiques et sécuritaires différents de l'Union européenne et de la Russie ainsi que la question de l'énergie ont influencés les relations entre les deux parties. A cela s'ajoute, en ce qui concerne la rivalité entre la Russie et l'Union européenne, l'adhésion des pays de l'Europe de l'Est à l'Union européenne, après l'effondrement de l'ordre bipolaire du monde. L'élargissement de la zone géographique de l'Union européenne vers l'Est de l'Est et centrale, tout près des frontières russes, a suscité les inquiétudes des autorités du Kremlin.
Considérations ; conséquences de la nouvelle guerre froide
1. La guerre civile en Ukraine est une confrontation ouverte entre Moscou et Washington dans leur rivalité géopolitique. Si les deux pays voient cette question avec les lunettes du jeu perdant-gagnant, on pourrait s'attendre à ce que cela s'intensifie et se propage dans d'autres régions.
2. Contrairement à l'ancienne guerre froide, dans la nouvelle guerre froide, il n'existe pas de cohésion ni de solidarité au sein du bloc de l'Ouest autour de la crise ukrainienne. Il existe, de profondes divergences au sein des pays européens eux-mêmes et également, entre l'Union européenne et les Etats-Unis autour de la crise ukrainienne. Ces divergences ont empêché l'adoption d'une stratégie cohérente pour faire face à la Russie.
3. La dépendance réciproque est très grande entre l'Union européenne et la Russie sur le plan économique, tandis que les Etats-Unis n'ont pas une telle dépendance. Partant de là, ils ne sont pas très affectés par les mesures de représailles de la Russie, tandis que les Européens en subiront de grands préjudices. C'est exactement, en raison de cela que certains pays membres de l'Union européenne dont l'Allemagne ont fait part de leur opposition au durcissement des sanctions contre la Russie.
4. L'Ukraine se trouve dans la sphère immédiate de la sécurité nationale de la Russie, tandis que l'Ukraine n'est pas considérée pour les Etats-Unis comme une partie importante et vitale dans les relations compliquées entre les Etats-Unis et la Russie. La stratégie à long terme de la Russie consisté à empêcher l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, car elle y voit une menace à sa sécurité nationale.
L'année 2015, scénarios d'une nouvelle guerre froide
Les circonstances de la nouvelle guerre froide sont de sorte à modifier divers éléments et facteurs sur la scène et tourner des conséquences différentes. Il est difficile de faire un pronostic définitif et certain des résultats de ces évoluions, mais il semble que les plus optimistes et pessimistes scénarios sont les suivants :
Premier scénario : l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et le déploiement des systèmes de défense de l'Otan dans ce pays, ce qui intensifierait la guerre froide et peut donner lieu à des évènements similaires à des évènements du bouclier balistique soviétique au paroxysme de la guerre froide.
Deuxième scénario : la Russie parviendra à endiguer et à freiner la crise avec l'Occident, dirigé par les Etats-Unis, avec d'intenses pourparlers et l'aide de l'Union européenne et l'Allemagne.
Troisième scénario : la tension et l'écart entre la Russie et le camp occidental s'intensifieront. L'adhésion de l'Ukraine à l'Otan se heurterait à la vive réaction de la Russie et les relations militaires et stratégiques de la Russie avec les pays latino-américains se multiplieront et la Russie tenterait de créer des bases balistiques en Amérique, et c'est ainsi que la guerre froide s'intensifiera par des rivalités par procuration. La Russie soutiendra également, l'Iran dans les négociations nucléaires avec l'Occident et aidera ce pays à briser les sanctions. La Chine aussi, inquiète de la concentration US sur l'Asie rejoindra l'axe de la Russie face aux Etats-Unis.
Quatrième scénario : la menace de l'extrémisme islamiste dont Daesh s'aiguisera et s'étendra, surtout, à l'intérieur du territoire de l'Union européenne, des Etats-Unis et de la Russie. Cela les conduire à la convergence pour faire face à cette menace et pourrait aboutir à des concessions réciproques et constituer un prélude à la résolution de la crise d'Ukraine.
Cinquième scénario : le niveau de la tension entre la Russie et le camp occidental dirigé par les Etats-Unis s'élèvera à tel point que compte tenu de leur dépendance réciproque et des conséquences dure aux sanctions et à la crise économique, le processus de la détente commencera ou au moins une paix froide s'instaura entre les deux parties. En revanche, les coopérations s'accroitront dans les domaines de sécurité et des intérêts communs, dont les pourparlers nucléaires avec l'Iran et la lutte contre Daesh.