Une première. Dimanche prochain, à La Mecque, des oulémas, des penseurs et universitaires viendront de plusieurs pays, pour participer à la Conférence internationale sur «l'Islam et la lutte contre le terrorisme». Ils se pencheront, notamment, sur «l'instrumentalisation de la religion, dans le terrorisme». De nombreux autres ateliers se tiendront, au cours de cette rencontre, sur des thèmes, comme «le sectarisme religieux», «la méconnaissance de la Chariaâ», «la notion du Jihad, dans l'Islam», «la faiblesse de la société civile», «le rôle des médias», celui de l'éducation. Bref, un tour d'horizon, qui se veut complet autour de ce fléau qu'est le terrorisme. Pour aboutir sur «les meilleures approches et expériences de lutte» contre ce fléau. Une telle réunion aurait dû se tenir, dès le début des années 1990, lorsque ce terrorisme avait pris, pour première cible, l'Algérie. Il est vrai que le phénomène, par sa nouveauté, déroutait les observateurs les plus avertis. Aujourd'hui, et après un quart de siècle et des centaines de milliers de morts, à travers le monde, les élites musulmanes tentent de réagir. Cependant, et à moins de créer une structure de coordination, pour le suivi des recommandations, qui seront arrêtées, à cette conférence de La Mecque, la portée d'une telle réunion risque d'être sans effets. Pourtant, les Musulmans ne peuvent pas laisser, indéfiniment, l'Islam endosser ces actes, qui le diabolisent et font de lui la première cible des terroristes. Jeudi dernier, dans son intervention, à la Conférence sur «la lutte contre la violence extrémiste», tenue à Washington, Barack Obama, le Président américain, a qualifié «d'affreux mensonge», l'idée, selon laquelle l'Islam serait responsable de tous les actes terroristes qui secouent la planète. Il a, par la même occasion, dénoncé «les interprétations tronquées de l'Islam», qui tendent à le mettre en cause. Même conviction, chez le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a annoncé, au cours de cette conférence, qu'il allait, prochainement, organiser une réunion des dirigeants religieux du monde entier. Pour ces deux grands responsables, il ne s'agit, ni d'un conflit de civilisations, ni de guerre de religions. Par contre, nous assistons à une guerre contre la religion musulmane. Qui ne date, malheureusement, pas d'aujourd'hui. Déjà, dans les années 1950, d'innombrables exemplaires de livres contrefaits du Saint Coran avaient circulé, à travers le monde. Beaucoup de théologiens avaient dénoncé, en son temps, le phénomène. On comprend mieux, avec le recul, l'intention des faussaires. Il faut se rappeler, aussi, qu'il y a, seulement, quelques années, les médias occidentaux défendaient le port du voile. Même à l'école. L'objectif était de le répandre, pour mieux le dénoncer, comme c'est le cas, aujourd'hui. Grâce à l'Internet, les ennemis de l'Islam sont passés à son instrumentalisation, à l'échelle planétaire. Al-Qaïda, GIA, Gspc, Al Qaïda au Maghreb islamique, (Aqmi), Boko Haram, Daesh, Ansar, on ne sait plus quoi, une multitude de sigles ont jailli, pour désigner l'Islam, comme l'ennemi de l'humanité. L'étrange, dans cette affaire d'atteinte à l'Islam, à grande échelle, est le fait que personne n'a l'air de se rendre compte que les principales victimes de ce terrorisme dit «islamique» sont musulmanes. Que ce même terrorisme brûle toutes les mosquées, sur son passage. Que ce même terrorisme n'a jamais fait allusion au calvaire des Palestiniens, au plus fort des atrocités à Ghaza. Que ce même terrorisme frappe au Sinaï, en Irak, en Syrie, au Liban. Autour d'Israël, mais jamais, à l'intérieur. Ce pays est, d'ailleurs, absent de tous les «communiqués islamistes». Alors que ce même terrorisme décapite, également, des Chrétiens? Que faut-il de plus que ces «grosses ficelles», pour se rendre compte que l'Islam est instrumentalisé?