Une trentaine de personnes ont été tuées, et une centaine d’autres, blessées, dans une explosion, qui a secoué un centre culturel, à Suruç, une ville turque, non loin de Kobané.
La ville de Suruç, à la frontière turco-syrienne, a été frappée, hier, par un attentat. Près de 300 membres de la Fédération des associations des jeunes socialistes se trouvaient, dans les jardins du centre culturel d'Amara. Ils étaient venus de plusieurs régions de Turquie, avec un seul objectif : passer la frontière, pour aider à la reconstruction de Kobané, la ville martyre, si durement touchée, lors du siège, mené par l’organisation terroriste Daech. Cette explosion de puissante intensité a provoqué une vague de panique et d’inquiétude, dans la société turque. Un représentant du Parti de la Justice et du Développement, au Parlement turc, a déclaré que, si cette explosion a été perpétrée par Daech, Suruç ne sera pas la seule victime, et la Turquie s’enfoncera, dans une crise, semblable à celle de la Syrie. Le Premier ministre, par intérim, de la Turquie, Ahmet Davutoglu, a montré du doigt le groupe takfiri de Daech, le considérant comme responsable de cet attentat terroriste. Aucun groupe n’a, encore, revendiqué cet attentat, mais Davutoglu a profité de cette occasion, pour dire que le gouvernement qu’il dirigeait, considérait, toujours, le groupe Daech, comme un groupe terroriste, et qu’il ne cesserait de le combattre. Apparemment, cette allégation n’a pas, encore, été acceptée par une large partie de la population turque, car peu après l’explosion survenue à Suruç, les Turcs se sont rassemblés, dans les rues d’Istanbul, en scandant des slogans contre le gouvernement, le considérant comme responsable de la récente explosion, à Suruç. Les protestataires ont fait allusion aux preuves et aux documents montrant les soutiens directs et indirects d’Ankara au groupe terroriste de Daech, et ont déclaré que le soutien à un groupe terroriste peut toucher le sponsor, lui-même. Cette explosion de puissante intensité, condamnée par le secrétaire général des Nations unies et certains pays étrangers, a soulevé l'inquiétude d'Ankara, quant aux menaces de Daech. A cette occasion, Davutoglu a appelé les Turcs à se mobiliser et les a mis en garde contre l’instabilité et l’insécurité, qui envahiront le pays, en cas de la formation d’un gouvernement de coalition faible. En outre, l’explosion de Suruç permet au gouvernement turc de briser, en quelque sorte, les blocages psychologiques contre une intervention militaire, en Syrie. Ankara s’attendait à ce que l’armée turque fasse preuve de dynamisme, pour soutenir la soi-disant Armée Syrienne Libre, (ASL), qui combat le gouvernement syrien et les forces kurdes, présentes en Turquie, tandis que l’armée a montré son peu d'engouement pour une quelconque intervention, en Syrie. On dit même que le gouvernement turc avait demandé à l’armée d’avoir recours à son artillerie, à longue portée, pour attaquer les cibles se trouvant en profondeur du sol syrien, et cela, sous prétexte de la lutte contre les groupes extrémistes. Plus loin, même, le journal "Hürryyet", qui paraît, en Turquie, a révélé que le Président Erdogan réclamait l’intervention militaire de l’armée, en Syrie, une demande, rejetée jusqu’ici, par l’armée turque. A présent, l’attentat terroriste de Suruç, perpétré, d’après les autorités turques, par le groupe terroriste Daech, fournira à Ankara un bon prétexte, pour pouvoir s’ingérer, militairement, en Syrie. Cependant, nombreux sont les Turcs, qui considèrent l’origine des problèmes de la Turquie, dans la négligence d’un seul mot d’ordre : «Paix à la maison, paix dans le monde». Cela dit, les Turcs pensent que leur pays sera à l’abri de la crise, si les autorités d’Ankara s’abstiennent de s’ingérer, dans les affaires intérieures des autres pays, et cessent de soutenir les groupes terroristes, en Syrie.
Turquie : à qui profite l’explosion de Suruç
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