L'Islam refuse de considérer l'argent, son accumulation et son accroissement, comme un but en soi:
Pour débarrasser l'homme de cette conception et lui en extirper les racines psychologiques, l'Islam a refusé de considérer l'argent, son accumulation et son accroissement, comme un but en soi. Il lui a dénié tout pouvoir d'assurer à l'homme la pérennité et de lui accorder une existence réelle plus large:
«Malheur au calomniateur acerbe qui amasse les richesses et les garde pour l'avenir. Il s'imagine que ses trésors le feront vivre éternellement. Assurément, il sera précipité dans al-Hotama. Qui te dira ce qu 'est al-Hotama? C'est le feu de Dieu, le feu allumé, qui dévore jusqu'aux entrailles».
(Coran 104 versets 1-5).
«Le désir d'augmenter vos richesses vous préoccupe. Jusqu'au moment où vous descendez dans la tombe. Mais sous peu vous saurez! Mais oui, sous peu vous saurez! Ah! Si vous aviez la science certaine! Vous verrez l'enfer. Vous le verrez de vos propres yeux». (Coran 102 versets 1-7)
«Annonce un châtiment douloureux à ceux qui amassent l'or et l'argent, et ne le dépensent point dans le chemin de Dieu. Le jour où le feu de la géhenne sera allumé sur leurs têtes, des marques brûlant seront imprimées avec cet or et cet argent sur leurs fronts, sur leurs flancs et sur leurs reins; et on leur dira: voici ce que vous avez amassé».
(Coran, 9 verset 34).
L'Islam ne s'est pas contenté de désapprouver les buts des jahilites et leurs valeurs relatives à la vie, mais il a désigné le but qu'on doit poursuivre.
Dieu dit:
«Béni soit Celui dans la main de qui est l'Empire, et qui est Tout-Puissant. C'est Lui qui a créé la mort et la vie pour voir qui de vous agira le mieux. Il est Puissant et Miséricordieux». (Coran 67 verset 1).
Au lieu «du plus riche», et «de la richesse la plus pérenne», Dieu a proposé «la meilleur action» comme idéal suprême et objectif premier. Dieu a incité la communauté humaine que les prophètes avaient éduquée, à orienter sa compétition vers ce but et sa concurrence vers la bonne action:
«C'est pour cela que les gens fassent la concurrence». (Coran 83 verset 26)
Pour que ce nouveau but soit fondé sur une base «réaliste» et solide, l'Islam a présenté une nouvelle vision de la vie en la liant à un monde sensoriellement invisible. Au lieu de l'argent et de la fortune, il a mis l'accent sur la pérennité de l'action dans ce monde invisible, sur ses effets dans les profondeurs de l'âme de l'homme travailleur et sur sa cristallisation à la fin, de la façon dont sont organisées les actions dans le monde de la vérité.
De la sorte, il a donné à l'homme le sentiment que sa pérennité et son éternité se réalisent par la bonne action et non pas par l'accumulation de la fortune ni par la thésaurisation de l'argent.
Il lui a fait changer sa conception concernant l'investissement du travail dans le chemin de Dieu: au lieu de considérer cet investissement comme une dissipation de son existence et une aventure dans laquelle il risquerait son avenir et sa continuité, ou tout au moins comme un don sans contrepartie, il le conçoit comme une garantie de sa pérennité, comme un don qui sera compensé et comme un commerce susceptible de se développer et de l'enrichir spirituellement, et d'assurer son avenir:
«Tout ce que vous donnerez en aumône, Il (Dieu) vous le rendra». (Coran 34 verset 39)
«Celui qui se présentera avec une bonne action recevra en récompense dis fois autant». (Coran 5 verset 160)
«Si vous faites à Dieu un prêt généreux, Il vous paiera le double». (Coran 64 verset 17)
«Ceux qui dépensent leurs biens dans le chemin de Dieu sont semblables à un graine qui produit sept épis, et chaque épi contient cent grains. Dieu accorde le double à qui Il veut. Dieu est Présent partout et Il sait». (Coran 2 verset 261)
C'est là, la face sociale révolutionnaire de «Al Mi'âd» (la Résurrection), cinquième fondement de l'Islam.
En effet, le Mi'âd joue au niveau de la révolution sociale des prophètes un rôle essentiel en sa qualité de fondement réaliste des objectifs et valeurs que l'homme sain, qui suit le modèle des prophètes, adopte dans la vie.
Sachant que le Prophète (pslf) est le porteur de la révolution et son Messager envoyé par Dieu et que l'Imamat au sens de Tutelle est une transition à travers laquelle le ciel continue à patronner cette révolution jusqu'à ce que l'Umma se hisse au niveau de la maturité révolutionnaire requise, nous pouvons constater dès lors, très clairement, que les cinq fondements qui représentent, sur le plan doctrinal, l'essence de l'Islam et le contenu fondamental du Message céleste, représentent en même temps - par leurs aspects sociaux et sur le plan de la révolution sociale conduite par les prophètes, la vision intégrale des bases de cette révolution, et trace à la marche de l'humanité les aspect de sa «Khilâfa* sur la Terre».
***Khalîfah: l'homme en tant que représentant de Dieu sur terre.