Après la visite du ministre indien des Affaires étrangères à Téhéran et la remise du message du Premier ministre indien au président élu, certains experts estiment que compte tenu de la vision stratégique de l’Inde à l’égard de l'Iran, si le statut du plan global d’action conjointe (PGAC) est déterminé, New Delhi restera toujours un demandeur du pétrole iranien.
Après que l'ayatollah Seyyed Ibrahim Raïssi a été élu huitième président de la RII au 13e round du scrutin présidentiel avec 18 millions 21 mille 945 voix, des responsables de nombreux pays dont le Premier ministre et le président de l'Inde, lui ont présenté des félicitations dans des messages séparés.
A cette occasion, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a écrit le 20 juin dans un message Twitter :
Félicitations à Son Excellence Ibrahim Raïssi pour sa victoire à la présidentielle iranienne. Je chercherai à travailler avec lui pour renforcer davantage les relations chaleureuses entre l'Iran et l'Inde.
Au lendemain de la victoire de Raïssi, le président indien, Ram Nath Kovind, a également écrit sur Twitter :
Bienvenue à Son Excellence Ibrahim Raïssi qui sera le prochain président de la République islamique d'Iran. Je suis convaincu que nos relations bilatérales étroites et chaleureuses continueront de se développer sous votre présidence.
Le 7 juillet, les médias indiens ont par ailleurs fait référence à un escale de quelques heures du ministre indien des Affaires étrangères à Téhéran avant de se rendre à Moscou. Des médis ont annoncé que le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar portait un message écrit de Narendra Modi à l’adresse du président élu Ibrahim Raïssi.
C'est après cela que « le ministre adjoint des Affaires étrangères et directeur général du département de l'Asie du Sud auprès du ministère des Affaires étrangèresn Seyed Rassoul Moussaoui a fait part dans un tweet de l'arrivée du ministre indien des Affaires étrangères à Téhéran, en précisant : « Le ministre indien des Affaires étrangères aura une réunion très importante dans son court séjour à Téhéran. Je suis convaincu que cette rencontre sera une base fondamentale pour les relations Iran-Inde pendant la présidence de l'ayatollah Raïssi. »
A Téhéran, Jaishankar s’est entretenu avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif. Outre les questions bilatérales d'intérêt mutuel, les deux parties ont évoqué les derniers développements dans la région et la situation en Afghanistan, les perspectives des pourparlers de Vienne sur l’accord nucléaire iranien, la coopération dans les transports et les communications, y compris la coopération dans le projet du port de Chabahar, qui peuvent contribuer à promouvoir l'intégration dans la région.
Le ministre indien des Affaires étrangères a ensuite rencontré l'ayatollah Raïssi. « La stabilité des relations entre les deux pays, notamment dans le domaine économique, dépend exclusivement des critères uniquement basés sur les intérêts propores et communs de Téhéran et de New Delhi », a pour sa part déclaré le président élu lors de la rencontre avec le ministre indien des Affaires étrangères.
Jaishinkar a par ailleurs informé l’Ayatollah Raïssi de l'invitation officielle du Premier ministre indien à se rendre en Inde en tant que nouveau président iranien en pécisant: « Dans son message à votre adresse, le Premier ministre a exprimé son espoir que les relations solides entre l'Iran et l'Inde continuent de croître et de s'étendre durant votre mandat. »
India Today a rapporté plus tard que l'Inde avait donné une réponse positive à l'invitation de l'Iran pour la participation à la cérémonie de l'investiture du président élu de la RII.
Pour les relations actuelles Iran-Inde
Auapravant, l'Inde était l'un des principaux demandeurs de pétrole iranien, mais après l'annulation des exemptions pétrolières américaines en mai 2019 et un an après le retrait des États-Unis du PGAC, elle a cessé d'importer du pétrole d'Iran sous les pressions américaines et l’a remplacé par le brut mexicain. En revanche, elle [l'Inde] a signé des contrats pétroliers avec certaines compagnies pétrolières américaines.
A l’heure actuelle, l'un des projets conjoints les plus importants de l'Iran et de l'Inde se trouve dans le port de Chabahar, un port qui a échappé aux sanctions américaines. Il s’agit d’un protocole d'accord de 500 millions de dollars pour le développement du port de Chabahar et l'investissement dans la construction du chemin de fer, ainsi qu'un accord tripartite entre l'Iran, l'Inde et l'Afghanistan pour la construction d'un corridor international de Chabahar à l'Afghanistan.
« La vision l'Inde sur l'Iran est stratégique » (Expert du Sous-continent indien)
En ce qui concerne la visite du ministre indien des Affaires étrangères et l'avenir des relations Téhéran-New Delhi dans le 13e gouvernement, l'analyste des questions sous-continentales, Pir Mohammad Mollazehi, a déclaré : « La réalité est que l’approche indienne envers l’Iran s’inscrit dans le cadre de l'accord trilatéral entre l'Iran, l'Afghanistan et l'Inde sur le couloir devant connecter le port de Chabahar à l'Afghanistan et à l'Asie centrale; sans oublier l'accord sur le couloir trilatéral nord-sud entre l'Iran, l'Inde et la Russie à Saint-Pétersbourg. »
Concernant le non-achat du pétrole iranien par l'Inde après le retrait des États-Unis de l’accord sur le programme nucléaire iranien, l’expert a souligné : « Il me semble quelque peu compréhensible que les compagnies pétrolières indiennes n'aient pas pu acheter du pétrole iranien comme elles s'y attendaient après les sanctions de Trump et les mesures d'austérité. Parce que les compagnies pétrolières indiennes travaillent avec des compagnies pétrolières américaines et européennes et leurs intérêts exigeaient qu'à ce moment-là elles n’achètent plus du pétrole iranien et qu'elles se tournent vers les pays arabes. »
Et de poursuivre : « Mais dans un moment où leurs intérêts l'exigeaient, ils ont forcé et même encouragé Donald Trump à exempter Chabahar des sanctions. Le fait est que Chabahar a été le seul endroit où les Américains ont échoué à imposer leurs punitions économiques; à cause de l'influence des Indiens et de leurs lobbies. Et les Indiens ont réussi à persuader Trump d'exclure Chabahar. »
« Les calculs de l'Inde sont encore assez précis, et à cet égard il s’agit de la concurrence entre la Chine et l'Inde d'une part, et de l’autre la rivalité entre l'Inde et le Pakistan. C'est pourquoi, contrairement au message de félicitations habituel du président, les Indiens, en plus de leur message de félicitations, ils ont envoyé leur ministre des Affaires étrangères en Iran pour rencontrer le président élu de la RII.
Les relations Iran-Inde progressent raisonnablement
Pour ce qui concerne les relations entre Téhéran et New Delhi dans le prochain gouvernement iranien, Mollazehi a déclaré : « J'ai l'impression que les relations se dérouleront de manière raisonnable et que l'Iran cherche également à étendre ses relations avec l'Inde. »
« Bien que l'Iran ait, précise l’expert iranien, une position anti-américaine et que les Indiens soient en contact avec les Américains, les Indiens pourraient à l'avenir être en mesure de servir de médiateur entre l'Iran et les États-Unis ».
«Dès maintenant, il est dans l'intérêt de l'Iran d'étendre sa coopération avec l'Inde ; celui-ci jouera désormais un rôle important dans les équations régionales et internationales », conclut l’analyste iranien.
1ère phase du plan du transfert du brut Goreh –Jask
Le préfet d'Hormozgan, Fereydoun Hemmati, a annoncé que la première phase du plan stratégique pour le transfert de pétrole brut Goreh-Jask sera inaugurée ce jeudi, sur ordre du président Hassan Rohani, par visioconférence.
« En inaugurant la première phase de ce projet, il sera possible de recevoir et charger la première cargaison et exporter du pétrole », a-t-il indiqué.
300 000 barils de pétrole brut seront exportés quotidiennement de Goreh en direction de Jask.
Le préfet d'Hormozgan a évoqué les travaux d’exploitation de cette première phase du projet national en expliquant : « Pour la première fois dans le pays, mille kilomètres de tuyaux résistant à la corrosion ont été produits par des ingénieurs locaux. La réalisation de la canalisation, la construction d'une station de pompage, la construction de deux stations équipées de dispositif d’introduction et de réception de pistons racleurs (pig en anglais) et de 230 kilomètres de ligne de transport d'électricité, la construction interne de 80 vannes de plusieurs tonnes, la construction de grands pompes de 2,5 MW compatible au transfert du gaz acide pour la première fois en Iran, la construction d'un terminal d'exportation et d'un ballon flottant pour charger le pétrole brut depuis les côtes de Makran, ont fait partie au programme de la concrétisation de ce plan stratégique. »
Il convient de mentionner que ce projet a une capacité d'un million de barils de pétrole brut par jour, par un pipeline d'une longueur de mille kilomètres. Il comprend aussi cinq stations de pompage, un terminal, 20 réservoirs de 500 000 barils chacun et des installations offshore pour les exportations de pétrole brut.