Le commandant en chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah Al-Burhan, a affirmé que son pays restait engagé à construire une base navale russe au Soudan. Al-Burhan a déclaré, lundi 1er novembre, à l’agence de presse russe Sputnik, que son pays avait un accord avec la Russie, comprenant notamment la création d’une base navale [russe] à Port-Soudan.
« Nous en parlons constamment, et nous avons quelques observations que nous devons retirer, avant de procéder à la mise en œuvre de cet accord », a-t-il lancé sans plus de précisions.
Et Al-Burhan d’ajouter : « Nous sommes attachés aux accords internationaux et nous continuerons à mettre en œuvre l’accord (avec la Russie) jusqu’à la fin. »
Dans le même contexte, le responsable soudanais a indiqué que la coopération du Soudan avec la Russie date d'il y a longtemps et n’a jamais connu d’interruption. Le haut gradé militaire soudanais a tenu à remercier Moscou pour son « honnêteté » dans ses relations avec Khartoum, et pour ses efforts afin de renforcer la coopération bilatérale et consolider les forces armées soudanaises.
Al-Burhan qui est également le chef du Conseil militaire transitoire soudanais a aussi fait part de la création, dans un proche avenir, du nouveau gouvernement de son pays. Cette décision a été prise après la mise en liberté d’Ibrahim Ghandour, ancien ministre des Affaires étrangères qui dirigeait également le Parti du Congrès national avant qu’il ne soit dissous. En effet, plusieurs anciens diplomates ou officiers des renseignements soudanais ont été libérés.
Il y a quelques mois, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a discuté avec son homologue soudanaise, Mariam al-Mahdi, de la conclusion d’un accord entre les deux pays, suite à quoi Moscou a annoncé avoir lancé le processus habituel pour faire adopter cette décision par son appareil législatif. Sur ce fond, le chef du Conseil transitoire militaire soudanais a annoncé que le Soudan aussi préparait le processus de ratification de cet accord au sein du Parlement.
Le président russe Vladimir Poutine a précédemment envoyé à la Douma, chambre basse de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, l’avant-projet d’un accord sur l’élargissement de la présence militaire russe en Afrique, ainsi que sur la construction d’une base navale au Soudan.
Le projet qui au départ avait provoqué l’opposition quelque peu diplomatique de Khartoum reconnaît à la partie russe le droit à l’utilisation d’un centre d’opérations logistique, à condition que le nombre des soldats russes déployés au Soudan ne dépasse pas le plafond des 300 personnes, et que pas plus de quatre avions de chasse russes ne soient déployés en même temps sur cette base.
L’accord russo-soudanais est conçu pour une durée de 25 ans, avec une possibilité de reconduction.
Le vice-ministre russe de la Défense a été chargé, par le président Poutine, de poursuivre la tâche et faire adopter l’accord aux deux chambres de l’Assemblée, à savoir la chambre basse (la Douma d’État) et la chambre haute, (le Conseil de la Fédération). Le 9 décembre 2020, Moscou a publié l'avant-texte d'un accord avec Khartoum pour émtablir une base d'approvisionnement et de maintenance pour la marine russe sur la côte de la mer Rouge.
Il conviendrait de préciser qu’au Soudan, le refus d’entrer dans un conflit avec son voisin éthiopien, le refus d’installer une représentation diplomatique de l’entité israélienne, rejet de l’adhésion d’Israël en tant qu’observateur au sein de l’Union africaine, ont fait que le pays s’est attiré ces derniers mois les foudres de l’axe US-Israël. Et maintenant, le Soudan en paie le prix fort !
Des membres du gouvernement de transition du Soudan et d’autres dirigeants civils ont été arrêtés, alors que des informations faisaient état d’un coup d'État militaire.
Le Premier ministre Abdallah Hamdok faisait partie des personnes qui auraient été assignées à résidence par des soldats non identifiés.
L’armée n’a pas fait de commentaire, mais les groupes pro-démocratie ont appelé à des manifestations de rue.
Les dirigeants militaires et civils sont en désaccord depuis que le dirigeant Omar el-Béchir a été renversé il y a deux ans et qu’un gouvernement de transition a été mis en place. On ne sait toujours pas exactement qui est à l'origine des arrestations. Une déclaration du ministère de l’Information sur les réseaux sociaux indique pourtant que les arrestations ont été effectuées par des « forces militaires conjointes » et que les personnes arrêtées sont détenues dans « un lieu non identifié ».
Après la soi-disant tentative de coup d’État militaire qui a déposé le Premier ministre Abdallah Hamdok, le général Abdel Fattah al-Burhan en a mis la responsabilité sur le compte des civils, en raison de leur division. Il a expliqué que les divisions politiques qui ont dominé la période précédente menaçaient la sécurité du pays. Il a également évoqué l’ancien Premier ministre Abdallah Hamdok : « Il est chez moi, je mange, veille avec lui. Nous l’avons sorti de sa maison pour préserver sa sécurité. » Des journalistes pourraient bientôt, selon lui, aller le voir et lui poser des questions.
Le général Abdel Fattah al-Burhan a alors affirmé son attachement à la charte constitutionnelle, alors que plusieurs mesures de cette charte ont été suspendues lundi. Il a révélé que le conseil souverain sera désormais formé de membres civils venant de différents États du Soudan en plus des membres militaires. « Ces civils seront nommés après discussion avec les responsables de chaque État ».
Pour sa part, la Russie a estimé que ce qui s’est passé au Soudan pourrait être un transfert de pouvoir et non un coup d'État militaire.