S.Nasrallah:Vaincre Daesh, outil américain et menace existentielle,est possible

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S.Nasrallah:Vaincre Daesh, outil américain et menace existentielle,est possible

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a assuré que les Américains sont derrière la création des groupes terroristes dans la région dans le but d’effriter les pays arabes et de réaliser leur projet ultime. Un projet qui n’a pas pu être réalisé par les offensives israéliennes.

Dans une allocution télévisée de presque de deux heures prononcée ce vendredi soir sur la chaine de télévision libanaise almanar à l’occasion de la victoire de juillet en 2006, Sayed Nasrallah a mis en garde contre la minimisation du danger des takfiris qui veulent éliminer tout le monde, à commencer par les sunnites.

Selon lui, combattre les groupes terroristes est possible à condition de la mise en place d’une politique nationale et de réaliser qu’il s’agit d’un danger existentiel. Il a mis en garde contre l’adoption de choix qui ne mènent nulle part dans la lutte contre Daesh, l’appellation arabe de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Voici les idées principales du discours prononcé par Sayed Hassan Nasrallah:

Nous tenons aujourd’hui ce discours pour commémorer l’histoire de la fermeté, de l’héroïsme, et de la ténacité à une époque cruciale et importante. Nous renouvelons notre remerciement à Dieu pour la grande victoire de la résistance face aux complots qui menaçaient la région. Nous remercions Dieu pour ses innombrables grâces.

Et nos remerciements aux martyrs qui se sont sacrifiés pour nous assurer une vie digne, surtout au martyre Abou Mohammad Salmane qui a mené des combats héroïques à Aita Chaab. Paix et salut aux âmes des martyrs de l’armée et du peuple, salutation à tout blessé, à tout déplacé qui était certain de son retour à sa terre.

Salutation aux familles qui ont accueilli les déplacés lors de la guerre de juillet 2006. Salutation à tout dirigeant et président qui ont assumé leur responsabilité dans la réalisation de la victoire.

Salutation à tout pays ayant fourni l’aide nécessaire à cette résistance, surtout la République islamique en Iran et la Syrie. Nos salutations les plus distinctes à chaque combattant qui a combattu jusqu’au dernier souffle pour pousser l’ennemi à réclamer l’arrêt de la guerre, assurant ainsi la victoire de juillet.

Nous devons citer aussi les dirigeants martyrs de la résistance, hajj Imad Moughniyeh qui a joué un rôle primordial dans cette bataille, et le fondateur de la résistance Sayed Moussa as-Sadr.

La guerre de juillet à dimensions multiples

Beaucoup a été dit sur la guerre de juillet. Des livres et des études ont été rédigés tant par l’ennemi que par les amis pour en tirer les leçons. Cette guerre n’était pas une simple guerre, mais une véritable bataille aux dimensions historiques et politiques. Une guerre qui dépasse les frontières du Liban et de la Palestine. Condolezza Rice avait parlé d’un nouveau Moyen-Orient. Donc, c’était une guerre régionale voire internationale.

Après la fin de la guerre, chaque personne qui était au courant de son déroulement dans les milieux américains et israéliens s’est penchée sur la question. Des penseurs américains ont dit que la guerre de juillet était un épisode du feuilleton de l’élimination définitive de la résistance au Liban. On ne cherchait pas le désarmement de cette résistance, mais plutôt à l’écraser, à en finir avec.

Ils ont préparé un plan pour liquider les dirigeants de la résistance et ont réservé des colonies au nord de la Palestine pour y détenir des milliers de combattants.

Projet de domination américaine

Ce projet était mis en place après l’occupation américaine de l’Irak. George Bush et son administration voulaient décapiter la résistance au Liban, en Palestine et le régime en Syrie avant même 2006. Il voulait se présenter au public américain comme étant le président qui a vaincu le terrorisme international pour être ensuite réélu. Et après ces exploits attendus, l’administration américaine comptait déclencher une guerre contre l’Iran.

Le premier objectif des Etats-Unis est de mettre la main sur toutes les ressources pétrolières et gazières dans la région.

Le deuxième objectif est de liquider la cause palestinienne et d’imposer un processus de paix sur les Israéliens. Israël était chargé d’éliminer la résistance au Liban et en Palestine. Mais la ténacité légendaire de la résistance au Liban a saboté ce projet.

Donc, les combats sur le terrain ont poussé les Israéliens à réclamer un cessez-le-feu, comme ce fut le cas à Gaza. Des dirigeants arabes participant aux pourparlers à New York confirment que la ténacité de la résistance, du peuple libanais et la ténacité politique officielle libanaise ont poussé la communauté internationale à mettre fin à l’agression israélienne.

Echec des objectifs de la guerre de juillet

Quels furent les résultats de la guerre de 2006?

1- L’infrastructure de la résistance s’est renforcée.

2- La guerre n’a pas frappé la Syrie

3- La guerre contre Gaza a été reportée pour après 2006.

4- La résistance en Irak contre l’occupant américain s’est renforcée.

5- Echec des néo-conservateurs aux élections américaines.

Changement de tactique américaine

Toutefois, la politique américaine belliqueuse dans la région demeure en vigueur. Si les Américains échouent à réaliser leurs objectifs ils changent de politique, de tactique.

Il est donc nécessaire d’évoquer l’importance de l’exploit politique, historique, moral, humanitaire… réalisé au Liban en 2006, et d’assurer que nous sommes capables de mettre en échec tout projet et tout complot contre notre région.

Après 2001, les Américains étaient à l’apogée de leur force. En contrepartie, le monde soviétique et arabe était très faible. Du Liban, en Palestine, à l’Irak, et en Syrie, ce sont les groupes de résistance qui ont avorté les projets américains, et ils sont toujours capables de le faire.

Aujourd’hui, ce qui s’est passé à Gaza a entrainé la région arabe dans une nouvelle situation. Une nouvelle voie sera donc suivie par les ennemis pour réaliser leurs objectifs. Leur nouvelle tactique est d’imposer un processus de paix aux Palestiniens.

Par le passé, les Américains ont mené des guerres contre l’Irak et mis la main sur le Golfe, et les Israéliens lançaient des offensives contre les pays frontaliers.

La voie de la destruction des pays

Aujourd’hui, deux facteurs sont exploités dans la nouvelle voie adoptée par les Américains, et je parle tout franchement :

Cette nouvelle voie est plus difficile et plus dangereuse. Ce n’est plus question de renverser un régime et de mettre en place un autre. Cette nouvelle voie américano-israélienne est celle de la destruction et de l’effritement de pays, des armées et des entités. L’ennemi cherche à dessiner une nouvelle carte dans la région sur les ruines de pays, des peuples et des sociétés de la région.

Ils veulent parvenir à leur objectif en semant la terreur et la confusion, en déchiquetant les corps des populations. L’ennemi cherche à nous pousser à fléchir pour quémander une solution. Face aux nouvelles conditions difficiles, les Etats-Unis deviendront aux yeux de ces peuples le sauveur et le dernier salut pour la région.

Le courant takifiri représenté notamment par Daesh (Etat islamique en Irak et au Levat) est une menace pour tous.

Vaincre Daesh est possible

Pourrions-nous vaincre cette nouvelle voie ? Oui, je dis à tous les peuples de la région que nous sommes capables d’avorter cette nouvelle voie, comme nous l’avons fait avec la précédente.

1- Nous devons réaliser et croire qu’il existe une menace existentielle contre nous tous et réaliser les dimensions de ce danger. Nous ne devons pas minimiser le danger qui nous menace et préparer les moyens pour y faire face. Nous ne devons pas toutefois exagérer cette menace.

2- Nous devons chercher comment faire face à cette menace par des moyens réels et sérieux, sans recourir à des choix qui ont déjà été inefficaces. Nous devons dresser un plan et partir pour éliminer la menace.

Ne pas minimiser le danger.. ni l'exagérer

Depuis 1948, nous avons connu une expérience dure à travers le projet israélien et l’expansion sioniste. Lorsque les Israéliens ont commencé à chercher des familles juives pour mettre en place un Etat en Palestine. Beaucoup d’arabes ont minimisé la portée de cette mesure sioniste. Dès le début, ces familles ont été réparties de façon à remplir des fonctions militaires et sécuritaires. Rien ne fut gratuit. La majorité écrasante des arabes ne prêtaient pas attention à ce qui se passe. Ensuite, l’Entité sioniste a été mise en place.

Même en 1967, des Arabes démentaient qu’Israël avait des projets expansionnistes et disaient que les Israéliens menaient une guerre préventive. Aujourd’hui, Israël est devenu un Etat usurpateur, expansionniste, hégémonique qui lance des guerres et des offensives et va ensuite réclamer un cessez-le-feu de la communauté internationale.

Certains arabes ont misé toujours sur l’intervention internationale, sur l’attente d’une politique arabe. Ils ont dû attendre plusieurs décennies et la solution n’a toujours pas été trouvée.

Ne pas miser sur l’extérieur

Donc, le fait de miser sur la communauté internationale n’a mené nulle part.

Seule la lutte armée a démontré qu’elle était le bon choix. Après que le peuple palestinien a été chassé de sa terre, il fallait que les peuples arabes se mobilisaient, formaient des brigades et commençaient la lutte contre l’occupant.

Les mouvements de résistance au Liban et en Palestine ont assuré les avancées et les victoires contre l’ennemi.

Parmi les théories proposées par certains arabes, fut de former un lobby arabe qui rivalise avec le lobby sioniste aux Etats-Unis. C’est de la pure illusion.

Malgré tous les sacrifices, les Palestiniens ont réalisé que la résistance est le meilleur choix pour saboter le projet sioniste.

Daesh…une menace existentielle

Passons au deuxième modèle actuel. Mettons de côté les événements survenus ces trois dernières années, et les différends sur la politique à adopter, venons chercher comment affronter ce danger réel qui nous menace tous. Aujourd’hui, l’organisation de Daesh occupe de larges pans en Irak et en Syrie. Ce groupe est devenu tout un pays qui contrôle des ressources pétrolières et des barrages aquatiques. Il possède des quantités incommensurables d’armes et de munitions. Daesh vend du pétrole et commercialise avec plusieurs pays. On pose ici plusieurs points d’interrogation.

Daesh a commis des massacres, tué des détenus, liquidé des gens qui ne sont pas en relation avec ce qui se passe en Syrie, il s’est entretué avec le front al-nosra et d’autres groupes armés à Alep, Idleb, Deir Ezzor.

En Irak aussi, Daesh tue et égorge quiconque diffère avec lui sur le plan religieux ou politique. L’objectif est de semer la terreur. Les massacres ont été commis en principe par Daesh contre les sunnites, qui sont à ses yeux des apostats. Dans la dernière guerre contre les kurdes, plus d’un million de sunnites ont été déplacés. Daesh n’épargne personne. Il tue les arabes, les kurdes, les turkmènes. Il détruit les mosquées, les églises, les sanctuaires. Ce comportement n’a rien à voir avec l’Islam du prophète Mohammad.

Daesh constitue une menace sérieuse et possède des partisans parmi les adeptes de cet esprit takfiri qui égorge les gens. C’est complètement contraire au véritable islam du prophète Mohammad. Celui qui nie cette menace n’est pas apte à diriger les affaires de sa famille, comment alors dirige-t-il sa communauté ?

Soutien extérieur à Daesh

Des pays arabes et occidentaux ont soutenu Daesh, les Américains ont ouvert la porte à cette organisation. J’appelle tout Libanais, Syrien, Palestinien et tout arabe du Golfe à mettre de côté les calculs personnels et à réfléchir comment faire face à ce danger qui menace les sunnites, les chiites, les druzes, les chrétiens, les Yazidis et autres.

Que personne ne prétende qu’il s’agit d’une guerre confessionnelle dans la région. C’est la guerre de l’esprit takfiri de Daesh contre l’Autre. Daesh cherche à tout éliminer et à tuer tout le monde, tout en filmant ses massacres pour semer le maximum de la terreur dans les rangs des populations. Sachant qu'une bonne part des raisons de l'avancée de Daesh est médiatique.

Combattre Daesh

Que faire donc? Comment agir? Allons-nous par exemple demander l’aide étrangère ? où est la communauté internationale ? Quand Daesh a envahi Mossoul, Ninive, Salahedine et Diyala, la communauté internationale et l’administration US n’ont pas agi.

Que les chrétiens du Liban sachent qu’au cas d’une menace contre vous, les Etats-Unis feront ce que la France a fait avec les chrétiens de l’Irak. La France a ouvert ses portes aux réfugiés chrétiens.

C’est seulement lorsque Daesh est devenu proche d’Erbil, ce Kurdistan qui signifie beaucoup de choses aux Américains et aux Israéliens, que la communauté internationale s’est mobilisée.

Attendez-vous une action de ceux-ci? Ou bien de la Ligue arabe? Attendez-vous une unanimité nationale pour faire face à ce danger? Comment donc éliminer ce danger?

Les peuples de la région sont concernés par la lutte contre Daesh. Nous, en tant que Libanais, devons admettre que cette menace est imminente. D’un jour à l’autre, la situation en Irak a changé. Daesh est une menace pour l’Irak et la Syrie, mais aussi un danger pour tous les autres pays de la région.

Le retrait du Hezbollah: prétexte illogique

Une question sérieuse est posée actuellement. Certains disent que la solution réside dans le retrait du Hezbollah du Qalamoun et de Qousseir. Est-il vrai que la menace de Daesh sera éliminée si le Hezbollah se retire de la Syrie? Ceci protège-t-il réellement le Liban? Ce débat ne mène nulle part. Toute la région est en danger.

La responsabilité nationale incombe à nous tous de nous mobiliser pour protéger les régions libanaises.

Déploiement de la FINUL: demande inconvenable

D’aucuns proposent l’élargissement de la mise en œuvre de la résolution onusienne 1701. Après la guerre de juillet, la situation a changé avec Israël. Est-ce que ceci est vraiment dû à la FINUL et à la 1701 ? De qui vous vous moquez? Sachez que la FINUL a besoin de la protection de la population. Sont-ils capables de nous protéger?

Ce sont la résistance et l’armée qui protègent le Sud Liban. Comment croire que les forces onusiennes sont-elles capables d’assurer la protection de la Békaa et du Nord Liban?

Politique de distanciation: politique erronée

D’autres ont posé la politique de distanciation du Liban. Si Daesh arrive aux abords des régions libanaises, serons-nous à l’abri de ses frappes à cause de la politique de distanciation ? On complote contre l’armée libanaise dont des soldats sont enlevés par Daesh, et les autorités libanaises refusent de parler aux autorités syriennes. Juste parce qu’on applique la politique précitée.

Venons débattre des moyens nécessaires pour repousser ce danger.

La logique dit que lorsqu’un danger existentiel menace un pays ou une entité, la priorité devient alors la lutte contre ce danger, faute d’exposer le peuple au génocide.

Appel aux Libanais

J’appelle tous les Libanais à réaliser que votre pays est face à une menace existentielle. Pour y faire face, nous devons faire preuve du sérieux, de fidélité et de sacrifice.

Chercher les points de force pour repousser ce danger :

1- L’armée et les forces de sécurité libanaises : en principe, celles-ci doivent protéger la population. Le Hezbollah salue toute aide et offre à l’armée. Un soutien populaire, moral, financier est nécessaire pour donner plus de force à l’armée. L’Etat doit avant tout se mettre du côté de l’armée pour récupérer nos soldats enlevés. Chaque instant perdu dans l’affaire de l’enlèvement des soldats est une humiliation pour l’Etat libanais.

Nous devons rejeter toute accusation contre l’armée. Notre armée est pour tous les Libanais et a besoin de toute sorte d’aide et de soutien.

Ceci change considérablement l’équation.

2- Maintenir le gouvernement actuel qui est la seule institution active aujourd’hui. Ce gouvernement est l’un des facteurs de force.

3- Arrêt des provocations confessionnelles comme c’est le cas au sujet d’Ersal. Cessez d’attaquer le Hezbollah sur l’affaire d’Ersal. Quiconque mène une provocation confessionnelle au Liban doit être jugé, parce qu’elle est égale à l’effet des voitures piégées.

4- Les réconciliations régionales : le sort d’Ersal est celui de Baalbeck-Hermel. La population d’Ersal, de Labweh, de Nabi Othmane doivent se réconcilier. Ersal n’a rien à voir avec le front al-nosra et Daesh. D’autres réconciliations dans d’autres régions libanaises doivent avoir lieu.

5- Le traitement du dossier des déplacés syriens. Qu’attendent les Libanais ? le Liban et la Syrie doivent débattre des déplacés et de leur retour à leur pays. En Syrie, il existe plusieurs régions sures auxquelles les réfugiés peuvent rentrer.

6- Le traitement de la question des frontières libano-syrienne. Le danger menace tout le monde.

7- L’échéance présidentielle est importante parce que l’élection d’un président et la réactivation des institutions de l’Etat renforce le Liban face au danger. Cessez de chercher des médiations. Le camp du 8 mars possède un candidat et un seul, cessez de perdre du temps. Que personne n’attende une décision extérieure au sujet du président libanais.

8- Donner de l’importance aux questions vitales qui diminuent la tension dans le pays.

Nous ne quitterons jamais le Liban

Voici donc une liste d’idées proposées pour protéger le Liban, venons en débattre. Nous sommes prêts à nous sacrifier pour notre pays. C’est une bataille existentielle à laquelle nous sommes prêts. Si la résistance attendait une unanimité nationale, Israël aurait été au nord Liban.

Il est facile de vaincre Daesh. Le combat contre Israël est plus difficile. Nous sommes capables d’y faire face. Ce courant n’a pas d’avenir dans la région si les Irakiens, les Syriens, les Libanais et autres assument leur responsabilité.

A l’occasion de la victoire de juillet, j’appelle à une position nationale, institutionnelle, populaire… sachez que nous avons les moyens pour remporter la victoire contre Daesh.

Enfin, nous confirmons que si tout le monde manque à ses responsabilités le Hezbollah assumera toutes ses responsabilités. Nous sommes prêts à coopérer avec tous les partis libanais qui sont prêts à repousser cette menace.

Nous ne comptons pas plier bagage et quitter le Liban. C’est ici que nous sommes nés, et lorsque les circonstances nous appellent au combat nous sommes prêts à combattre. Et c’est seulement dans ce cas que nous sortirons victorieux.

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