Chute des cours du pétrole: le mécontentement monte en Azerbaïdjan

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Chute des cours du pétrole: le mécontentement monte en Azerbaïdjan
L'effondrement des cours du pétrole plonge l'Azerbaïdjan dans la crise et provoque des manifestations d'une rare ampleur pour cette ex-république soviétique du Caucase, où toute forme de contestation est réprimée par le pouvoir.
 Après avoir profité pendant des années d'une confortable manne pétrolière, le pays dirigé sans partage par le président Ilham Aliyev depuis douze ans a dû ces deux derniers mois dévaluer sa monnaie, annoncer des privatisations massives et introduire des contrôles des capitaux.

Face à la hausse des prix et du chômage, le mécontentement augmente et des heurts violents ont opposé depuis le début de l'année la police et des milliers de manifestants descendus dans la rue dans plusieurs villes.

Les forces envoyées par le gouvernement pour mettre fin aux troubles, notamment à Siazan (nord), ont eu recours aux gaz lacrymogène, canons à eau et balles en caoutchouc contre les manifestants qui leur jetaient des pierres.

Selon le parti d'opposition Musavat, une centaine de protestataires ont été arrêtés.

Les gens expriment leurs difficultés et le gouvernement répond par la violence, dénonce Isa Gambar, le dirigeant de ce mouvement. Le résultat, c'est que la contestation va prendre de l'ampleur et que la crise économique va se transformer en troubles politiques, prévient-il, interrogé par l'AFP.

Les exportations d'hydrocarbures représentent près de trois quarts des revenus de l'Etat. L'économie de l'Azerbaïdjan dépend donc étroitement des fluctuations des cours de l'énergie, qui ont plongé à leur plus bas niveau en 12 ans ces derniers jours.

Conséquence: le boom économique dont a bénéficié pendant plusieurs années le pays situé sur la mer Caspienne connaît un brusque coup d'arrêt.

- 'Mythe' de l'économie forte -

Après avoir dépensé plus de la moitié de ses réserves de devises étrangères pour la soutenir, la banque centrale a lâché son emprise sur la monnaie locale, le manat, qui a aussitôt perdu le tiers de sa valeur.

De nombreux Azerbaïdjanais se sont alors empressés de retirer leurs économies des banques, craignant qu'elles ne perdent toute valeur et fragilisant le secteur financier.

Cette dévaluation massive (la deuxième en un an) complique la vie des 2,5 millions d'Azerbaïdjanais, sur 9,5 millions, qui ont contracté des crédits immobiliers en dollars.

Je vais devoir payer à ma banque bien plus que prévu, bien plus que je peux me permettre, s'inquiète Arif Gasanov, un habitant de Bakou de 40 ans.

Selon les médias locaux, certains emprunteurs incapables de rembourser leurs crédits ont été jusqu'à s'immoler par le feu.

Conséquence immédiate de la dévaluation, l'inflation a été plus que multipliée par dix en décembre (4,4%) par rapport à novembre (0,4%). Les prix des produits alimentaires et des médicaments ont subi des hausses particulièrement fortes.

La population paye le prix de l'incompétence du gouvernement et de la corruption, dénonce Reyhan Ghafarova, une habitante de Bakou de 34 ans. Plus personne ne croit que l'économie est forte comme l'affirme le gouvernement, le mythe a éclaté comme une bulle de savon, confie-t-elle à l'AFP.
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