Le magazine américain Foreign Affairs publie un article qui parle de l’infiltration militaire et économique « sournoise » de la Russie en Afrique du Nord, alors que le monde a "les yeux virés sur l’ingérence russe aux États-Unis et en Europe".
Cette analyse est publiée alors que l'intervention militaire de l'Otan en 2011 en Libye a provoqué l'effondrement de l'État libyen et par là, l'extension du terrorisme à travers le monde. L'article ajoute :
"Moscou a déployé des forces spéciales et des drones dans la base militaire de Sidi Barrani située à l’ouest de l’Égypte afin de soutenir les forces du général renégat Khalifa Haftar en Libye. Il prévoit aussi d’installer en Égypte une centrale nucléaire et de lui octroyer 50 hélicoptères d’attaque Kamov Ka-52 Alligator d’ici la fin 2017 et plusieurs chasseurs-bombardiers Mig-29 en 2020."
Plus loin Foreign Affairs qui semble avoir oublié des siècles d'ingérences occidentales dans cette région et ses retombées politiques, économiques et géostratégiques pour ses populations, s'inquiète de la présence du pétrolier russe en Libye et écrit :
"Le président du géant énergétique russe Rosneft, proche de Vladimir Poutine, a rencontré en février le président de la compagnie de pétrole libyenne et conclu un accord dans le secteur de l’énergie. Par ailleurs, en 2016, après la suspension de la liaison aérienne de la Russie vers l’Égypte et la Turquie, le nombre des touristes russes en Tunisie a décuplé. Le Kremlin a fait état, en automne dernier, d’un accord pour la construction d’une centrale nucléaire en Tunisie. Les deux pays ont également convenu de régler leurs transactions commerciales en rouble et dinar, au lieu de l’euro et du dollar américain."
Et le texte d'ajouter : "En 2014, la Russie et l’Algérie signaient un accord sur la vente de la technologie russe pour la fabrication de 200 chars, estimé à un milliard de dollars. Cette année, les autorités des deux pays ont négocié la construction de deux sous-marins « Black Hole » par la Russie pour la Marine nationale tunisienne et l’achat de 14 Sukhoi russes Su-30 et deux navires équipés de missile Cruise. Le Maroc a aussi ouvert les bras à la Russie. Le roi Mohammed VI a signé, l’an passé à Moscou, un accord de coopération stratégique, énergétique et dans le domaine de la lutte antiterrorisme."
La revue s'inquiète ainsi des liens croissants entre la Russie d'une part et les pays de l'Afrique du nord de l'autre. Il s'agit d'une inquiétude qui s'ajoute à celle que ressentent les puissances impérialistes à l'idée d'avoir à compter désormais avec la Russie au Moyen-Orient.