Le président égyptien Mohamed Morsi est confronté à la crise la plus importante depuis son élection.
Après s'être attribué jeudi 22 novembre par décret des pouvoirs élargis, le chef de l'Etat a précisé ce dimanche 25 novembre qu'il s'agit de pouvoirs temporaires pour protéger la révolution de 2011 et accélérer les réformes démocratiques, en particulier la rédaction d'une nouvelle Constitution attendue pour la mi-février. La rue s'est levée, deux personnes sont mortes, des rassemblements sont encore prévus, et les magistrats sont en grève.
Mohamed Morsi a rencontré lundi des juges en colère, les membres du Conseil suprême de la magistrature, afin de calmer la fronde. Dimanche, l'Egypte a connu sa première grève nationale de magistrats, qu'ils soient juges assis ou membre du parquet. Une grève qui va dans le sens d'un durcissement.
Selon RFI, le Conseil suprême a proposé un compromis. Au lieu que toutes les décisions du président, passées et à venir, ne soient immunisées contre tout recours en justice, seules les décisions souveraines le seront. Le Front du salut national, réunissant les formations politiques anti-Morsi, refuse tout dialogue avant l'abrogation du fameux décret
Mohamed Morsi tente désormais de négocier pour plusieurs raisons. D'abord, la perte record de la bourse égyptienne, 30 milliards de livres en un jour. C'est l'équivalent des ۵ milliards de dollars que l'Egypte cherche difficilement à emprunter au FMI. Deuxième raison : la recrudescence de la violence, avec des premiers morts parmi les manifestants. L'un est un Frère musulman qui a été tué dans le Delta, l'autre est opposé au président Morsi. Il est décédé après des jours d'agonie à l'hôpital.
Cette violence pourrait échapper à tout contrôle mardi puisque les Frères musulmans et les anti-Morsi projettent de grandes manifestations rivales dans toutes les grandes villes du pays. En attendant, le « sit-in » entamé vendredi soir par des protestataires laïcs et libéraux se poursuit sur la place Tahrir, où une trentaine de tentes ont été montées.