Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a appelé l'Etat libanais à finaliser une stratégie nationale visant à garantir une bonne exploitation des ressources pétrolières récemment découvertes au large de la Méditerranée.
Dans un discours prononcé via un écran géant devant des dizaines de milliers de participants à la commémoration du quarantième jour de l'Achoura à Baalbeck, Sayed Nasrallah a demandé à la population libanaise de faire avorter le projet de division, et d'épargner au pays les répercussions de la guerre en Syrie.
Sur le dossier syrien, il a insisté sur un traitement purement humanitaire de l'affaire des déplacés syriens et palestiniens, rejettant toute politisation de cette question.
Son éminence n'a pas omis d'aborder l'affaire des pèlerins libanais toujours enlevés en Syrie, reprochant à l'Etat libanais de ne pas dépoyer les efforts sérieux nécessaires pour obtenir leur libération.
Voici les idées prinicpales du discours de Sayed Hassan Nasrallah:
Que la paix de Dieu soit sur vous. Que la paix soit sur l’âme du prophète Mohammad, de l’Imam Hussein, de sa famille, et de ses compagnons. Je salue les habitants de la Békaa et des autres villes libanaises pour leur participation à la commémoration de ce deuil, et je salue notamment ceux qui ont parcouru plusieurs kilomètres à pieds et pendant plusieurs heures pour exprimer leur amour pour le petit-fils du prophète. Vous avez toujours tenu à votre engagement aux côtés de l’imam Hussein et vous avez offert toutes sortes de sacrifices. En l’an 61 de l’Hégire, les femmes et les enfants captifs sont passés par cet itinéraire. A travers votre passage sur la même route, vous dites au monde entier que cette voie restera vivante et capable d’assurer à la nation sa gloire.
A la vue de votre détermination, et du rassemblement des millions de pèlerins aux mausolées de l’Imam Hussein et d’Abul Fadl elAbbas nous réalisons bien qui sont les victorieux. C’est la logique de Sayeda Zeinab qui l'a emporté sur celle de Yazid (fils de Mouawiya); c’est le projet de l’Islam qui a vaincu l’obscurantisme. Le sang a vaincu l’épée à Kerbala, et le convoi de Sayeda Zeinab et des autres femmes a vaincu la tyrannie de Yazid. Nous remercions pleinement le prophète, son petit-fils et ses compagnons pour avoir protégé le Message divin jusqu’à nos jours. C’est à travers ce message que nous réalisons aujourd’hui nos victoires et nos gloires.
Marcher en direction de Kerbala malgré les menaces de mort proférées par les takfiris poussés par les Etats-Unis est une preuve du grand amour réservé à l’imam Hussein dans les cœurs des fidèles pakistanais, iraniens, irakiens, libanais ou de toutes les autres nationalités. Je dis aux criminels qui tuent ces visiteurs : changez votre démarche parce qu’elle ne parviendra jamais à faire fléchir les croyants.
C’est la même démarche adoptée à l'encontre les chrétiens dans le monde arabe. Qui a autorisé les explosions contre les églises pour empêcher les chrétiens de célébrer le Nouvel an ? Vous imposez une nouvelle religion par les tueries et les décapitations, et cette mesure ne réussira jamais. Donc, je vous conseille de changer de démarche.
Rejet catégorique de tout appel à la division
Nous passons actuellement par une période très délicate. Il n'y a plus de place pour le dialogue, le discours diffamatoire occupe le premier plan des chaines satellitaires. Les sensibilités confessionnels sont à leur plus haut niveau. On entend partout le discours de la division. On cherche à diviser le monde arabe. Mais nous réitérons notre rejet catégorique de tout appel à la division de n’importe quel pays arabe et nous insistons sur la nécessité de préserver l’unité des pays arabes, du Yémen, de l'rak, en passant par la Syrie jusqu’à l’Arabie Saoudite. On doit veiller à épargner à la région le danger de la division. De même pour le Liban, nous réitérons notre position opposée au projet de la division, et les Libanais sont invités aussi à défendre l’intégrité territoriale de leur pays.
Au Liban, le gouvernement a empêché le débordement de la crise syrienne
Le Liban est un pays largement affecté par les événements qui ont lieu dans son entourage, notamment en Syrie en raison de sa proximité géographique. La Békaa et le Nord Liban sont les deux régions les plus touchées par la crise en Syrie.
Dès les premiers jours de cette crise, il y a eu deux logiques au Liban. La première appelait à distancier le Liban de tout ce qui se déroule en Syrie, et la deuxième voulait à tout prix entrainer le Liban dans les événements en cours. Dès le début, nous étions en faveur de la première position au moment où d’autres ont incité la population à s’entretuer. Sachez que la position de notre camp politique et du gouvernement actuel a empêché le débordement de la crise syrienne au Liban.
Si l’autre camp était au pouvoir, le Liban aurait fait partie de la guerre en Syrie.
Nous appelons tous les Libanais à l’unité et à la patience. Les dignitaires religieux, les politiciens et tous les responsables sont appelés à protéger la paix civile et la stabilité du Liban. Les institutions libanaises sont également appelées à empêcher les gens qui sèment la division de mener à bien leur projet.
Pour un traitement humanitaire du dossier des déplacés
Au sujet des déplacés- les familles syriennes, palestiniennes ou les familles libanaises résidant en Syrie- il s’agit d’un sujet sérieux. On avance le chiffre de 200000 réfugiés et certains disent que les déplacés sont encore plus nombreux. Il faut traiter cette question d’un point de vue humanitaire. Toutes les familles déplacées doivent recevoir le soutien et l’aide nécessaires. Il ne faut point politiser l’affaire, et on ne peut point fermer les frontières libanaises avec la Syrie, malgré les répercussions humaines, économiques, sécuritaires ou sociales sur le pays.
Nous avons besoin d’une position gouvernementale sur cette affaire et d’une coopération de la part de la population. Nous devons héberger ces familles et assumer nos responsabilités envers elles. Certes, la solution réelle du dossier des déplacés réside dans le règlement de la cause essentielle de la crise, et dans le déploiement des efforts pour trouver une solution politique à la crise syrienne. Ceux qui empêchent le dialogue en Syrie portent la responsabilité du sang qui coule jour et nuit dans ce pays. Ceux qui prônent l’option des combats, de l’effusion du sang et du déplacement de la population vers le Liban sont responsables de la crise en Syrie. L’Etat libanais doit dire à la communauté internationale, à la Ligue arabe et à toutes les autres instances que la crise en Syrie a des répercussions dangereuses sur la situation au Liban à tous les plans. La politique de distanciation ne mène nulle part.
L'Etat libanais doit négocier avec les ravisseurs des pèlerins
Concernant le dossier des Libanais enlevés en Syrie. Nous, au Hezbollah, avons gardé dernièrement le silence pour que nos positions ne soient pas exploitées négativement. Mais malheureusement, certaines parties accusent le Hezbollah d’inciter les familles des fidèles enlevés à descendre dans les rues. Franchement, je considère que les efforts de l’Etat, pas seulement du gouvernement, ne sont pas sérieux. J’appelle l’Etat libanais à négocier avec les ravisseurs pour mener à bien ce dossier. Qu’un responsable libanais soit chargé par l’Etat pour aller en Turquie discuter avec les ravisseurs, et que l’Etat demande aux pays influents sur les groupes armés, à savoir le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie qui soutiennent et arment les rebelles à faire pression pour régler l’affaire.
J’appelle toujours les familles des kidnappés à compter sur les efforts de l’Etat mais je demande aussi à l’Etat de faire un travail sérieux sur ce dossier. Sinon, que l’Etat nous fasse part de son impuissance et dans ce cas nous assumerons notre responsabilité.
Pour une stratégie nationale pour une bonne exploitation du pétrole
Passons à un dossier très important qui promet de régler les crises économiques du Liban : les ressources pétrolières et gazières découvertes au large de la Méditerranée. J’espère que cette richesse reste une grâce et ne devienne point une malédiction pour ce pays. J’ai lu quelque part que la guerre en Syrie est due en premier lieu à la grande découverte faite dans notre mer, afin de s’accaparer les ressources pétrolières.
Si nous parvenons à régler la crise économique au Liban, dont par exemple le développement des régions rurales et la crise des salaires du secteur public, le Liban réalisera un exploit inouï.
Malheureusement, l’ennemi israélien est sur le point d’entamer le pompage du gaz et du pétrole alors qu’au Liban, les débats ne finissent pas. Il faut donc traiter ce dossier sérieusement, loin de toute politisation. Le pétrole appartient à tous les Libanais, ce n’est pas un privilège pour tel ou tel parti politique.
L’Etat doit aussi trouver une solution à une question urgente, celle des menaces proférées contre les compagnies pétrolières ou contre le pays. Il faut donc parvenir à une stratégie nationale pour la protection des ressources pétrolières.
Sachez qu’Israël a augmenté les effectifs maritimes et a décrété de nouvelles lois parallèlement à l’exploitation des ressources pétrolières pour protéger le processus du pompage.
De notre côté, nous sommes prêts à assumer toutes les responsabilités dans ce dossier pour permettre aux Libanais de profiter de cette richesse. Mettons à part la polémique sur les armes et intéressons-nous à cette question primordiale.
Les pressions sur le Hezbollah seront vaines
Nous sommes conscients des pressions américaines et israéliennes qui seront exercées sur la résistance cette année, pour inscrire le Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes, et empêcher toute activité de la résistance en Amérique Latine. Même dans les pays arabes, des efforts sont déployés pour diaboliser le Hezbollah. Mais je vous assure que ces pressions seront vaines. La force de notre position découle des leçons tirées de Kerbala, notamment de la position de l’Imam Hussein qui avait dit : « Si on me donne à choisir entre la mort et l’humiliation, je crierai haut et fort : Loin de nous l’humiliation ».
Enfin, et depuis la place de l’imam Moussa Sadr et de Sayed Abbas Moussaoui, nous réitérons notre engagement à défendre toujours la voie de l’imam Hussein, quels que soient les sacrifices. Et notre appel restera pour toujours : « A tes ordres imam Hussein ! »
Que la paix soit sur l’imam Hussein, sur le fils de Hussein, sur sa descendance, et sur ses compagnons. Et que la paix de Dieu soit sur vous.