Les relations entre l’Allemagne et la Syrie, jadis excellentes sous l’empereur Guillaume II, sont aujourd’hui exécrables. C’est que Berlin est devenu, depuis la Guerre froide, l’arrière cour des Frères musulmans pour renverser la République arabe syrienne. Depuis 2012, le ministère des Affaires étrangères et le think tank fédéral SWP travaillent directement pour le compte de l’État profond US à la destruction du pays.

تقي زاده
L'expansion de la présence turque en Syrie entraînera-elle un face-à-face avec la Russie ?
La Russie ne s’est pas encore sérieusement opposée aux actions militaires turques dans le nord de la Syrie, mais les nouveaux accords d’Ankara avec Washington sur Manjib inquiètent Moscou et Damas.
« Les États-Unis et la Turquie préparent une feuille de route commune sur la façon de résoudre la situation à Manbij », rapporte le journal Izvestia. Depuis deux ans, la ville est sous le contrôle des miliciens kurdes, considérés comme terroristes par Ankara.
Désormais, les Kurdes quittent progressivement la ville et les forces turques et américaines patrouillent dans les zones en conflit à la périphérie de Manbij.
Cette situation a suscité l’ire des autorités de Damas et de Moscou.
Les troupes turques devraient bientôt entrer dans cette ville du nord de la Syrie. Les responsables d’Ankara ont prévenu qu’ils avaient l’intention d’élaborer une feuille de route pour les autres régions syriennes que contrôlent les Kurdes, dont Kobané et Raqqa, en coordination avec l’armée américaine.
Réaction brutale de Damas
Les accords conclus entre Washington et Ankara ont été vivement critiqués par Damas, qui n’a nullement été consulté au préalable à ce sujet.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a réitéré que le gouvernement s’opposait fermement à la présence des troupes américaines et turques à la périphérie de Manbij et que cela constituait une violation flagrante de son intégrité territoriale.
Dans de telles circonstances, la Russie n’a toujours pas réagi aux accords entre la Turquie et les États-Unis. Selon des sources d’information citant des diplomates russes, Moscou campe sur une position neutre ; une neutralité qui fait le jeu de Recep Tayyip Erdogan en vue des prochaines élections présidentielles.
Le silence de Moscou, un feu vert donné à Ankara
En outre, la situation autour de Manjib et la montée de la pression turque sur les Américains profitent indirectement à la Russie. Le retour de ces zones sous l’égide de Damas semble impossible dans la conjoncture actuelle, mais contrairement à Washington, Moscou peut au moins ouvrir un dialogue constructif avec Ankara au sujet de la Syrie.
Ainsi, bien que les autorités turques prétendent respecter l’intégrité territoriale de la Syrie, elles n’ont pas l’intention de retirer leurs troupes des zones frontalières.
Au cours des deux dernières années, la Turquie n’a fait qu’intensifier graduellement sa présence militaire en Syrie sans coordination avec Moscou. Mais elle a obtenu gain de cause grâce au mutisme de ce dernier.
Mer de Chine orientale : des lasers chinois auraient aveuglé l’US Air Force
Des pilotes de l’US Air Force survolant la mer de Chine orientale ont été la cible de plus de 20 tentatives d’aveuglement au laser au cours des 10 derniers mois, en plus d’un certain nombre d’attaques similaires en Afrique de l’Est.
Plus de 20 cas d’utilisation de lasers pour tenter d’aveugler les pilotes de l’US Air Force survolant la mer de Chine orientale ont été recensés depuis septembre 2017, a rapporté le Wall Street Journal.
Les lasers ont été utilisés pour cibler les opérations aériennes américaines dans le Pacifique, avec 20 incidents enregistrés depuis septembre de l’année dernière, selon un responsable militaire américain qui a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, que des lasers, probablement d’origine chinoise, avaient été projetés sur des avions américains.
Le dernier cas s’est produit au cours des deux dernières semaines, a indiqué le responsable, qui a précisé qu’aucun des incidents n’avait entraîné de blessures.
Les lasers sont de faible puissance et se trouvent en vente libre. Ils pourraient avoir été utilisés par des pêcheurs chinois ou des ressortissants d’autres pays de la région. Toutefois, Washington n’écarte pas la responsabilité des autorités chinoises.
Les attaques ressemblent à des incidents survenus au début de l’année 2018 à Djibouti en Afrique de l’Est, suite auxquels des aviateurs militaires américains ont subi des blessures légères aux yeux après avoir été exposés à des lasers qui, selon l’armée américaine, provenaient d’une base militaire chinoise voisine.
L’incident de Djibouti a incité les États-Unis à protester officiellement auprès de Pékin, même si les représentants officiels n’ont pas confirmé si les lasers utilisés dans le Pacifique étaient de qualité militaire ou commerciale.
Israël n’est pas prêt à entrer dans une prochaine guerre (TV israélienne)
Les unités militaires israéliennes, dont l’armée de l’air, l’armée de terre et le corps blindé mécanisé, ne sont disposées à participer à aucune guerre, selon un rapport de l’unité de surveillance du ministère israélien de la Sécurité intérieure.
En allusion à d’autres points faibles du régime israélien, la chaîne de télévision israélienne KONE a annoncé que l’incompétence des individus qui ont des postes importants au sein des centres militaires ainsi que les sous-effectifs au sein de l’armée avaient des effets négatifs sur la disposition de ce régime à participer à une quelconque guerre.
Le Pentagone va héberger les migrants dans des bases éloignées
L’US Navy élabore des plans pour héberger des dizaines de milliers d’immigrants dans des bases éloignées des grandes villes.
Donald Trump a été confronté à des jours d’indignation contre la politique de « tolérance zéro » qui a vu des milliers d’enfants séparés de leurs parents avant de reculer et de signer un décret visant à garder les familles unies.
Le Time Magazine vient de révéler un document interne de la marine américaine qui va mettre en place de nouveaux centres de rétention aux États-Unis. Ce sont principalement des bases aériennes désaffectées qui devraient être utilisées. Il s’agit de pouvoir y détenir des dizaines de milliers de migrants supplémentaires à court terme.
Ce document est une réponse à la demande de l’administration Trump, qui a réclamé la mise à disposition de tout bâtiment pouvant être utilisé pour loger des migrants. En cas de manque de bâtiments, des tentes dites « temporaires » seront installées sur d’anciennes pistes d’atterrissage, selon Washington.
Les Britanniques sont invités à ne plus se rendre en Arabie saoudite ni aux Emirats arabes unis
Le gouvernement britannique met en garde ses ressortissants contre les attaques balistiques qui menacent l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Vu le risque élevé de tirs de missiles que courent l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, le gouvernement britannique a publié un communiqué dans lequel il a mis en garde ses ressortissants qui y résident ou qui désirent y voyager.
Le gazoduc sous-marin Iran-Oman est sur la bonne voie
Le ministre omanais du Pétrole a déclaré qu’en dépit des sanctions anti-iraniennes des États-Unis, son pays a l’intention de poursuivre le projet de gazoduc reliant le sultanat à l’Iran.
Le projet de gazoduc sous-marin, concernant lequel un accord a été trouvé en 2013, transfère un milliard de pieds cubes de gaz par jour à Oman, gaz qui sera probablement transformé et converti en GNL.
« Nous allons toujours de l’avant », a déclaré Mohammed al-Rumhy, avant la réunion officielle de l’OPEP vendredi.
« Formellement, nous attendons toujours le détail des sanctions. Concrètement, nous envoyons les documents d’appels d’offres aux entreprises intéressées dans le monde entier », a-t-il ajouté.
Le géant pétrolier français Total a annoncé en mai dernier qu’il mettrait un terme à sa coopération avec l’Iran, à la veille du 4 novembre, date où les sanctions américaines contre l’Iran seront entrées en vigueur. Total avait signé un accord de 2 milliards de dollars pour développer l’immense gisement gazier de Pars-Sud.
Oman a besoin de gaz pour répondre à sa demande croissante et accroître son approvisionnement à partir du Qatar à travers le pipeline Dolphin qui traverse les Émirats arabes unis.
Selon l’Agence d’information sur l’énergie aux États-Unis, la consommation dans le sultanat a plus que doublé au cours de la décennie 2006-2016.
Le pays exporte également des volumes importants de gaz à travers ses usines de GNL, mais a dû consacrer la majeure partie de la production de ces usines pour la demande intérieure.
Oman ne fait pas partie de l’OPEP, mais coopère avec le cartel.
Le ministre omanais du Pétrole a également déclaré que son pays dispose d’une capacité de production d’un million de barils de pétrole par jour et peut, si nécessaire, augmenter sa production en quelques semaines, selon l’ISNA.
Bien qu’Oman ait l’intention de poursuivre le projet de gazoduc iranien, al-Rumhy a déclaré que son pays avait besoin de plus d’informations et de plus amples détails concernant les sanctions américaines contre l’Iran.
La Jordanie pourrait attaquer l’armée syrienne à Deraa
La Jordanie a acheminé un important convoi militaire sur les frontières avec la Syrie.
À peine trois jours après la visite inopinée du Premier ministre israélien en Jordanie où il aurait évoqué avec le roi Abdallah II la capitulation avec le dossier palestinien, entre autres, les informations font état de l’envoi d’un important convoi militaire jordanien sur les frontières avec la Syrie.
En concertation avec la Syrie et la Russie, la Jordanie aurait dû remettre le contrôle du passage frontalier al-Nassib à l’État syrien, passage par où ont transité des milliers de terroristes depuis le début de la guerre.
Face aux pressions dont a fait l’objet le royaume hachémite de la part de ses alliés saoudien et israélien, la Jordanie serait-elle prête à attaquer l’armée syrienne à Deraa ? Toujours est-il que l’armée jordanienne aurait envoyé un grand convoi de chars et de militaires à la frontière syrienne de Deraa, jeudi 21 juin au soir.
La nuit où la Syrie a imposé de nouvelles règles de confrontation à Israël
Dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 mai 2018, un échange de frappes sans précédent a eu lien entre Israël et la Syrie.
Les médias dominants, ainsi que certains médias « alternatifs » comme Russia Today, se sont empressés de relayer la version des faits de l’armée israélienne, selon laquelle le régime israélien aurait « riposté » à une « attaque iranienne menée par la Force Al-Qods du Corps des gardiens de la Révolution islamique » consistant en un tir de « vingt roquettes » contre des positions israéliennes dans le Golan occupé, dont quatre auraient été « interceptées par le Dôme de Fer » israélien et les autres se seraient « écrasées en territoire syrien », aucun dégât n’étant recensé en Israël.
Israël aurait répondu à cet « acte d’agression » inédit par une « opération de grande envergure » qui aurait détruit « l’ensemble de l’infrastructure iranienne en Syrie », afin de dissuader la République islamique de toute velléité de frappe future.
Ce récit prend pour argent comptant les postulats, données et mythes de la propagande de l’entité sioniste – qui impose aux médias israéliens une censure militaire permanente, exposant tout contrevenant à une peine de prison ; et à en lire les médias internationaux, on pourrait croire que comme les sanctions économiques américaines, cette censure est extraterritoriale –, mais aucun d’entre eux ne résiste à l’analyse.
L’agresseur est indubitablement Israël, qui a réalisé plus d’une centaine de frappes contre la Syrie depuis le début du conflit. Après la mise en scène chimique de Douma, ses agressions se sont intensifiées avec les attaques contre la base syrienne T-4 le 9 avril, qui ont notamment tué sept forces iraniennes.
Suite à l’annonce américaine de retrait de l’accord sur le nucléaire iranien, de nouvelles frappes israéliennes ont ciblé des positions syriennes mardi 8 mai dans la banlieue sud de Damas, et mercredi 9 mai à Quneitra, au sud du pays.
Incontestablement, la Syrie n’a fait que riposter à une énième agression, avec une fermeté qui a ébranlé Israël et l’a contraint à sortir du mutisme auquel il se confine habituellement.
La riposte syrienne – et non iranienne – a consisté en un tir de plus de cinquante – et non pas vingt – roquettes contre quatre bases militaires israéliennes sensibles dans le Golan occupé, qui ont causé des dégâts matériels et même des pertes humaines selon Al-Manar, le média du Hezbollah. Celles-ci n’ont pas été rapportées par la presse israélienne du fait de la censure militaire drastique interdisant de mentionner l’agression initiale d’Israël, d’évoquer un tir de plus de vingt roquettes, d’identifier leurs cibles et de parler des dommages infligés, ce afin de rassurer la population à l’intérieur et de permettre aux capitales occidentales vassales d’égrener leur refrain du sacro-saint-droit-d’Israël-à-se-défendre.
La chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen a précisément identifié les postes militaires frappés :
1- un centre militaire de reconnaissance technique et électronique ;
2- le poste de sécurité frontalière et de renseignement 9900 ;
3- un centre militaire de brouillage électronique ;
4- un centre militaire d’espionnage de réseaux sans fil et filaires ;
5- une station de transmission ;
6- un observatoire de l’unité d’armes de précision pendant les opérations au sol ;
7- un héliport de combat ;
8- le quartier général du commandement militaire régional de la brigade 810 ;
9- le centre de commandement du bataillon militaire à Hermon ;
10- le quartier général d’hiver d’une unité spéciale alpine.
Le succès des frappes israéliennes, qui, à en croire le ministre israélien des Affaires militaires Avigdor Lieberman, auraient détruit presque « l’ensemble de l’infrastructure iranienne », est largement exagéré : les responsables militaires russes, dont les radars ont suivi ce combat en temps réel, ont annoncé que plus de la moitié des 60 missiles tirés par 28 F-15 et F-16 israéliens – ainsi que des 10 missiles sol-sol – ont été interceptés. L’armée syrienne recense trois morts et deux blessés, une station radar et un entrepôt de munitions détruits et des dégâts matériels sur des unités de défense antiaérienne syriennes.
La présence même de bases militaires iraniennes et/ou d’importants contingents iraniens en Syrie est une fable : l’Iran n’y dispose que d’une présence modeste (essentiellement composée de conseillers militaires, effectivement issus du Corps des gardiens de la Révolution Islamique), contrairement au Hezbollah ou à la Russie.
Tout reportage objectif sur ces événements devrait ressembler à celui de Robert Fisk : « Les Américains ont dû être informés en amont des dernières frappes israéliennes de la nuit dernière, supposément contre les forces iraniennes en Syrie après une attaque supposée de roquettes iraniennes contre les forces israéliennes sur le Golan – et il est important d’utiliser le mot “supposé” et de ne pas prendre tout cela pour argent comptant. »
En effet, ces prétendues attaques inattendues étaient annoncées depuis des jours par l’armée israélienne, qui avait déjà mené une prétendue « frappe préventive » – bien plutôt une provocation – le 8 mai.
La « ligne rouge » que cette soi-disant présence iranienne constituerait pour Israël est démentie par le fait que Tel-Aviv n’a cessé, depuis le début du conflit, de ralentir la progression de l’armée syrienne et, sous de multiples prétextes (livraison d’armes au Hezbollah, riposte à des tirs réels ou supposés depuis le Golan, etc.), d’assister les groupes terroristes armés de toutes les manières possibles : armes, informations, frappes aériennes coordonnées avec les offensives, soins médicaux aux terroristes, etc.
L’Iran ne se soumettra pas au totalitarisme
Dans son dernier rapport publié le 21 juin par The New York Times, le chroniqueur Roger Cohen a fait une analyse détaillée des réformes envisagées par le prince héritier saoudien. Quant à ses prises de position par rapport à l’Iran, il a estimé que l’Iran ne céderait ni aux « exigences totalitaires » du prince héritier ni au « narcissisme » du président américain Donald Trump.
En réitérant les allégations infondées qui ne sortent que de la bouche des extrémistes, le chroniqueur se permet d’accuser l’Iran de violer les droits de l’homme et de renforcer son influence au Moyen-Orient. Il souligne, toutefois, que l’Iran ne se soumettra pas ni aux exigences de Riyad ni à celles de Washington.
« Mais pour Trump et le prince Mohammed, tout lien avec l’Iran est odieux. J’ai entendu plusieurs fois des ministres saoudiens comparer l’Iran au régime nazi d’Hitler. Le prince héritier lui-même utilise l’analogie », a écrit Roger Cohen.
« L’Iran est un pays répressif avec un bilan hideux des droits de l’homme (tout comme l’Arabie saoudite) et un programme expansionniste en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen. Il doit être traité avec une grande fermeté et une diplomatie créative. Il ne cédera cependant ni aux exigences totalitaires de Trump ni à celles du prince ben Salmane, qui font le jeu des tenants de l’Irak", a-t-il ajouté.
Le chroniqueur rappelle que les États syrien et irakien ont à plusieurs reprises apprécié le rôle de l’Iran dans la lutte contre les groupes terroristes dans la région et que Téhéran a toujours démenti toute intervention dans les affaires intérieures du Liban et du mouvement Ansarallah qui mènent depuis 2015 une guerre contre la coalition de Riyad au Yémen.
À ce sujet, il écrit: “Depuis trois ans, la guerre du Yémen n’a généré qu’une famine généralisée, des maladies comme le choléra, des milliers de morts, la destruction des hôpitaux et des écoles, et la misère.”
“La plupart des Saoudiens voient en une guerre une nécessité: ben Salmane ne pouvait pas tolérer un substitut du Hezbollah, lui-même un substitut de l’Iran, à sa frontière sud. C’est pour lui un objectif stratégique légitime. Mais l’absolutisme de sa politique étrangère est de nature autodestructrice”, a-t-il noté.
“Où serions-nous si la guerre du Yémen n’avait pas eu lieu ?, m’a demandé Hoda al-Helaissi, membre du Majlis al-Shura (Parlement). Mais cela a été terrible pour notre image dans le monde entier. Je pense que c’est notre Vietnam”, a-t-il raconté.
Le chroniqueur américain a également fait allusion à la crise diplomatique avec le Qatar et estime que le prince héritier saoudien ferait mieux de revenir à ses paris intenables: écraser la confrérie et ses sympathisants au Qatar, écraser l’Iran et ses sympathisants au Yémen. « Si Ben Salmane est prêt à changer d’avis, le Qatar et le Yémen constituent un point de départ propice. Mais il faut savoir que Doha n’acceptera pas n’importe quelle condition et que le Yémen est loin d’être dépourvu du soutien de l’Iran », ajoute-t-il.
L’Allemagne et la Syrie
- En janvier 2015, une marche de la tolérance rassemblait à Berlin des responsables politiques allemands et des leaders musulmans en réaction à l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris. Madame Merkel défilait bras dessus, bras dessous avec Aiman Mazyek, secrétaire général du Conseil central des musulmans. Bien qu’il prétende avoir rompu avec les Frères musulmans et tienne un discours ouvert, M. Mazyek protège au sein de son organisation la Milli Gorus (l’organisation suprémaciste de Recep Tayyip Erdoğan) et les Frères musulmans (la matrice des organisations jihadistes, alors présidée mondialement par Mahmoud Ezzat, ex-bras droit de Sayyid Qutb).
Historiquement l’Allemagne avait d’excellentes relations avec l’Empire ottoman au début du XXème siècle. Le Kaiser Guillaume II, qui était fasciné par l’islam, poursuivit des fouilles archéologiques, notamment à Baalbeck, et participa à la construction des premiers chemins de fer, dont le Damas-Médine. Le Reich et la Sublime Porte affrontèrent ensemble les Britanniques lorsqu’ils organisèrent la « Grande révolte arabe » de 1915, puis ils perdirent la Première Guerre mondiale et, par voie de conséquence, furent exclus de la région (accords Sykes-Picot-Sazonov).
- En 1953, le président Eisenhower reçoit une délégation des Frères musulmans conduite par Saïd Ramadan. Les États-Unis soutiennent désormais l’islam politique à l’étranger.
Durant la Guerre froide, la CIA récupéra quelques uns des meilleurs officiers nazis pour poursuivre sa lutte contre l’URSS. Parmi eux, Gerhard von Mende qui avait recruté des musulmans soviétiques contre Moscou [1]. Ce haut-fonctionnaire installa à Munich, en 1953, le chef des Frères musulmans hors d’Égypte, Saïd Ramadan [2].
- Alois Brunner, considéré comme responsable de la déportation de 130 000 juifs, fut installé par la CIA à Damas, en 1954, pour éviter que le régime du président Choukri al-Kouatli ne fasse alliance avec les Soviétiques.
Dans la même période, la CIA envoie —sous couverture— des officiers nazis un peu partout dans le monde pour lutter contre les pro-Soviétiques. Par exemple, Otto Skorzeny en Égypte, Fazlollah Zahedi en Iran et Alois Brunner [3] en Syrie. Tous organisent les services secrets locaux sur le modèle de la Gestapo. Brunner ne sera évincé que longtemps plus tard, en 2000, par le président Bachar el-Assad.
Dans la période qui va de la révolution khomeiniste de 1979 aux attentats du 11-Septembre 2001, l’Allemagne de l’Ouest se montre prudente avec la Confrérie. Cependant, à la demande de la CIA et alors que la Syrie reconnaît l’Allemagne de l’Est, elle accepte d’offrir l’asile politique aux putschistes qui tentèrent le coup d’État de 1982 contre le président Hafez el-Assad, dont l’ancien Guide suprême Issam al-Attar (frère de la vice-présidente syrienne Najah el-Attar). Dans les années 90, la Confrérie se réorganise en Allemagne avec l’aide de deux hommes d’affaires, le Syrien Ali Ghaleb Himmat et l’Égyptien Youssef Nada, qui seront ultérieurement accusés par Washington de financer Oussma Ben Laden.
- Durant de longues années, l’universitaire allemand Volker Perthes a participé aux côtés de la CIA à la préparation de la guerre contre la Syrie. Il dirige le plus puissant think tank européen, la Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) et assiste au nom de l’Onu aux négociations de Genève.
Lorsque les États-Unis ouvrent la « guerre sans fin » au « Moyen-Orient élargi », la CIA encourage l’Allemagne réunifiée à lancer un « Dialogue avec le monde musulman ». À Berlin, le ministère des Affaires étrangères s’appuie principalement pour cela sur le nouveau chef local de la Confrérie, Ibrahim el-Zayat, et sur un expert, Volker Perthes. Ce dernier deviendra le directeur du principal think tank fédéral, la Fondation pour la Science et la Politique (SWP).
- Detlev Mehlis a accusé au nom de l’Onu les présidents libanais et syrien, Émile Lahoud et Bachar el-Assad, d’avoir fait assassiner Rafic Hariri. Son travail était basé sur de faux témoignages dont la révélation l’a contraint à la démission.
En 2005, l’Allemagne participe à l’assassinat de Rafic Hariri en fournissant l’arme qui sera utilisée pour le tuer (il ne s’agit évidemment pas d’un explosif classique contrairement à la propagande du « Tribunal » spécial) [4]. Par la suite, l’Allemagne fournit le chef de la Mission d’enquête de l’Onu, l’ancien procureur Detlev Mehlis [5], et son adjoint, l’ancien commissaire de police Gerhard Lehmann qui se trouva impliqué dans l’affaire des prisons secrètes de la CIA.
En 2008, alors que la CIA prépare la « guerre civile » syrienne, Volker Perthes est invité par l’Otan à la réunion annuelle du Groupe de Bilderberg. Il y participe avec une fonctionnaire syrienne de la CIA, Bassma Kodmani. Ils expliquent ensemble aux participants tout l’intérêt pour l’Occident de renverser la République arabe syrienne et de placer les Frères musulmans au pouvoir. Ayant adopté le double langage de la Confrérie, il écrit en 2011 une tribune dans le New York Times pour se moquer du président Assad qui croit discerner un « complot » contre son pays [6]. En octobre de la même année, il participe à une réunion du patronat turc organisée par l’agence privée de renseignement US, Stratfor. Il présente à ses interlocuteurs les ressources pétrolières et gazières qu’ils pourront voler en Syrie [7].
- Clemens von Goetze (directeur du 3e département du ministère allemand des Affaires étrangères) et Anwar Mohammad Gargash (ministre émirati des Affaires étrangères), lors de la réunion du Groupe de travail sur le dépeçage de l’économie syrienne à Abou Dhabi.
Élargissant ce travail, l’Allemagne organisa à Abou Dhabi une réunion des Amis de la Syrie sous la présidence d’un de ses diplomates, Clemens von Goetze. Celui-ci répartit entre les présents les futures concessions d’exploitation qui seraient attribuées aux vainqueurs lorsque l’Otan aurait renversé la République arabe syrienne [8].
À la mi-2012, Volker Perthes est chargé par le département US de la Défense de préparer « Le Jour d’après » (c’est-à-dire le gouvernement qui sera imposé à la Syrie). Il organise des réunions au ministère des Affaires étrangères avec la participation de 45 personnalités syriennes, dont son amie Bassma Kodmani et le Frère Radwan Ziadeh, venu spécialement de Washington [9]. En définitive, Perthes devient un des conseiller de Jeffrey Feltman aux Nations unies. Il participe à ce titre à toutes les négociations de Genève.
Les positions du ministère allemand des Affaires étrangères sont reprises mot pour mot par le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) de Federica Mogherini. Cette administration, dirigée par un haut-fonctionnaire français, rédige des notes confidentielles sur la Syrie pour les chefs d’État et de gouvernement de l’Union.
En 2015, la chancelière Angela Merkel et le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, devenu protecteur mondial des Frères musulmans, organisent le transfert de plus d’un million de personnes vers l’Allemagne [10], conformément à la demande du patronat industriel allemand. Nombre de ces migrants sont des Syriens dont l’AKP ne veut plus chez elle et dont l’Allemagne souhaite éviter le retour dans leur pays.
La chancelière Angela Merkel sera à Beyrouth et à Amman cette semaine pour parler de la Syrie.
[1] La CIA d’Alan Dulles plaça d’anciens responsables nazis comme superviseurs de presque tous les services secrets des États alliés, sur les cinq continents. Ce système fut démantelé dans les années 70, après les révélations des commissions du Congrès Church et Pike. Tous les responsables nazis furent chassés par le président Carter et l’amiral Stanfield Turner, à la fin des années 70. Les Européens croient à tort que la CIA recourut à des nazis exclusivement en Amérique latine (par exemple Klaus Barbie en Bolivie). Mais ce système était généralisé, y compris en Europe (opération Gladio). Selon toute vraisemblance, le placement de ces « experts » nazis était coordonné depuis l’Allemagne par Reinhard Gehlen, que la CIA nomma premier chef du Bundesnachrichtendienst (BND).
[2] A Mosque in Munich, Ian Johnson, Houghton Mifflin Harcourt, 2011.
[3] Alois Brunner est considéré comme responsable de la déportation et de l’assassinat de 130 000 personnes, en Autriche, en Grèce, en France, en Allemagne et en Slovaquie. Il a été condamné par contumace à la réclusion à perpétuité, en France en 2001, pour sa responsabilité dans la mort des enfants d’Izieu.
[4] « Révélations sur l’assassinat de Rafiq Hariri », par Thierry Meyssan, Оdnako (Russie) , Réseau Voltaire, 29 novembre 2010.
[5] « La commission Mehlis discréditée », par Talaat Ramih, Réseau Voltaire, 9 décembre 2005.
[6] “Is Assad Capable of Reform ?”, Volker Perthes, The New York Times, March 30, 2011.
[7] « Küresel Enerji Stratejileri Simülasyonu : Türkiye’nin Gelecek 10 Yılı », Tusaid, 6 Ekim 2011.
[8] « Les "Amis de la Syrie" se partagent l’économie syrienne avant de l’avoir conquise », par German Foreign Policy, Horizons et débats (Suisse) , Réseau Voltaire, 14 juin 2012.
[9] The Day After Project, August 2012. The Day After. Supporting a Democratic Transition in Syria, United States Institute of Peace & Stiftung Wissenschaft und Politik, August 2012.
[10] La Turquie a pris la succession de l’Arabie saoudite après que celle-ci ait laissé tomber la Confrérie, suite au discours de Donald Trump à Riyad, le 21 mai 2017.