Silence sur les télés françaises : deux évêques enlevés en Syrie…,

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Les médias français sont actuellement très pris par la polémique sur «le mariage pour tous». Il n'y a donc (presque) pas de place pour une autre actualité. Surtout celle qui porte sur l'enlèvement de deux évêques sur la route d'Alep en Syrie. Qui a écouté les bulletins d'information des chaînes françaises ces deux derniers jours pour tenter d'avoir du nouveau sur cette affaire dramatique qui constitue un tournant dans le conflit sanglant qui ravage la Syrie depuis deux ans ou au moins pour entendre une condamnation officielle, médiatique et populaire d'une telle pratique, a été déçu. Les deux évêques qui ont voulu rester dans ce pays déchiré pour aider la communauté chrétienne forte de deux millions de personnes et lui donner du courage et de l'espoir, mais aussi pour tenter de maintenir un semblant de diversité dans la Syrie menacée par le Front al Nosra et ses alliés, ne méritent pas une phrase dans les bulletins des chaînes françaises. Que le Pape François du Vatican ait condamné leur enlèvement et que l'un des évêques soit le propre frère du patriarche grec orthodoxe d'Antioche ne mérite pas non plus d'être relevé, pour ces médias qui se veulent à la pointe de l'actualité. N'ont-ils pas été ainsi les premiers à parler de l'attentat déjoué au Canada et préparé, selon la thèse officieuse, par Al Qaëda basée en Iran ? Naturellement, ces fins connaisseurs de l'actualité internationale et moyen orientale que sont les médias audiovisuels français n'ont pas cherché à aller plus loin dans l'information, la reproduisant telle qu'elle est arrivée sans s'interroger sur la possibilité pour Al Qaëda, un groupe extrémiste takfiri, de s'implanter en Iran considéré par ces mêmes extrémistes comme leur ennemi juré? Il a fallu par exemple sur la chaîne Canal Plus, que le chroniqueur international de «la matinale» (le programme d'information du matin) s'élève contre cette information pour que l'équipe du bulletin décide d'en parler quelques secondes. Le chroniqueur s'est donc demandé comment Al Qaëda pourrait avoir pignon sur rue à Téhéran et les autres journalistes l'ont regardé en faisant les yeux ronds : «ah bon, cela ne va pas ensemble ? L'information ne serait donc pas plausible ?», se sont-ils exclamés, sans toutefois donner du temps au chroniqueur pour de plus amples explications. Les médias audiovisuels français qui ne manquent ni de confiance en eux ni de certitudes, ne veulent surtout pas comprendre la complexité de la région du Moyen Orient et celle des religions dont elle est le berceau. Pour eux, c'est tellement plus simple de faire des amalgames : terroristes, Iran, Al Qaëda. Et la question est réglée. En Syrie, c'est la même chose : l'opposition est composée de héros et c'est le régime qui commet les pires exactions. C'est pourquoi, ces médias préfèrent occulter l'enlèvement des deux évêques par un groupe de Tchétchènes qui combattent dans les rangs de l'opposition syrienne. Car dire que l'opposition tant chantée, aidée et louée peut regrouper des combattants extrémistes qui font preuve de barbarie et s'en prennent désormais aux hommes de religion chrétiens c'est aller à l'encontre de ce qu'ils n'ont cessé de clamer depuis plus de deux ans à leurs téléspectateurs...

Par contre, ces médias ont trouvé le temps de parler en long et en large de la banderole brandie par de jeunes syriens à Boston, après l'attentat du marathon et dans laquelle les Syriens exprimaient leur solidarité avec les Bostoniens, en leur rappelant que de tels attentats se produisent chez eux chaque jour. Les télés ont ensuite allongé l'information en mettant en avant la réponse des Bostoniens qui ont à leur tour exprimé leur solidarité avec les Syriens «qui se battent pour la liberté et la démocratie contre un régime totalitaire et violent». Comme si les attentats à la voiture piégée et les obus contre l'université de Damas et d'autres agressions du même genre étaient le fait des forces du régime. Encore heureux que ces médias n'aient pas choisi d'ajouter «la solidarité des survivants de l'Holocauste» avec le peuple syrien !!! Etonnant d'ailleurs qu'Israël n'ait pas été mentionné, parce qu'en général c'est à cette entité que se limite l'intérêt de la plupart des chaînes occidentales pour la région. Le professionnalisme, le souci de la vérité et le minimum d'humanité, c'est désormais ailleurs qu'il faut le chercher. Heureusement que les deux évêques et les Syriens en général ne comptent pas sur ces médias pour obtenir leur libération des combattants de l'extrémisme et de ceux qui veulent dénaturer la Syrie. Leur foi sera sans doute plus efficace et en tout cas plus sincère.

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