Si la presse ne s’intéresse plus au Moyen-Orient élargi depuis la chute de Raqqa qu’elle interprète à tort comme la défaite du jihadisme, les magistrats français travaillent désormais sur deux affaires venues d’Orient : le présumé financement par la Libye de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy et le présumé achat de pétrole à Daesh par Lafarge. Deux instructions qui, pour le moment, n’ont pas abordé le fond des dossiers.

تقي زاده
Les raids de la coalition US à Raqqa cachent des objectifs politiques et séparatistes
Par leurs bombardements, les États-Unis et leurs alliés dans la soi-disant coalition anti-Daech ont réduit en ruine la ville de Raqqa, juste pour se vanter d'une victoire ultime contre Daech en Syrie, écrit un journal russe.
"Il ne reste presque rien de Raqqa où des milliers de civils ont été victimes des raids aériens de la coalition américaine; c'est la triste réalité que les responsables américains préfèrent ignorer", a écrit ce lundi 23 octobre le journal russe La Pravda. C'est avec une parfaite indifférence envers toutes ces pertes et ruines que les Américains se targuent d'une "victoire impressionnante" dans la lutte contre Daech, ajoute le journal.
Mais ce n'est pas tout. Un sénateur russe évoque l'arrière-plan politique et les objectifs séparatistes qui se cachent derrière cette annonce.

Selon le Premier vice-président du comité du Conseil de la Fédération de la Russie pour la défense et la sécurité, Frants Klintsevich, les États-Unis et leurs alliés cherchent maintenant, à travers leurs aides humanitaires, à faire de Raqqa une ville syrienne hors du contrôle du président syrien Bachar al-Assad.
Cité par l'agence de presse Sputnik, Frants Klintsevich dénonce ainsi le double standard de l'Occident auquel même la question sensible des aides humanitaires ne fait pas exception:
"À mon avis, il y a des tentatives séparatistes visant à transformer Raqqa en capitale d'une autre Syrie, qui serait hors du contrôle du président Bachar al-Assad."
Selon lui, c'est à ces fins que Paris, Washington et Berlin ont récemment annoncé débloquer une aide financière à destination des habitants de Raqqa.
"L'aide de millions de dollars et d'euros apportée en urgence à Raqqa est encore un exemple de la politique ambivalente de la coalition internationale en Syrie, un exemple de division en ami-ennemi."
Les opérations des Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis, contre la ville de Raqqa ont commencé le 6 juin 2017. Les terroristes se sont trouvés le 21 septembre sérieusement encerclés, mais ils continuaient de résister. La dernière phase des opérations marquées par les raids aériens de la coalition était de sorte que la population civile s'est vue obligée de fuir la ville; de nombreux civils ont ainsi trouvé la mort dans les bombardements, avant que les FDS n'annoncent officiellement le 20 octobre la libération de Raqqa.
Par ailleurs, le vice-président de la fraction Russie Unie et membre du Comité pour les Affaires internationales de la Douma russe évoque lui aussi l'empressement des chefs de la coalition internationale d'annoncer une victoire écrasante face à Daech en Syrie, comme quoi ils auraient devancé l'armée syrienne soutenue par les Russes et les Iraniens. C'est pourquoi les Américains et leurs alliés ne sont pas préoccupés du lourd bilan des pertes civiles, a aussi déclaré le parlementaire russe au journal La Pravda.
Ce que la soi-disant coalition internationale a commis à Raqqa, était un acte barbare politico-militaire. Alors que la fin de Daech en Syrie est proche, ladite coalition se focalise sur un objectif: créer un dénouement qui assure ses intérêts et devancer les forces gouvernementales syriennes soutenues par Téhéran et Moscou.
Le cri de victoire des Américains à Raqqa suscite plutôt un sentiment de colère et d'indignation, d'après le parlementaire russe qui, pour compléter son analyse, établit une comparaison entre l'attitude de la coalition et celle des forces syriennes: "(...) Et ce, alors que plus de 90% du territoire syrien a été libéré millimètre par millimètre par l'armée syrienne. Or, l'aviation russe a employé tous ses moyens pour que les frappes aériennes soient précises. Mais Washington et ses alliés ont mené des opérations barbares et sacrifié les civils pour atteindre leurs objectifs politiques."
Syrie: la Russie a mis en garde Israël
Selon le journal israélien, Yediot Aharonot, le ministre russe de la Défense aurait lancé un sévère avertissement à Israël au cours de sa récente visite à Tel-Aviv. Le journal israélien souligne que " la mise en garde russe", l'une des "plus sévère jamais lancée à Israël", aurait eu lieu après les menaces formulées par Israël contre la Syrie et ses alliés iraniens et du Hezbollah, quant à leur présence dans le sud syrien.
"Le général russe a mis en garde Israël contre la poursuite de ses raids contre le sol syrien et il a lancé la phrase fatidique : " vous, israéliens, vous ne pouvez plus frapper des cibles en Syrie puisque la Russie a fini par livrer au gouvernement syrien des batteries de missiles anti-missile", affirme Choïgou cité par Yediot.
L'Iran exclut toute négociation autour de son programme balistique
Le représentant adjoint de la République islamique d’Iran aux Nations unies a qualifié de « non négociable » le programme balistique iranien.
L’ambassadeur adjoint iranien à l’ONU Eshaq Ale Habib a déclaré, lundi 23 octobre, que le programme balistique de l’Iran était de nature purement défensive et dissuasive et que la portée et la précision des missiles iraniens étaient conformes aux menaces proférées par les ennemis.
Devant la Commission des questions de désarmement et de la sécurité internationale à l’ONU, Eshaq Ale Habib a réservé à tous les pays le droit naturel de fabriquer, d’importer et de stocker des armes conventionnelles pour se défendre, et a souligné que le programme balistique de son pays ne pourrait jamais faire l’objet d’aucune discussion.

Il a ensuite mis en garde contre la hausse alarmante des budgets militaires dans le monde, notamment au Moyen-Orient, disant que les armes atomiques, les armes de destruction massive et les armes sophistiquées dont disposait le régime israélien, menaçaient la paix et la sécurité du monde.
« Alors que certains pays de la région ne cessent d’acheter des armes aux États-Unis, on reproche à l’Iran de tester des missiles qui sont uniquement capables de porter des ogives conventionnels. Le programme balistique de l’Iran vise à subvenir à ses besoins en matière de défense et de sécurité. Pourquoi l’Iran doit-il hésiter à subvenir à ses besoins concernant la défense, lorsque les politiques hostiles des États-Unis et celles de leurs alliés régionaux, dont et surtout le régime d'Israël, pourraient mettre le feu aux poudres au Moyen-Orient. »
Le représentant adjoint de la République islamique d’Iran après des Nations unies a rejeté les allégations selon lesquelles les tests balistiques de l’Iran contredisaient la résolution 2231 du Conseil de sécurité.
« La résolution 2231 demande à l’Iran de ne jamais se livrer à des activités avec des missiles balistiques capables de porter des têtes atomiques, alors que l’Iran ne cesse de dire qu’aucun de ses missiles n’a été conçu pour porter des ogives nucléaires », a-t-il expliqué.
L'Europe s'inquiète des effets déstabilisateurs d'une annulation du PGAC
Une annulation du Plan global d'action conjoint (PGAC) conduirait Daech aux portes de l'Europe.
Lors d'une interview avec l'agence de presse Jamaran, le député iranien Heshmatollah Falahat-Pisheh a fait allusion aux prises de position des États européens vis-à-vis de l'approche de Washington envers le PGAC (l'accord sur le nucléaire iranien).
"Les relations Iran-Europe sont entrées dans une phase sérieuse. Dans le monde politique, la donne change dès lors que la sécurité nationale et les intérêts nationaux des pays sont compromis. Et aujourd'hui, c'est des intérêts nationaux et de la sécurité de l'Europe qu'il s'agit."
Selon M. Falahat-Pisheh, le président Rohani devrait profiter de la future visite en Iran de son homologue français pour lui parler sérieusement de ce sujet. "Au cas où l'Iran abandonnerait sa politique participative, le trafic des terroristes, stupéfiants, armes et réfugiés augmenterait à destination de l'Europe", a-t-il estimé.
Sans en imposer les coûts au monde entier, l'Iran a contribué à la lutte contre le terrorisme et les facteurs déstabilisateurs et l'Europe est aujourd'hui inquiète des atteintes qui à l'avenir pourraient être portées aux facteurs contribuant à la sécurité.
"Les Européens savent bien qu'en cas d'une annulation du PGAC, le premier endroit dont la sécurité sera menacée, est l'Europe", a-t-il précisé.
"Tout comme l'a mentionné le Guide suprême de la Révolution islamique, les Européens doivent savoir que c'était avec eux que les Iraniens ont commencé les négociations nucléaires", a-t-il affirmé.
"De ce fait, les Européens ne doivent pas chercher à mettre l'Iran sous pression. Au contraire, ils devraient plutôt faire pression sur les Américains, en raison de leurs prises de positions sur les activités militaires de l'Iran", a indiqué le parlementaire iranien avant d'ajouter qu'au lieu adhérer aux positions américaines, l'Europe devrait respecter les lignes rouges défensives et sécuritaires de l'Iran.
Syrie: Israël craint le déplacement des responsables iraniens
Les Israéliens guettent, avec inquiétude, les déplacements des responsables de la RII en Syrie. Et ils s’emploient, donc, à changer la situation en faveur de leur libre agissement aussi bien en Syrie qu’au Liban.
Les experts israéliens sont d’avis que Tel-Aviv, confronté à des défis stratégiques, doit se réconforter, en oubliant toutes les déclarations optimistes des hommes politiques et militaires israéliens, pour pouvoir agir librement sur les territoires syrien et libanais.

L’analyste de renom libanais Nasser Kandeel s’est penché, dans une analyse pour le journal libanais Al-Binaa, sur les récents déplacements des responsables de la RII qui ont été, de près une inquiétude, suivie par le régime israélien.
Ils ont guetté, minutieusement, la nature des missions accomplies par les responsables iraniens en Syrie dans la mesure où ils font une distinction entre les objectifs poursuivis par le président de la commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère, Alaeddin Boroujerdi, le président du Parlement Ali Larijani ou le conseiller du Leader de la Révolution islamique l'Ayatollah Ali Khamenei, et ceux qui ont poursuivi le général Qassem Soleimani, commandant de l’armée de Qods et le général de division Mohammad Baqeri, commandant en chef des forces armées iraniennes.
Ce sont certes des visites très importantes, les Israéliens en sont convaincus, car elles traduisent les efforts sans répit de l’Iran et de la Russie en vue de changer les rapports de force face à Israël surtout après que Tel-Aviv a échoué à obtenir de Moscou des garanties pour sa sécurité sur le front du Golan.
Israël s’est rendu compte qu’il n’est pas en mesure d’empêcher la décision de Damas de couvrir l’espace aérien libanais. C’est justement l’un des objectifs de la visite en Syrie du général de division Mohammad Baqeri : la mise sur pied d’un système de dissuasion le long des frontières entre la Syrie et le Liban. Une décision partagée par les Syriens, les Iraniens et le Hezbollah libanais.
Damas a demandé à la Russie de l’aider à former un système anti-balistique ; les Israéliens affirment que cela créerait une défense aérienne non seulement pour la Syrie, mais aussi pour le Hezbollah et le Liban.
Or, les experts israéliens estiment qu’Israël fait face à des défis stratégiques et qu’il doit oublier toutes les déclarations optimistes de leurs hommes politiques et commandants de manœuvres militaires. Le nouveau défi qu’Israël doit surmonter, c’est de se procurer des missiles sol-air et sol-mer, avec une portée de plus d’une centaine de km, pour lui permettre un libre agissement aussi bien au Liban qu’en Syrie bien que cela risque, évidemment, de mettre les armes israéliennes à la portée des armes plus efficaces de l’axe de la Résistance, conclut l’analyste Nasser Kandeel.
N'oublie pas Kerbala
Les événements historiques Durant le mois Safar
Le 1e du mois :
L'Imam Ali (p) s'occupa alors du lavage rituel de son corps (ghusl al-mayyet), de son embaumement, de son enveloppement. Puis il pria sur lui. Puis les Compagnons vinrent par fournées pour prier sur lui individuellement. Après quoi, l'Imam Ali (p) l'enterra sur place (l'endroit même où il était décédé). Anas Ibn Mâlik témoigne : "Lorsque nous avons terminé l'enterrement du Prophète (P), Fâtimah est venue vers moi et m'a dit :"Comment avez-vous pu jeter de la terre sur le visage du Messager d'Allah. Ensuite elle se mit à pleurer et dit :"Ô mon père! Ô celui qui a répondu à l'appel du Seigneur Qui l'avait appelé auprès de lui ! Ô mon père ! Que tu es près de ton Seigneur". Puis, selon un récit digne de foi, elle ramassa une poignée de terre de la sainte tombe et y posa ses yeux en récitant quelques vers plaintifs et élégiaques.
- Le 7/ou28 de mois Safar : C'est le jour anniversaire du martyre de l'Imam al-Hassan Ibn Ali, al-Mujtabâ (p) le petit fils du Noble Prophète(Psl), décédé en l'an 50 de l'hégire. Le même jour de l'an 128 naquit l'Imam Mûssâ Ibn Ja'far-Sadiq (p), près de Médine. (En pièce joint un article concernant Imam Hassan(p))
Le 20 Safar : C'est l'anniversaire du quarantième jour du Martyre de l'Imam al-Hussain (p), le petit-fils du Prophète (psl). Ce jour marque aussi l'anniversaire de la venue du Compagnon Jâber Ibn Abdullâh al-Ançârî, à Karbalâ', pour visiter la tombe de l'Imam al-Hussain (p), le premier à avoir effectué cette visite depuis l'assassinat du petit-fils du Prophète (psl). Il est donc très recommandé de se rendre ce jour à Karbalâ', auprès de sa tombe. Ainsi depuis 14 siècle, chaque année des milliers des musulmanes participent à cette visite pieuse pour garder vivant à l`esprit le message du maitres des martyres Al-Hussein a savoir : Le vraie Djihad, le courage, la résistance et le sacrifice pour la cause d`Allah, la lutte contre les tyrans (comme son grand père (p) a ordonné) ,….
Derrière les affaires Sarkozy et Lafarge
Serge Marchand : Deux des affaires que vous évoquez dans Sous nos yeux. Du 11-Septembre à Donald Trumpfont actuellement l’objet de poursuites judiciaires en France. Pouvez-vous nous en parler ? Commençons par le financement présumé de la campagne électorale du président Sarkozy par la Jamahiriya arabe libyenne.
Thierry Meyssan : Durant l’attaque de la Libye, État souverain membre des Nations unies, par le Royaume-Uni, la France et leurs alliés, j’ai constitué à Tripoli un groupe de travail gouvernemental pour reconstituer les affaires qui pourraient être évoquées pour rappeler Paris à l’ordre. Nous avons rassemblé des preuves dans plusieurs affaires —libyennes, tunisiennes et égyptiennes— dont celle du financement de la campagne électorale présidentielle de 2007. Ce groupe comprenait notamment le fonctionnaire qui a opéré les versements en main propre aux émissaires de Nicolas Sarkozy.
Fabrice Arfi et Karl Laske ont poursuivi la même enquête [1]. Comme ils n’ont pas eu accès aux preuves de ce pacte, ils ont reconstitué en détail les circuits de transfert de fonds.
Contrairement à ce qui est paru dans la presse, il n’y a jamais eu de preuves écrites de cet arrangement, mais il existe des preuves audio. Elles sont aujourd’hui détenues par un collaborateur du Guide Mouamar Kadhafi qui a ainsi pu échapper à la vindicte de l’Otan et s’est réfugié aujourd’hui dans un autre État africain. Il existe par contre des traces de certains transferts de fond, que la Justice pourra aisément vérifier à partir des informations de Fabrice Arfi et de Karl Laske
Dans cette affaire, les poursuites pénales contre Nicolas Sarkozy sont légitimes car il a bien illégalement financé sa campagne électorale en violant le plafond prévu par la loi, en la finançant avec des fonds étrangers et au détriment de ses concurrents. Mais elles sont injustes car elles ne concernent que lui et pas un autre candidat qui a également bénéficié du même argent, quoique pour un montant de moitié du sien. Si l’on applique la loi, on doit l’appliquer à tous lorsqu’on a les éléments pour cela, ou laisser Monsieur Sarkozy tranquille.
Comme je l’ai souvent déclaré publiquement et écrit, Ségolène Royal s’est rendue coupable de la même infraction avec l’aide de l’ancien président du Conseil constitutionnel Maître Roland Dumas…
Serge Marchand : Dans votre livre, vous citez Ségolène Royal, mais pas le nom de Roland Dumas [2]…
Thierry Meyssan : Et bien c’est fait. D’un commun accord, l’éditeur français et moi avons masqué les noms de quelques personnalités françaises pour éviter qu’elles ne lancent des poursuites en diffamation. Mais ces noms sont lisibles dans les éditions étrangères. Je vais les publier sur notre site ce qui n’engagera pas la responsabilité juridique de mon éditeur. L’important est que les faits que j’ai relatés n’aient pas été contestés.
Au demeurant, je fais la différence entre Roland Dumas, le militant anti-impérialiste pour qui j’éprouve un profond respect, et le même Roland Dumas, aventurier, que nous traînons comme un boulet.
Je reviens à mon propos. Non seulement je ne considère pas en l’état les poursuites contre Nicolas Sarkozy comme justes, mais sachant que presque tous les autres candidats ont également cherché de l’argent d’autres gouvernements étrangers, et que ceci se pratique depuis des lustres, je pense qu’il a simplement été plus malin que ses concurrents et a obtenu plus qu’eux. Malheureusement ce système est la conséquence de notre conception erronée de la Démocratie. Un autre aspect, dont personne ne parle, me choque beaucoup plus : selon la totalité des collaborateurs du Guide, le président Sarkozy et Madame Royal ont tous deux pris l’engagement qu’une fois élus, ils feraient « annuler » la condamnation d’Abdullah Senussi dans l’affaire du vol 772 d’UTA.
Abdullah Senussi est le beau-frère de Mouamar Kadhafi et était le chef des services secrets intérieurs. Durant la guerre du Tchad, en 1989, il avait commandité cet attentat qui coûta la vie à 170 personnes. Tripoli considérait que c’était un acte de guerre et qu’il ne devait donc pas faire l’objet d’une condamnation pénale. Personnellement, je pense comme les magistrats français, que si c’était un acte durant la guerre ce n’était pas un acte de guerre car il était dirigé délibérément contre des civils. Au demeurant, chacun sait que Senussi et moi ne nous entendions pas du tout.
S’engager à « annuler » cette condamnation ne pouvait signifier qu’amnistier le condamné —ce qui est possible au plan constitutionnel, mais pas politiquement— ou pire, manipuler la Justice française —ce qui est contraire à la responsabilité constitutionnelle du président de la République—. Ce faisant, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal ont montré qu’ils étaient tous deux indignes de cette fonction.
Serge Marchand : La seconde affaire, c’est celle de Lafarge [3]. Cette société est poursuivie par d’anciens employés pour ne pas les avoir régulièrement payés et pour avoir acheté du pétrole à Daesh [4]. Laurent Fabius, pourrait être entendu dans le cadre de l’instruction.
Thierry Meyssan : Là encore, nous sommes en face d’une vaste hypocrisie. J’ignore si c’est le Parquet qui a limité ainsi l’instruction ou si ce sont les juges d’instruction eux-mêmes qui se sont rognés les ailes, à moins que tout cela ne soit instrumenté par les parties civiles. Le problème est complètement différent.
L’usine de Jalabiyeh (à la frontière turque, au nord d’Alep) ne fonctionnait pas au pétrole, mais au coke. Durant deux ans, les services secrets turcs, le MIT, ont affrété des trains pour la livrer en charbon.
Le quotidien Le Monde a reconnu que durant deux ans, l’usine fonctionnait à plein régime. Or, il n’était pas possible de transporter de marchandise de cette zone vers celle contrôlée par Damas, on avait arrêté toute construction civile dans la zone des jihadistes, et il n’y a pas d’exportation vers la Turquie. Alors pourquoi produire et qu’est devenu ce ciment ?
La réponse est simple. Il était utilisé par les jihadistes pour construire des fortifications [5]. On est alors passé à une guerre de position, non pas avec des tranchées, mais avec des bunkers souterrains. Cette stratégie avait été décrite par Abou Moussab « Le Syrien » dans son livre de 2004, La Gestion de la barbarie [6].
La quantité de ciment produite par Lafarge à Jalabiyeh et remise aux jihadistes est équivalente à celle utilisée par le Reich allemand pour construire la ligne Siegfried. Ce sont ces bunkers que l’armée de l’air russe est venue détruire avec des bombes pénétrantes.
En 2013, Daesh n’existait pas encore sous sa forme d’État non reconnu. Les jihadistes étaient divisés en de multiples groupes, mais leurs opérations militaires étaient coordonnées de facto par le centre de commandement des Forces terrestres de l’Otan (LandCom) à Izmir (Turquie). Ainsi ont-ils pu bénéficier des conseils des ingénieurs de l’Otan pour construire ces installations.
Laurent Fabius était évidemment un acteur de cette opération…
Serge Marchand : Nicolas Sarkozy y est-il aussi mêlé ?
Thierry Meyssan : Non, pas du tout. L’affaire Lafarge a débuté sous la présidence de François Hollande, l’ex-compagnon de Ségolène Royal. Le président Sarkozy avait conclu un accord de paix avec la Syrie après la libération de Baba Amr où les jihadistes avaient déjà proclamé un Émirat islamique.
À l’époque donc, Laurent Fabius et le général Benoît Puga pensaient que la France et ses alliés renverseraient la République arabe syrienne et placeraient au pouvoir le général Manaf Tlass [7]. Or, le frère de Manaf, Firas, était administrateur de l’usine de Jalabiyeh.
Serge Marchand : Tous deux sont les fils de l’ancien ministre syrien de la Défense, le général Moustapha Tlass.
Thierry Meyssan : Absolument, mais Moustapha Tlass, lui, ne s’est jamais dressé contre la République et n’a jamais soutenu les jihadistes.
Il importe de savoir que par le passé, Hillary Clinton avait été avocate, puis administratrice de Lafarge et qu’à l’époque de Saddam Hussein, cette société avait travaillé avec la CIA pour transporter illégalement des armes en Irak et préparer la guerre.
Évidemment, si l’instruction s’intéressait à ces faits, elle se heurterait immédiatement au Secret-Défense, seul moyen de protéger le gouvernement Hollande pour qu’il n’ait pas à rendre de compte sur la guerre qu’il a coorganisé en Syrie et sur ses relations avec les jihadistes.
Tous ces éléments et beaucoup d’autres sont présents dans mon livre. Je m’étonne qu’aucun magistrat n’ait eu la curiosité de le lire.
Serge Marchand : Je vous remercie.
La nouvelle attaque israélienne sur le Golan syrien
A Damas, le ministère de la Défense a confirmé une attaque israélienne contre l'une de ses positions dans la province de Qouneitra, proche du Golan occupé, qui a causé des dégâts matériels.
Trump essaie de confisquer la victoire contre Daech
Cette victoire de l'alliance dominée par les Kurdes, alliés à Washington, annonce "une nouvelle phase" en Syrie, a ajouté le président américain.
Cibles de multiples offensives, les militants armés du groupe Daech sont actuellement acculés dans leurs derniers fiefs en Syrie et voient s'effondrer le "califat" proclamé sur les régions conquises en 2014 à cheval entre l'Irak et la Syrie.
Les forces syriennes ont encore repris à Daech samedi une ville symbolique de la province de Homs, a rapporté l'agence officielle syrienne Sana.
"Nous allons rapidement évoluer vers une nouvelle phase dans laquelle nous soutiendrons les forces locales de sécurité, ferons retomber les violences en Syrie et mettrons en place les conditions pour une paix durable, afin que les terroristes ne puissent revenir menacer notre sécurité commune", a prévu M. Trump.
Il n'a pas mentionné quel sort Washington prévoyait pour le président syrien Bachar al-Assad, ni quelle influence serait laissée à Moscou dans ces négociations, deux questions qui chacune ont déjà fait capoter de précédentes discussions.
Alors que des capitales européennes exigent le départ d'al-Assad, M. Trump lui a insisté sur le fait que le processus de transition politique devait "respecter la volonté du peuple syrien".