Nous ne connaissons ce qui se passe au Levant qu’au travers de la propagande de guerre du pays dans lequel nous vivons. Nous ignorons les autres points de vue et, plus encore, comment nos armées se sont comportées. Pour démêler le vrai du faux, les historiens devront examiner les documents disponibles. Or, ce que nous dit la documentation militaire occidentale contredit les déclarations des politiciens et la narration des journaux. Ce n’est qu’en prenant conscience de l’existence de la stratégie du Pentagone depuis 2001 que l’on pourra comprendre ce qui s’est vraiment passé et pourquoi on en arrive aujourd’hui à de telles contradictions.

تقي زاده
"Les Irakiens manifesteront en masse contre l’ingérence US" (Moqtada al-Sadr)
Le blocage est total : alors qu'aux premiers jours des troubles en Irak, les États-Unis comptaient sur un virage radical des dirigeants politiques, quitte à provoquer la chute du gouvernement puis le changement du régime politique, leurs ingérences semblent avoir produit un effet totalement inverse. Le dirigeant chiite Moqtada al-Sadr qui appelait à la mi-octobre le PM Adel al-Mahdi à démissionner, en est désormais à mettre en garde les États-Unis contre "toute ingérence", tout en s'opposant à l'idée particulièrement perfide de la tenue des élections anticipées en Irak. Idem pour le dirigeant d'un autre courant politique chiite de poids , celui de Hakim qui a rejeté des élections anticipées. Ces derniers jours, l'Irak a connu plusieurs attaques anti-américaines et anti-Otan, ce qui prouve l'échec de la tentative de coup d'État US en Irak.
Dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 11 novembre, le leader du parti Sadr en Irak a exprimé sa ferme opposition à la tenue des élections anticipées, et ce, "sous les auspices américaines", en Irak, menaçant les troupes américaines basées en Irak.
« Si les États-Unis s’ingèrent une fois de plus dans les affaires de l’Irak, les Irakiens descendront en masse dans la rue contre leur présence. L'Amérique multiplie des actes d'ingérence dans les affaires irakiennes, mais l'Irak n'a qu'un seul propriétaire à savoir le peuple irakien. Il est majeur et vacciné et il est capable de décider de son sort par des voies démocratiques et pacifiques. Les Irakiens ne permettront pas à Washington de transformer leur pays en une autre Syrie », a-t-il prévenu avant de laisser éclater sa colère : « Assez d'ingérence dans nos affaires ! L'Irak a de grandes personnalités capables de défendre la patrie. Le pays n’a besoin ni de vous ni d’aucun autre pays pour gérer ses affaires ».
"Des missiles de précision et des drones du CGRI, "prêts au combat"
Le CGRI se renforce et se modernise de jour en jour. Lundi 11 novembre, le commandant en chef de la force terrestre du Corps des gardiens de la Révolution islamique, le général de brigade Mohammad Pakpour, l'a affirmé aux médias soulignant que les militaires placés sous son commandement ne cessent de renouveler leur arsenal et de l'optimiser.
« La force terrestre du CGRI est dotée d'équipements nouveaux et modernes dont des drones et de missiles de haute précision. cet arsenal qui fait peur aux ennemis, devra être utilisé par un effectif à la hauteur et c'est ce à quoi nous travaillons assidûment », a-t-il poursuivi.
Pourquoi le commandant en chef du CentCom s'est rendu en Israël ?
La guerre a été depuis toujours l'ultime recours pour Israël : alors que l'entité sioniste s'empêtre dans l'une des crises politiques les plus graves de toute son histoire, il vient d'ouvrir le front de combat à la fois en Syrie et à Gaza, histoire de faire croire qu'il est capable de "frapper" l'ennemi à la fois sur plusieurs fronts et que l'axe de la Résistance aussi étendu qu'il soit, ne pourrait l'en empêcher.
Mais en Israël tout le monde n'est pas du même avis que le clan Netanyahu. Commentant la double frappe d'Israël ce mardi matin contre Gaza et Damas, frappes où ont péri deux commandants du Jihad islamique de la Palestine, Abou Atta et Moaz al-Ajouri, le député sioniste Ofer Kassif affirmait ce matin sur Twitter que “pour sauver sa peau, Netanyahu revient à ce qu’il sait bien faire: tuer, détruire et inciter à la guerre.”
C'est sans doute vrai, mais ce qui est encore plus vrai, c'est que le régime israélien n'aurait pas décidé d'ouvrir un double front de combat contre l'axe de la Résistance, de son propre chef et sans coordination préalable avec les États-Unis.
Pourquoi les États-Unis ont gagné en Bolivie la bataille qu'ils ont perdue au Venezuela?
Depuis son exile mexicain, le président Eva Morales, victime d'un coup d'État made in US a remercié le peuple et le gouvernement mexicains pour l'avoir accueilli et avoir empêché qu'il soit assassiné par les agents à la solde de Washington à son domicile. Morales a promis de revenir. Selon des agences, c'est le chaos qui règne dans les rues de La Paz: le ministre bolivien de la défense a démissionné puisqu'il l'a dit dans un tweet, "l'armée ne veut retourner son arme contre les Boliviens". Morales a remporté une élection supervisée par plus de 200 observateurs internationaux. Alors qu'est-ce qui a motivé Trump et son secrétaire d'État, Mike Pompeo, à provoquer ce coup d'État?
L'échec de Trump à dominer l'Amérique latine
Une transition du socialisme en Amérique du Sud et en Amérique centrale est l'objectif principal des démocrates et républicains américains. La tentative de contrer la chaîne du socialisme en Amérique latine et de briser le système anti-impérialiste créé dans la région est le point commun de George W. Bush, Barak Obama et Donald Trump.
La présence de John Bolton et de Mike Pompeo aux côtés de Trump ces dernières années a amené de nombreux analystes américains à deviner une « chute du socialisme » et « une mort de la gauche » en Amérique latine. Ces analyses n'évoquaient même pas une éventualité de défaite de Trump dans cette bataille. Mais à la surprise générale, la mort politique de John Bolton s'est soldée par une renaissance du socialisme en Amérique latine.
Le Hezbollah confirme l'émergence d'une puissance balistique qu'est Ansarallah
Marche contre l'islamophobie dans des villes françaises
Les slogans se succèdent, mettant en cause expressément, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. La chaîne d’information en continue LCI est huée. «On est là, on est là même si Blanquer ne veut pas», clament les manifestants. Au même moment, d’autres défilés ont lieu, ailleurs en France comme à Toulouse ou à Marseille.
L’initiative, soutenue entre autres par la France insoumise et le NPA a été lancée après l’attaque de la mosquée de Bayonne, à travers une pétition publiée dans Libération, le 1er novembre. Parmi les organisateurs, le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) dont la présence a suscité les débats, la plate-forme L.E.S Musulmans de Marwan Muhammad, le comité Adama…
La marche rassemble au-delà des cercles strictement militants, rejointe par un nombre conséquent de non musulmans. Il y a beaucoup de familles musulmanes. Fonctionnaire territoriale dans le Val-de-Marne, Saïda, est venue avec ses enfants : «Quand j’arrive le matin au travail je retire mon voile, parce que c’est la laïcité.» «On sent les regards pesants quand on fait ses courses, quand on attend le bus, ajoute-t-elle. Ces derniers mois, ça a empiré avec les discours médiatiques, j’ai dû modifier ma façon de porter le foulard. On se sent cataloguées, réduites au foulard. Mais on sait que ce n’est pas ça la France.»
«On n’en est plus à la pensée et aux paroles, mais aux actes»
Pour Mina, le climat s’est aggravé : «On n’en est plus aux stéréotypes et aux préjugés, mais aux amalgames. On n’en est plus à la pensée et aux paroles, mais aux actes.» Elle manifeste avec son mari et leurs enfants, venus spécialement de Metz. «L’effet du foulard, on le ressent vraiment sur le marché du travail, ajoute Mina. Quand on envoie un CV avec une photo où l’on porte un voile, on a moins de chances de trouver.»
Marwan Muhammad est, lui, satisfait. «Nous sommes sans doute au-delà des dix mille manifestants», estime l’ancien porte-parole du CCIF - 13500 selon le cabinet de comptage Occurence, mandaté par plusieurs médias. A un moment de la manifestation, il fait scander «Allahu Akbar» par la foule. «On dit "Allahu Akbar" car on en a marre que des médias fassent passer cette expression religieuse pour une expression de guerre», explique-t-il.
Marwan Muhammad balaie de la main le débat qui se focalise autour du terme islamophobie. La polémique qui a lieu, ces derniers jours, a été menée, selon lui, pour «saborder la manifestation» et éviter d’aborder les vraies questions, celle de la discrimination grandissante des musulmans en France. «C’est le mot que les personnes qui manifestent aujourd'hui emploient, plaide-t-il. Pourquoi pas alors remettre en cause d’autres mots de la langue française !» Pour les manifestants, il ne s’agit d’interdire la critique d’une religion. Ce n’est pas l’avis d'une activiste se revendiquant Femen (sans l'accord du mouvement) qui a jeté le trouble en début de manifestation. «Le blasphème est un droit républicain», clame sa pancarte. Elle sera rapidement maîtrisée par le service d’ordre.
A quelques mètres de là, les manifestants s’agglutinent autour de l’humoriste Yassine Belattar pour faire des selfies. «Je n’ai pas foot», dit-il pour expliquer sa présence dans la manifestation parisienne, faisant allusion à François Ruffin qui a avancé ce prétexte pour ne pas se joindre aux manifestants. «Nous nous souviendrons de ceux qui nous ont fait faux-bond», ajoute-t-il.
«Jamais une manifestation antiraciste n’a été à ce point calomniée»
Des personnalités politiques défilent, elles aussi aux côtés des manifestants, comme la sénatrice EE-LV Esther Benbassa, le leader d’extrême gauche Olivier Besancenot, le communiste Ian Brossat, les Insoumis Jean-Luc Mélenchon, Clémentine Autain, Danièle Obono et Eric Coquerel.
«Jamais une manifestation antiraciste n’a été à ce point calomniée», lance ce dernier, place de la Nation, à l’arrivée de la manifestation. «Le front commun sera toujours plus fort que le Front national», clame, pour sa part, Yassine Belattar. Il enclenche une Marseillaise, reprise par la foule.
La résistance palestinienne riposte les attaques israéliennes
Mais le régime israélien ne manque pas d'air: selon SANA, l'armée syrienne a activé à 4 heures (heure locale) ses batteries de défenses anti-aériennes après que plusieurs missiles "ennemis" eurent visé un bâtiment non loin de l'ambassade du Liban à Dariya, à l'ouest de la capitale Damas.
Selon une source militaire à Damas, plusieurs missiles "ennemi", visiblement israéliens, ont visé la banlieue de l'aéroport militaire de Mezzeh, provoquant de nombreuses explosions dans l'ouest de la capitale. L'armée syrienne affirme avoir intercepté "plusieurs des missiles ennemis" dont "certains ont réussi à toucher les objectifs". SANA affirme pour le reste que la frappe a laissé deux morts et six blessés.
Source des photos: Fars News
Le site palestinien Arab48 citant les activistes des réseaux sociaux affirme de son côté qu'Israël visait à éliminer Akram al-Ajouri; haut membre du Jihad islamique de la Palestine. La source n'est pas en mesure de confirmer la mort du commandant mais son fils, membre du bureau politique du Jihad islamique a été tué en martyr.
Cette frappe contre Damas est une première, depuis fin août quand le régime israélien a visé un complexe du Hezbollah au sud de la capitale. Les batteries S-300 et S-400 russes assuraient jusqu'à une date fort récente la protection aérienne de la capitale. Certaines informations divulguées par les sources israéliennes faisaient état ces derniers jours de la désactivation des batteries S-400 à travers tout le territoire syrien. Cette information n'a pas été confirmée par les sources russes.
Pour les analystes politiques, cette frappe conjuguée d'Israël contre le Jihad islamique à Gaza et à Damas serait suivie de vastes ripostes anti-israélienne. Pour booster ses chances de succès, Netanyahu, englué dans une crise interne, ouvre ainsi les portes de l'enfer.
La force de la résistance devient une force considérable
« Le Yémen dispose aujourd’hui d’armes les plus sophistiquées, que ce soit des missiles ou des drones. Et les Yéménites ont aussi le courage de les utiliser », a-t-il ajouté.
D’après le secrétaire général du Hezbollah, à travers cette prise de position d’Abdel Malek al-Houthi, c’est « une puissance nouvelle » qui proclame son existence au sein de l’axe de la Résistance et cette puissance est le Yémen.
« Cette prise de position du leader d’Ansarallah marque une hyper-importante évolution ; non seulement l’axe de la Résistance, mais aussi et surtout l’ennemi, réalisent aujourd’hui l’importance de cette réalité », a souligné Nasrallah.
Netanyahu a décidé d'ajouter le Yémen dans la liste des États qui représentent une nouvelle menace pour le régime de Tel-Aviv.
Autre thème axial abordé par Nasrallah : l'Iran. Pour Hassan Nasrallah, le fantôme de la guerre qui planait ces derniers mois sur l’Iran aurait totalement disparu.
« L’Iran a su résister face aux sanctions et se trouve aujourd’hui dans une position de force. L’approche de Trump contre l’Iran a échoué. »
Sans mentionner le nom d’un pays en particulier, le secrétaire général du Hezbollah ajouté :
« Nous assistons aujourd’hui au changement de ton de certains pays de la région et du golfe Persique. (...) Certains s’étaient mis en position de confrontation face à l’Iran. Or, les sanctions et pressions pour faire revenir les Iraniens à la table des négociations ont toutes échoué. Trump attend depuis longtemps un appel de Téhéran. »
« Les calculs de Washington reposent seulement sur deux questions : argent et pétrole », a ajouté Hassan Nasrallah en allusion à la décision de Trump de maintenir [comme ils le prétendent] une partie des troupes américaines à l’est de l’Euphrate en Syrie, « en raison uniquement des puits de pétrole ».
Le secrétaire général du Hezbollah a également fait allusion à la situation au Liban où « les concertations sont en cours afin de trouver la meilleure solution pour le pays ». Seyyed Hassan Nasrallah a d’ailleurs précisé que le Hezbollah insistait sur la lutte contre la corruption, indépendamment des partis ou courants impliqués.
Dans la foulée, Nasrallah a affirmé que pour résoudre les problèmes du Liban il fallait redonner un nouveau souffle à la production.
Par la même occasion, Nasrallah a dénoncé « la politique américaine d’empêcher les entreprises chinoises d’investir au Liban ». Les États-Unis ne souhaitent pas, non plus, que les secteurs publics ou privés iraniens s’activent sur le marché libanais.
« En outre, les États-Unis ont mis en garde les entreprises libanaises, leur annonçant qu’elles n’auraient pas le droit de participer au processus de reconstruction en Syrie. Des hommes d’affaires et des représentants des entreprises en provenance de pays arabes se sont rendus en Syrie où ils ont découvert un grand potentiel d’activités économiques. De retour, ils ont reçu des messages menaçants, venant de l’ambassade américaine dans leurs pays respectifs. »
Nasrallah a affirmé que les sanctions imposées par la Maison-Blanche au Hezbollah ont eu des impacts sur la situation économique et le secteur bancaire au Liban. D’après Nasrallah, les menaces perpétuelles de Trump découragent les investisseurs. « Or, le Hezbollah a toujours réitéré que les intérêts nationaux du Liban doivent passer avant tout », a-t-il aussi rappelé.
« En Irak aussi, l’une des raisons qui a provoqué l’ire des États-Unis contre le Premier ministre Adel Abdel Mahdi est sa visite en Chine pour signer des contrats économiques et commerciaux avec Pékin », a rappelé Nasrallah.
« Les Américains ne vont pas abandonner la politique de pressions. Ils l’ont utilisée contre les Irakiens, pour empêcher la réouverture du passage d’Abou Kamal [Qaëm-Abou Kamal]. Ils savent bien que grâce à la réouverture de ce passage frontalier, le secteur économique aussi bien en Syrie qu’au Liban prendra un nouvel élan », a conclu le secrétaire général du Hezbollah.
Les insolubles contradictions de Daesh et du PKK/YPG
- Le remodelage du Levant selon l’état-major du Pentagone au Levant. Cette carte a été décrite par le colonel Ralph Peters dans un article, le 13 septembre 2001, mais il ne l’a publié qu’en 2006.
Nous ne comprenons pas ce qui se passe au Nord de la Syrie parce que nous croyons a priori qu’un combat y opposait les méchants jihadistes de Daesh aux gentils Kurdes du PKK/YPG. Or, c’est absolument faux. Cette lutte n’existait que pour limiter leurs territoires respectifs ou par solidarité ethnique, jamais pour des raisons idéologiques ou religieuses.
Par ailleurs, nous ne voyons pas le rôle qu’a joué Donald Trump. La presse passant son temps à insulter le président élu des États-Unis, on ne peut compter sur elle pour analyser et comprendre sa politique au Moyen-Orient élargi. Il a pourtant une ligne directrice claire : la fin de la doctrine Rumsfeld/Cebrowski, héritage du 11-Septembre. Il s’oppose en cela à ses généraux —tous formés sous les mandats Bush Jr et Obama à régenter le monde— et à la classe politique ouest-européenne.
Pour comprendre ce qui se passe, il faut prendre les faits en amont et non pas en aval. Revenons au plan élaboré par le Pentagone au début de l’administration Bush, en 2001 et révélé, deux jours après les attentats du 11-Septembre, par le colonel Ralph Peters dans Parameters [1], la revue de l’Armée de Terre US : le « remodelage » du monde, à commencer par le Moyen-Orient élargi. Ce plan fut confirmé un mois plus tard, par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, qui nomma son principal concepteur, l’Amiral Arthur Cebrowski, directeur du Bureau de Transformation de la Force. Il fut explicité par l’assistant de ce dernier, Thomas Barnett, en 2005, dans The Pentagon’s New Map [2]. Et illustré par le même Ralph Peters lorsqu’il en publia, en 2006, la carte dans l’Armed Forces Journal du premier épisode : ce que devait devenir le Moyen-Orient élargi [3]. Compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain, elle fit l’objet d’un amendement publié par une chercheuse du Pentagone, Robin Wright, dans le supplément dominical du New York Times [4], en 2013.
Selon ces documents cinq États devaient être démembrés en quatorze entités : la Syrie et l’Iraq, le Yémen, la Libye et l’Arabie saoudite.
- Carte publiée par Robin Wright en 2013, c’est-à-dire un an avant la transformation de Daesh et avant celle du PKK/YPG.
Concernant la Syrie et l’Iraq, ces deux États devaient être divisés en quatre. La carte publiée en 2013 dessine les contours d’un « Sunnistan » et d’un « Kurdistan », tous deux à cheval sur les deux États actuels. L’année suivante, le premier a été créé par Daesh, le second par le YPG. Au moment où cette carte a été publiée, Daesh n’était qu’une minuscule organisation terroriste anti-syrienne parmi des centaines d’autres ; tandis que le YPG était une milice pro-gouvernementale dont les salaires des combattants étaient payés par la République arabe syrienne. Rien sur le terrain ne permettait de prévoir la création du Califat et du Rojava voulue par le Pentagone.
Le quotidien kurde turc Özgür Gündem [5] a publié le relevé de décision de la réunion au cours de laquelle la CIA a préparé la manière dont Daesh envahirait l’Iraq depuis Raqqa. Ce document indique que Masrour « Jomaa » Barzani, alors chef du Renseignement du gouvernement régional du Kurdistan iraquien, participait à cette réunion de planification, le 1er juin 2014, à Amman (Jordanie). Il est devenu le Premier ministre du gouvernement régional du Kurdistan iraquien en juillet dernier.
Il importe de retenir que, selon la carte de Robin Wright, le « Kurdistan » US devait inclure le Nord-Est de la Syrie (comme le « Kurdistan » français de 1936) et la région kurde d’Iraq (ce que les Français n’avaient pas envisagé).
Le soutien du gouvernement régional du Kurdistan iraquien à l’invasion de l’Iraq par Daesh est incontestable : il a laissé les jihadistes massacrer les Kurdes de religion yazidie au Sinjar et réduire leurs femmes en esclavage. Ceux qui ont été sauvés l’ont été par des Kurdes turcs et syriens venus spécialement sur place leur prêter main-forte sous l’œil goguenard des peshmergas, les soldats Kurdes iraquiens.
Daesh a commis quantité d’atrocités, imposant son règne par la terreur. Il a pratiqué un nettoyage religieux contre les Kurdes yazidis, les Chrétiens assyriens, les Arabes chiites etc. Ces « rebelles » ont bénéficié de l’aide financière et militaire de la CIA, du Pentagone et d’au moins 17 États, ainsi que l’ont rapporté, documents à l’appui, les quotidiens bulgare Trud [6] et croate Jutarnji list [7]. Avec un personnel dûment formé à Fort Benning (USA), Daesh a prélevé des impôts et ouvert des services publics jusqu’à se constituer en « État » bien que nul ne l’ait reconnu comme tel.
Nous ne savons pas comment le PKK s’est transformé en 2005 d’un parti politique marxiste-léniniste pro-soviétique en une milice libertaire et écologiste pro-atlantiste. Et encore moins comment le YPG syrien a opéré sa mue, en 2014. Il est passé sous le commandement opérationnel d’officiers turcs du PKK et de l’Otan. Selon le côté de la frontière turco-syrienne, le PKK-YPG est internationalement qualifié différemment. S’il est positionné en Turquie, c’est « une organisation terroriste », mais s’il se trouve en Syrie, il devient « un parti politique d’opposition à la dictature ». Pourtant jusqu’en 2014, il ne voyait pas de dictature en Syrie. Il se battait pour la défense de la République arabe syrienne et le maintien du président Bachar el-Assad au pouvoir.
Le YPG a respecté les lois de la guerre et n’a pas commis d’atrocités comparables à celles de Daesh, mais il n’a pas hésité à nettoyer ethniquement le Nord-Est syrien pour créer le « Rojava », ce qui constitue un crime contre l’humanité. Il a spolié et expulsé des centaines de milliers d’Assyriens et d’Arabes. Il croyait se battre pour son peuple, mais il ne faisait que réaliser les rêves du Pentagone. Pour cela, il a publiquement bénéficié de l’armement du Pentagone ainsi que l’hebdomadaire britannique des marchés militaires Jane’s [8] et le quotidien italien Il Manifesto [9] l’ont montré, et de la France, ainsi que François Hollande l’a révélé. Le Rojava n’a pas eu le temps de fusionner avec la région kurde d’Iraq.
Après la chute du Califat, entre autres sous les coups du PKK/PYG, celui-ci a demandé l’autorisation du gouvernement de Damas de traverser les lignes de l’armée arabe syrienne pour voler au secours des Kurdes du Nord-Est menacés par l’armée turque. Ce qu’il a obtenu. Mais lorsque le PKK/YPG s’est déplacé, il faisait transiter des officiers de Daesh en fuite qui ont été arrêtés par la République arabe syrienne.
Ces documents et ces faits ne nous disent pas quels protagonistes ont raison ou tort, c’est une autre question. Nous voulons juste relater comment des hommes ont été manipulés et conduits à faire ce qu’ils n’auraient pas dû.
Sur le terrain, il est impossible d’être à la fois contre Daesh et pour le PKK/YPG sans tomber dans d’irréconciliables contradictions.
Les actes de Donald Trump ont consisté à détruire les pseudos-États fabriqués par le Pentagone : le Califat et le Rojava ; ce qui ne signifie ni la fin de Daesh, ni celle du PKK/YPG.
[1] “Stability, America’s Ennemy”, Ralph Peters, Parameters, Winter 2001-02, pp. 5-20. Également in Beyond Terror : Strategy in a Changing World, Stackpole Books.
[2] The Pentagon’s New Map, Thomas P. M. Barnett, Putnam Publishing Group, 2004.
[3] “Blood borders - How a better Middle East would look”, Colonel Ralph Peters, Armed Forces Journal, June 2006
[4] “Imagining a Remapped Middle East”, Robin Wright, The New York Times Sunday Review, 28 septembre 2013.
[5] « Yer : Amman, Tarih : 1, Konu : Musul », Akif Serhat, Özgür Gündem, 6 juillet 2014.
[6] “350 diplomatic flights carry weapons for terrorists”, Dilyana Gaytandzhieva, Trud, July 2, 2017.
[7] “TAJNA LETOVA JORDANSKIH AVIONA S PLESA Sirijski pobunjenici dobivaju oružje preko Zagreba !”, Krešimir Žabec, Jutarnji list, 23 veljača 2013. « TRANSFER HRVATSKOG ORUŽJA POBUNJENICIMA U SIRIJI Sve je dogovoreno prošlog ljeta u Washingtonu ! », Krešimir Žabec, Jutarnji list, 26 veljača 2013. “VIDEO : JUTARNJI OTKRIVA U 4 mjeseca za Siriju sa zagrebačkog aerodroma Pleso otišlo 75 aviona sa 3000 tona oružja !”, Krešimir Žabec, Jutarnji list, 7 ožujak 2013. “PUT KROZ ASADOVU SIRIJU Nevjerojatna priča o državi sravnjenoj sa zemljom i njezinim uništenim ljudima : ’Živote su nam ukrali, snove ubili...’”, Antonija Handabaka, Jutarnji list, 9 ožujak 2013.
[8] “US arms shipment to Syrian rebels detailed”, Jeremy Binnie & Neil Gibson, Jane’s, April 7th, 2016.
[9] “Da Camp Darby armi Usa per la guerra in Siria e Yemen”, Manlio Dinucci, Il Manifesto, 18 aprile 2017. Version française : « De Camp Darby, des armes US pour la guerre contre la Syrie et le Yémen », Traduction Marie-Ange Patrizio, Réseau Voltaire.
Les USA se vengent de son cuisant échec au Venezuela
Après avoir lamentablement échoué au Venezuela, les Etats-Unis se défoulent en Bolivie: Dans la nuit de dimanche à lundi, le commandant en chef de l'armée bolivienne, le général Williams Kaliman, a exigé au président Evo Morales de démissionner «pour le bien de la Bolivie», une Bolivie qui quelques jours plutôt avait réélu Morales avec 47.07% des voix contre 36.51% allant à son adversaire centriste, soit 10 points d'écart.
«Après avoir analysé la situation conflictuelle interne, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie», a déclaré le général que cite ce matin et largement la presse mainstream. Dans un tweet le président Morales que certaines sources affirment être ne route pour demander de l'asile en Argentine ou en Mexique dit: " La police avait l'intention de m'arrêter illégalement. Les groupes de pression se sont attaqués à mon domicile. C'est un coup d'État qui foule au pied la loi". Ce matin, les fauteurs de trouble se trouvaient toujours dans les rues de La Paz et les sources bien informées évoquent des arrestations de masse des pro-Morales.