تقي زاده

تقي زاده

C'est désormais une habitude : à l'approche de chaque rencontre Poutine-Netanyahu, les Israéliens ressortent les images-satellites des S-300 déployés çà et là en Syrie et la rencontre prévue le 21 février ne fait pas exception à la règle. Ce 19 février, la société israélienne ImageSat International (ISI) a publié une nouvelle image satellite montrant les positions du système S-300 de l’armée syrienne dans la région de Masyaf. Selon l’image fournie et l’évaluation de la société, trois des quatre lanceurs S-300 seraient « probablement » opérationnels. A quoi joue Israël? les analystes estiment que par ce genre de "révélation" le PM israélien veut faire comprendre au président russe qu'Israël a bien réussi de localiser les batteries de missiles antimissiles et que partant, il pourrait les frapper. 

Les images satellites précédentes de Masyaf avaient été publiées par la même société le 5 février. Il s’agissait de la première image montrant des lanceurs S-300 debout. Par conséquent, il a été suggéré que le système fourni par la Russie devenait opérationnel.

Selon le journal The Times of Israel, la société ImageSat International a fondé cette évaluation sur plusieurs images de la batterie antiaérienne, qui montraient trois de ses quatre lanceurs en position relevée, indiquant qu’ils étaient probablement prêts à être utilisés par l’armée syrienne.

« Les images des trois lanceurs dressés en Syrie indiquent qu’ils sont probablement opérationnels », écrit la société israélienne sur son site internet.

Le quatrième lanceur, qui n’a pas été vu dans une position surélevée, ne semble pas être opérationnel, selon ISI. La société d’imagerie par satellite a déclaré qu’il s’agissait « peut-être d’une maquette ou de quelque chose d’autre qui servirait de leurre ».

Israël a menacé de détruire le système S-300 s’il était utilisé contre ses avions de combat, quel que soit le contrecoup potentiel que Tel-Aviv subirait de la Russie, qui a doté la Syrie d’une puissante batterie de défense aérienne.

Le journal libanais Al-Binaa a fait une liaison entre l’attentat terroriste contre un bus du CGRI sur la route reliant Khash à Zahedan, au sud de l’Iran, et les nouvelles tentatives des États-Unis de vouloir réhabiliter Daech aux frontières de l’est de l’Iran, sans manquer de souligner que l’Iran dispose de moyens et instruments efficaces pour neutraliser tous les complots.

Dans un article intitulé « Est-ce que les Américains ont commencé à transférer Daech aux alentours de l’Iran ? », le journal Al-Binaa a écrit que l’Iran, par ses propres moyens, est en mesure de déjouer les complots de Washington visant à déstabiliser les frontières iraniennes.

Selon le journal libanais, les dirigeants militaires américains au Pentagone et au Moyen-Orient sont tous unanimes sur la durée de préparation des terroristes de Daech avant qu’il ne reprenne les armes. Cette durée serait au maximum six mois. 

Wafiq Ibrahim, l’auteur de l’article estime que « ce qui est surprenant est que même le Pentagone confirme le fait que Daech est encore actif, qu’il actualise ses activités et sa nouvelle géographie et qu’il dispose de sources d’investissement secret dans certains pays, outre l’argent liquide dont il dispose».

« Au début, les médias et les sources de renseignement ont annoncé que plus de 40 000 terroristes de Daech déployés dans le nord de la Syrie, avaient été déplacés vers l’extrême sud du pays via l’est. Vous avez le droit de demander où est-ce qu’ils sont allés ? Et qui est-ce qui les a transférés ? Et comment ils se sont absentés par la magie d’une sorcière américaine ? Il suffit d'énumérer la nationalité des terroristes pour comprendre à quel point le cocktail américain est varié : les terroristes sont d’origine chinoise, russe, française, britannique, allemande, belge, albanaise, kosovare, indienne, pakistanaise, turque, tunisienne, irakienne, syrienne, égyptienne, maghrébine, indonésienne, turque, canadienne, australienne et encore plus», précise l’article..

Le Conseil démocratique syrien (branche politique des FDS, soutenus par les USA, NDLR) appelle Le Caire au secours pour contrer une invasion de la Turquie qui selon le Conseil, ne tardera pas à se produire. Mais Le Caire acceptera-t-il la demande des Kurdes de Syrie de déployer des troupes dans le nord-est de la Syrie? Depuis le début de la guerre, l’Égypte n'a cessé de défendre le maintien de l'unité territoriale et la souveraineté syrienne et n’a pas coupé ses relations diplomatiques avec Damas. L’Égypte fait aussi partie des pays arabes qui n’ont pas soutenu les groupes terroristes dans le conflit syrien, mais qui a, au contraire, encouragé le gouvernement de Damas dans sa lutte contre le terrorisme. 

« Le Conseil démocratique syrien, branche politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), est prêt à envisager le déploiement de troupes égyptiennes dans des zones situées à l’est de l’Euphrate afin d’empêcher toute éventuelle attaque de la part de la Turquie », a déclaré Riad Darar, co-président du Conseil, le 17 février, à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), vitrine médiatique de l’opposition syrienne pro-occidentale. 

Riad Darar, co-président du Conseil démocratique syrien. ©ANHA

« Nous pouvons nous coordonner avec la partie égyptienne pour permettre un déploiement de troupes dans l’est de l’Euphrate ; elles peuvent être présentes de plusieurs manières, nous pouvons nous entendre sur ce point », a-t-il déclaré.

Le Conseil démocratique syrien contrôle le nord-est de la Syrie avec le soutien direct de la coalition dirigée par les États-Unis. L'appel, affirme le Conseil, s'explique par le fait que "la Turquie a commencé à préparer une invasion contre toutes ces régions à la suite de la décision du président américain Donald Trump de vouloir retirer les troupes américaines de Syrie".

M. Darar a déclaré qu’il comprenait bien que la Turquie n'accepterait aucun contact entre eux (les Kurdes) et l'Égypte. Cependant, il a souligné qu'il était dans leur droit de communiquer avec toutes les parties susceptibles de « protéger leur avenir », en particulier l'Égypte, qui entretient des liens historiques avec la Syrie.

« Nous avons toujours voulu ouvrir un bureau en Égypte pour établir des relations avec le ministère égyptien des Affaires étrangères… Nous sommes prêts à nous rendre en Égypte à tout moment qui conviendrait à nos frères égyptiens », a ajouté le responsable kurde.

Plusieurs autres pays arabes, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis prétendent avoir l’intention de contrer l’influence croissante de la Turquie en Syrie. La perspective d'une implication égyptienne dans la guerre, sous prétexte d'une assistance à apporter aux Kurdes face à la Turquie, est toutefois une arme à double tranchant, affirment les analystes. Pas plus tard que ce mercredi 20 février, Bouthaina Shaaban, la conseillère du président syrien a affirmé que les Kurdes font partie intégrante du tissu démographique et sociale de la Syrie et que c'est à l'État syrien de les soutenir face à la Turquie. L'appel lancé par les Kurdes ne serait que potentiellement nuisible aux relations plutôt cordiales qu'entretient l'Égypte avec Damas, Riyad ayant désormais la mission d'empêcher la normalisation des liens de Damas avec le monde arabe pour bloquer le processus de reconstruction syrienne. 

Le ministère russe de la Défense a annoncé que les navires de guerre russes supervisaient les agissements du destroyer américain, Donald Cook, équipé de missiles « Tomahawk ».

Le ministère russe de la Défense surveille les agissements du destroyer américain qui est entré en mer Noire.

L’échec de l’opération commando israélienne à Khan Younès en novembre dernier a provoqué la démission surprise du commandant de l’unité d’élite des forces spéciales d’Israël. Les militaires israéliens sont tombés en effet dans un piège tendu par les combattants des brigades Qassam alors qu'ils tentaient de s’infiltrer à Khan Younès. Un haut commandant israélien a été tué et plusieurs autres militaires ont été blessés.

Ce qui s’est passé dimanche 11 novembre 2018 au soir sur les frontières du territoire occupé de la Palestine avec Gaza n’a rien de moins qu’un séisme : alors que le régime de Tel-Aviv croit pouvoir rayer de la carte la Palestine, en s’affichant en public en compagnie de ses amis au sein des monarchies arabes, les Palestiniens, eux, renforcent leurs capacités de défense et se dotent de nouvelles capacités.

Le 11 novembre dernier, un commando de terreur de l’armée israélienne s’est infiltré à l’est de Khan Younès ayant pour mission la liquidation des commandants du Hamas. À peine franchie la frontière, les forces d’élite israéliennes sont tombées dans une embuscade qui a, selon les sources israéliennes, coûté la vie à un haut commandant israélien. En effet, les combattants de la Résistance palestinienne ont bravement repoussé l’opération commando de l’armée israélienne qui a tourné au fiasco. 

À peine trois mois après cette grande défaite, le commandant de Sayeret Matkal finit par céder.

« Le colonel H, finira son travail dans deux mois et, à une étape rare, ne continuera pas à servir dans les rangs des forces armées israéliennes et annoncera sa démission », a annoncé Yediot Aharonot.

L’information selon laquelle le commandant de l’unité d’élite des forces spéciales israéliennes (Sayeret Matkal) ne veut plus continuer à servir dans l’armée est considérée comme une « nouvelle inhabituelle ».

Le départ du colonel H. intervient quelques mois après l’incident de Khan Younès, où le lieutenant-colonel M., qui avait servi dans une unité spéciale et dont la photo n’avait pas été publiée, avait été tué par les combattants de la Résistance palestinienne.

L’ambassade américaine à Bagdad a annoncé que les troupes américaines quitteraient l’Irak si le gouvernement irakien le leur demandait. Mais les Américains iront-ils quitter l'Irak si facilement? Plusieurs cas d'enlèvement ont été rapportés ces derniers jours dans des provinces irakiennes de Karbala et de Salaheddine, ce qui a provoqué la réaction du secrétaire général du mouvement Asaïb Ahl al-Haq qui estime que ces enlèvements pourraient être "l'oeuvre des mercenaires à la solde des États-Unis, rien que pour justifier le maintien de la présence des troupes US en Irak après leur retrait de Syrie. Ces enlèvements visent à surtout à créer l'illusion d'une instabilité croissante en Irak", affirme Qais al-Khazali, dont le mouvement est l'une des principales composantes des Hachd al-Chaabi. 

Alors même que le Parlement irakien s'apprête à revoir la présence US en Irak, et que le Premier ministre Adel Abdel al-Mahdi a très clairement annoncé que l'État irakien n'a permis à aucune présence étrangère d'avoir des bases militaires sur le sol irakien, les propos du chargé d’affaires de l’ambassade américaine à Bagdad, Joey Hood sont bien significatifs. Mardi 19 février, il a déclaré que les troupes américaines et de l'OTAN quitteront l’Irak en cas de la demande de Bagdad » en ajoutant aussitôt que la présence américaine sur le territoire irakien "répondait à la demande de Bagdad".

Contrairement à l’indifférence à l’égard des yeux crevés, des mains arrachées et des corps mutilés des Français durant ces trois mois d’intenses protestations sociales, l’affaire du philosophe Finkielkraut continue à faire polémique au sein du pouvoir en France. Il semblerait donc qu’on est loin d’en finir avec la simple injure de « sale sioniste » à Finkielkraut. Après le rassemblement contre l’antisémitisme du 19 février auquel a participé le Premier ministre français Édouard Philipe au côté de 18 de ses ministres, le CRIF, principal lobby israélien en France, exige au président français, Emmanuel Macron, de trouver un moyen de mettre un terme aux manifestations des Gilets jaunes.

Après plusieurs trois mois d’indifférence par rapport aux cris de colère du peuple français, Macron a directement réagi suite à une injure, jugée d’antisémite par les médias mainstream, le gouvernement de Macron et les lobbys israéliens, adressés au soi-disant philosophe Alain Finkielkraut, le samedi 16 février, en marge de la manifestation des Gilets jaunes.

Un Finkielkraut sioniste et raciste notoire, qui avait déclaré dans le journal Haaretz du 18 novembre 2005 : « Ce pays [la France] mérite notre haine ». Dans la même interview, il avait également vilipendé l’équipe de France de football pour ses nombreux joueurs d’origine africaine, disant que « l’équipe nationale est aujourd’hui black-black-black, ce qui en fait la risée de toute l’Europe ».

Les États-Unis vont-ils abandonner la carte kurde ou s'en serviront-ils pour piéger leurs alliés européens?  «Les Etats-Unis interdisent à leurs alliés d’investir» dans la reconstruction des territoires qui se trouvent sous contrôle du gouvernement syrien, mais encouragent les investissements dans les zones à l’est de l’Euphrate en vue d’y créer une sorte d’État, a ainsi estimé ce mardi 19 février le chef de la diplomatie russe. En effet, comme l'indique Lavrov, les États-Unis cherchent à mettre en place un «quasi-État» à l'est de l'Euphrate et investissent déjà des moyens à cette fin. Leur objectif, et cela devient de plus en plus évident, est de diviser la Syrie et de créer sur la rive est un quasi-État, ils y investissent déjà leurs moyens, et notamment ils forcent leurs alliés à payer l'aménagement de cette partie de la Syrie».

C'est dans ce même sens que les Américains viennent de demander à leurs alliés européens de rester en Syrie, quand bien même, eux, les déclencheurs de la guerre quitteraient le sol syrien. Bref, les Américains comptent pousser leurs alliés de l'OTAN à s'occuper du sale boulot et à faire face à l'armée syrienne et à ses alliés dans le nord et l'est de la Syrie et à en subir les conséquences. Ce tableau est loin d'être prometteur pour une France dont le QG du renseignement vient d'exploser à Raqqa au nord de la Syrie. Mais la France, la Grande-Bretagne tout comme autres alliés des USA ont-ils le choix de ne pas suivre l'oncle SAM? 

 
Le vice-secrétaire général du Conseil mondial du rapprochement des écoles islamiques a participé à la première réunion des ''Mardis du rapprochement islamique''.
 
 

Selon l'agence Taghrib (APT), Sayed Ahmad Zarhani vice-secrétaire général du Conseil mondial du rapprochement des écoles islamique chargé des affaires stratégiques a remercié au début de ses propos les efforts des journalistes de l'agence Taghrib (APT) pendant la 32ième  conférence de l'Unité islamique.

Indiquant le passé du rapprochement islamique, M Zarhani a dit:le rapprochement a de nombreuses racines dans le noble coran et dans la Sunna. De nombreux versets coraniques invitent les musulmans à la fraternité et à la coopération entre eux. Cela a un passé considérable et un terrain fertile au cours de cette dernière année.

Avec l'apparition de Sayed Jamal Assadabadi, des questions comme l'unité du monde musulman, recourir au noble coran, la création de la convergence entre les pays islamique et la résistance contre la colonisation par l'Europe ont été surgies. En fait, Sayed Jamal Assadabadi est la source d'une grande évolution et une renaissance dans le monde musulman, a-t-il précisé.

Le rapprochement est le point contraire du takfirisme et de la globalisation. La cadre présentée par Sayed Jamal Assadabadi a intéressé de grandes personnalités comme Mohammad Abdah, Kavakebi et d'autres grandes personnalités du monde musulman, a-t-il suivi.

M. Zarhani a donné des explications sur la constitution de l'institution du rapprochement islamique en Egypte. Au début, l'ayatollah Brodjerdi a envoyé l'ayatollah Taleghani en Egypte. Il avait un court séjour en Egypte, en suite, cheikh Mohammad Taghi Qomi a été envoyé à Al-Azhar. Il connaissait bien la langue arabe et le Fiqh des écoles islamiques. Il a mené de bonnes activités pour réduire les divergences entre les écoles islamiques. L'Egypte a bien accueilli cette personnalité. De grandes personnalités dont cheikh Shaltout lui ont demandé de prolonger son séjour en Egypte. Cette présence a été la source de la constitution de l'institution du rapprochement islamique en Egypte, a-t-il marqué.

Avec la victoire de la Révolution islamique, le rapprochement islamique est entré dans une nouvelle période. Le défunt Imam Khomeiny a présenté des pensées qui défendaient la lutte contre la colonisation, le soutien de la Palestine et l'unité des musulmans. Dans ce sens, il a instruit des élèves comme le martyr Beheshti et le Guide suprême de la Révolution islamique, a-t-il continué.

Après la disparition de l'Imam Khomeiny, le Guide suprême de la Révolution islamique s'est chargé de ses responsabilités. La création du Conseil mondial du rapprochement des écoles islamiques est une des importantes mesures de l'ayatollah Khamenei. Depuis sa jeunesse, l'honorable l'ayatollah Khamenei a bien connu des courantes du rapprochement islamique, a-t-il ajouté.

Alors que la Turquie s’était économiquement rapprochée de la Chine pour résoudre sa crise économique, elle a publiquement dénoncé la répression des Ouïghours en s’appuyant sur de fausses informations. Beijing a répliqué très sèchement. Tout se passe comme si, une fois Daesh disparu en Iraq et en Syrie, Ankara reprenait les actions secrètes pour le compte de la CIA, cette fois au Xinjiang.

Jihadistes chinois ouïghours en Syrie.

Depuis plusieurs semaines, la presse turque évoque le sort des Ouïghours, cette population turcophone et musulmane de Chine. Les partis politiques d’opposition, y compris les kémalistes, ont dénoncé à qui mieux mieux la répression Han de cette minorité et de sa religion.

Cette effervescence fait suite 
- Au rapport de la Jamestown Foundation sur les « 73 centres de détention secrets chinois » [1] ; 
- À la campagne de Radio Free Asia, qui a diffusé de nombreux interviews d’anciens prisonniers des camps chinois et est allée jusqu’à prétendre que la Chine interdisait le Coran (sic) [2] ; 
- À la campagne, lancée le 13 novembre 2018, par les États-Unis et leurs alliés au Conseil des Droits de l’homme de Genève contre la répression de l’islam en Chine [3] ; 
- Et à l’audition, organisée à Washington le 28 novembre 2018, par le sénateur Marco Rubio (R-FL) et le représentant Chris Smith (R-NJ) devant la Commission conjointe du Congrès et de l’Exécutif sur la Chine (Congressional-Executive Commission on China — CECC) sur « La répression des religions par le Parti communiste chinois » [4]. On y apprenait qu’un à trois millions d’Ouïghours seraient soumis à des tortures électriques dans des camps de rééducation. 
- Ces imputations ont été reprises par Amnesty International et Human Rights Watch.

 

C’est dans ce contexte que le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a publié le 9 février 2019 un communiqué dénonçant officiellement la « sinisation (…) des identités ethniques, religieuses et culturelles des Turcs Ouïghours » et la mort en prison du célèbre poète Abdurehim Heyit qui y purgeait « huit ans » de réclusion « pour une de ses chansons » [5].

Cette prise de position a éclaté comme un coup de tonnerre entre Ankara et Beijing : depuis que le président Donald Trump avait retiré le soutien US à l’économie turque, le pays s’était tourné vers la Chine, en août 2018, et ne peut plus vivre sans elle.

Le lendemain soir, la Chine publiait une vidéo de 26 secondes du prétendu mort. Il y déclarait : « Mon nom est Abdurehim Heyit. Aujourd’hui est le 10 février 2019. Je fais l’objet d’une procédure d’investigation pour suspicion de violation des lois nationales. Je suis maintenant en bonne santé et je n’ai jamais été abusé ».

 

Le surlendemain, 11 février, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, se livrait à une sévère critique des « erreurs » et de « l’irresponsabilité » de la Turquie [6].

Si l’emprisonnement d’au moins 10 000 Ouïghours impliqués dans des activités terroristes est attesté, le chiffre de 1 à 3 millions de prisonniers ne l’est absolument pas.

Déjà le 1er juin 2017 et le 13 décembre 2018, le gouvernement chinois avait diffusé deux documents, l’un sur Les Droits de l’homme au Xinjiang [7] et l’autre sur La Protection de la Culture et le Développement au Xinjiang [8].

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Détenus islamistes au camp de déradicalisation de Lop.

Cependant, le Parti communiste ne sait pas trop comment gérer l’islam politique. Il aborde cette question avec un passé particulier, celui de la Révolution culturelle et de l’interdiction non pas de l’islam, mais de toutes les religions. Après avoir établi la liberté en la matière, il voit resurgir les divisions de la Guerre civile, et les attentats jihadistes se multiplier [9]. Le 1er février 2018, il a lancé une nouvelle politique religieuse visant à assimiler l’islam en supprimant certaines pratiques identitaires [10]. Ainsi les membres du Parti doivent montrer l’exemple en refusant de manger halal. Il n’en reste pas moins que 24 400 mosquées sont ouvertes au Xinjiang pour les 13 millions de musulmans.

Depuis vingt-cinq ans, des organisations ouïghoures revendiquent de créer un État indépendant, d’abord laïque et désormais « islamique » (au sens politique et non pas religieux des Frères musulmans), le Turkestan oriental (selon l’appellation médiévale du Xinjiang). Elles ont immédiatement bénéficié du soutien de la CIA contre les autorités de Beijing.

- En 1997, le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) est créé et part se former en Afghanistan auprès des Talibans et de certains éléments d’Al-Qaïda. Il ressortit à l’islam politique et est directement financé par la CIA. 
- En septembre 2004, un « gouvernement du Turkestan oriental en exil » est fondé à Washington par Anwar Yusuf Turani. Il reconstitue l’alliance du Kuomintang avec le Dalaï Lama et Taïwan, dans le prolongement de la guerre civile chinoise (1927-1950). 
- En novembre de la même année, un Congrès mondial des Ouïghours est créé à Munich, dont Rebiya Kadeer deviendra présidente. Il promeut un séparatisme ethnique. 
Ces deux dernières entités sont financées par la National Endowment for Democracy, une agence des « Cinq Yeux » [11].

De graves émeutes ont éclaté au Xinjiang, d’abord en février 1997, puis en juillet 2009. Les manifestants se réclamaient à la fois du séparatisme ouïghour, de l’anticommunisme du Kuomintang et de l’islam politique.

Beijing a ramené le calme en accordant divers privilèges aux Ouïghours, les dispensant par exemple de la politique de l’enfant unique (aujourd’hui abandonnée) [12].

La campagne états-unienne contre la répression des Ouïghours semble contredite par l’investissement d’Erik Prince, fondateur de Blackwater, auprès des autorités du Xinjiang [13]. Or Prince n’est pas simplement le principal homme d’affaire spécialisé dans la création d’armées privées, il est aussi le frère de Betsy DeVos, secrétaire à l’Éducation de Donald Trump. Ses agents de sécurité seraient des mercenaires agissant pour le compte du Bingtuan, une milice Han du Xinjiang.

Il se trouve que, durant les années 90, alors que l’actuel président turc Recep Tayyip Erdoğan était le chef de la Millî Görüs et le maire d’Istanbul, il fournissait une base arrière à divers mouvements terroristes islamistes, qu’ils soient tatars, tchétchènes ou ouïghours [14].

La question se pose donc : la déclaration turque contre la répression han des Ouïghours est-elle une simple prise de position intérieure pour ne pas se laisser déborder par les partis d’opposition ou est-elle une nouvelle politique de l’État, conforme aux responsabilités antérieures du président Erdoğan dans le dispositif terroriste de la CIA ?

Le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO) a été très actif durant la guerre contre la Syrie, avec le soutien des services secrets turcs (MİT). Depuis de nombreux mois, 18 000 Ouïghours (dont au moins 5 000 combattants jihadistes) vivent en vase clos à al-Zambari, une ville syrienne à la frontière turque, dans le gouvernorat d’Idleb. Ils s’y maintiennent avec l’aide des Forces spéciales allemandes et françaises [15].

Alors que le président Donald Trump entreprend un bras de fer commercial avec Beijing, tout se passe comme si une réconciliation était intervenue entre la CIA et la Turquie prévoyant la reprise des actions secrètes contre la Chine.

[1] “List of government bids related to re-education facilities”, Jamestown Foundation, May 15, 2017.

[2] « Selon Washington, Pékin vient d’interdire le Coran (sic) », Réseau Voltaire, 5 octobre 2017.

[3] « Campagne occidentale pour les Droits des islamistes chinois », Réseau Voltaire, 15 novembre 2018.

[4] Cette commission, créée en 2001, est composée de 15 membres : 5 pour le Sénat, 5 pour la Chambre des Représentants et 5 pour le gouvernement fédéral. L’administration Trump n’a pas désigné de personnalités pour y siéger.

[5] « La Turquie condamne la Chine », Réseau Voltaire, 9 février 2019.

[6] “China responds to Turkey”, Voltaire Network, 11 February 2019.

[7] “Human Rights in Xinjiang - Development and Progress”, Voltaire Network, 1 June 2017.

[8] “Cultural Protection and Development in Xinjiang”, Voltaire Network, 13 December 2018.

[9] « Jihadistes revenus de Syrie : déjà plus de 150 morts en Chine », Réseau Voltaire, 3 novembre 2014.

[10] “China revises regulation on religious affairs”, Voltaire Network, 7 September 2017.

[11] Les « Cinq Yeux » sont une alliance militaire fondée durant la Seconde Guerre mondiale, réunissant l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. Elle gère aussi bien le système d’interception Echelon que la « promotion de la démocratie ».

[12] « Que se passe-t-il dans le Xinjiang ? », par Domenico Losurdo, Traduction Marie-Ange Patrizio, Réseau Voltaire, 12 juillet 2009.

[13] « Erik Prince investit en Chine », Réseau Voltaire, 5 février 2019.

[14] Lors de son alliance avec la Russie, le président Erdoğan a suspendu son dispositif de soutien aux islamistes tatars et tchétchènes. Voir : « L’Ukraine et la Turquie créent une Brigade internationale islamique contre la Russie », par Thierry Meyssan, Télévision nationale syrienne , Réseau Voltaire, 12 août 2015.

[15] « Les 18 000 Ouïghours d’Al-Qaïda en Syrie », Réseau Voltaire, 19 août 2018.