
تقي زاده
Jérusalem: Erdogan exhorte le monde à ne pas se "vendre"
Mercredi, M. Trump a évoqué une possible suppression des aides financières américaines aux pays qui voteraient en faveur de ce texte. "Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal", a-t-il dit.
"Aujourd'hui, le +berceau de la démocratie+ cherche des volontés à vendre pour des dollars. Monsieur Trump, vous n'arriverez pas à acheter la volonté démocratique de la Turquie contre des dollars. Notre décision est claire", a déclaré le président turc.
M. Erdogan est l'un des plus véhéments critiques de la décision annoncée le 6 décembre par le président américain Donald Trump de reconnaître la Ville sainte comme la capitale d'Israël.
Il a notamment convoqué la semaine dernière à Istanbul un sommet de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) à l'issue duquel les 57 membres de cette organisation panislamique ont proclamé Jérusalem-Est "capitale" de l'Etat palestinien", et pressé les autres pays à faire de même.
"Mon voeu, c'est que (les Etats-Unis) n'arriveront pas à obtenir le résultat qu'ils souhaitent. Je m'attends à ce que le monde donne une bonne leçon à l'Amérique, c'est ce que j'espère", a poursuivi M. Erdogan jeudi.
Le texte de résolution soumis à l'Assemblée générale jeudi est proposé par le Yémen et la Turquie au nom du groupe des pays arabes et de l'OCI.
Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale "indivisible". Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.
Syrie : les avions israéliens ont frappé un centre militaire à Quneitra
Les chasseurs de l’armée israélienne ont bombardé un complexe militaire à Quneitra, dans les hauteurs du Golan. Le raid aérien israélien n’a causé aucune perte en vie humaine.
« Les chasseurs israéliens ont frappé un complexe militaire à Quneitra, situé dans les hauteurs du Golan. Cependant, l’agression aérienne n’a fait aucune perte », a fait savoir Elnashra. Selon le site libanais, les avions de combat israéliens ont tiré vendredi 22 décembre des missiles sur un quartier à Quneitra, sans qu’ils puissent infliger des pertes à l’armée syrienne.
Ce raid est survenu à un moment où les forces armées syriennes, épaulées par ses alliés, ont pu couper le pont de communication de Beit-Jinn et Moqr al-Mir dans le Rif-ouest de Damas.
L’armée syrienne et les forces alliées ont réussi à récupérer les régions d’al-Tamathiyat et d’al-Hangharat à l’est de la ferme de Beit Jinn où ils ont tué et blessé plusieurs terroristes. La domination de l’armée syrienne sur une grande partie de la localité de Beit Jinn empêche désormais les terroristes de communiquer avec ceux de Maghar al-Mir.
Selon certains rapports, l’armée russe, alliée du gouvernement syrien, est en train de faire sortir progressivement ses troupes du sol syrien.
Il y aurait une guerre à venir, prévision du commandant du Corps des Marines US
Le commandant du Corps des Marines, le général Robert Neller, a déclaré, jeudi 21 décembre 2017, aux troupes en Norvège qu’il y aurait « une guerre à venir ». Le commandant américain les a par la suite exhortés à s’y préparer.
Le commandant du Corps des Marines US, le général Robert Neller, prenant la parole jeudi dernier parmi un parterre des marines stationné en Norvège, a évoqué une hypothèse de guerre à venir.
« J’espère que je me trompe, mais il y aurait prochainement une guerre », a déclaré Neller aux forces des Marines US, déployées en Norvège, lors de la visite d’une base militaire américaine dans ce pays. « Vous devez toujours être prêts face à l’éventualité d’une guerre », a-t-il affirmé.
En riposte à l’hypothèse présentée par le commandant américain, l’analyste Anthony Monteiro a déclaré vendredi à Sputnik :
« Indépendamment du fait que la guerre éclate ou non, son discours sur la possibilité réelle d’une guerre avec la Russie » reconnaît « ce que beaucoup d’entre nous disent depuis plusieurs années : nous sommes dans une guerre froide en ce moment. »
Selon l’analyste russe, la nouvelle guerre froide sera plus périlleuse que la précédente, puisqu’il n’y a aucun pacte entre Washington et Moscou pour endiguer une erreur qui pourrait se traduire par une autre guerre mondiale.
« Les États-Unis ont déplacé des armes nucléaires en Pologne et en Roumanie », a noté l’universitaire, « et ils sont beaucoup plus proche de la Russie qu’ils ne l’ont jamais été ».
Le déploiement de 330 Marines américains sur le sol norvégien a débuté en janvier dernier. Moscou a déclaré à l’époque que la décision allait au rebours de la politique norvégienne sur le déploiement des bases militaires étrangères sur son sol.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait réagi en octobre 2016 à la présence militaire US sur le territoire norvégien, ainsi :
« Nous pensons que cela contredit la politique norvégienne de ne pas stationner des bases militaires étrangères en temps de paix sur son territoire. »
Selon la diplomate russe, cela « n’est pas à coup sûr bénéfique au maintien de la stabilité et de la sécurité en Europe du Nord ».
La résistance armée seul moyen de libérer Al Qods
"Nous ne reconnaîtrons jamais Israël et, si Dieu le veut, nous reprendrons chaque centimètre carré de la terre palestinienne, parce que Al Qods et ses sanctuaires appartiennent au peuple palestinien, et aucun pouvoir ne pourra les dominer", at-il ajouté.
Il a également évoqué la troisième Intifida palestinienne, déclenchée à la suite de la reconnaissance de Qods par le président américain Donald Trump comme capitale du régime sioniste, et a déclaré que la nouvelle Intifada était un Jihad (lutte) dans la voie de Dieu visant à contrer les Etats-Unis et les sionistes.
Il a souligné qu'il incombe à chaque pays arabe et musulman de soutenir l'Intifada.Zawawi a poursuivi en soulignant que la fin d'Israël est proche, que l'avenir appartient au peuple palestinien et que les terres palestiniennes occupées seront bientôt libérées.
Trump a officiellement déclaré la ville sainte d’Al Qods comme la capitale d'Israël, malgré les avertissements du monde entier selon lesquels la mesure menace une nouvelle vague de violence au Moyen-Orient.
Dans un discours prononcé à la Maison Blanche le 6 décembre, Trump a déclaré que son administration allait également entamer un processus de longue date pour transférer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Al Qods.
Le mouvement a attiré la critique et la condamnation de par le monde.
Israël a occupé Al Qods Oriental depuis la guerre de 1967 au Moyen-Orient. Il a annexé la zone en 1980 et la considère comme son domaine exclusif. En vertu du droit international, la zone est considérée comme un territoire occupé.
Liban : Israël érige un mur
Israël s’enlise chaque jour davantage dans la crise que les États-Unis ont déclenchée à Qods via leur annonce incendiaire du 3 décembre; un autre facteur fait son apparition : le mur de séparation que Tel-Aviv a annoncé vouloir construire le long de ses frontières nord avec le Liban. Beyrouth s’est prononcé contre la construction de ce mur qui n’irait pas sans le viol de l’intégrité territoriale libanaise. Mais la construction d’un tel mur revient-elle uniquement à vouloir piétiner la souveraineté du Liban ou alors y-a-t-il d’autres motivations qui se cachent derrière ?

Interrogé par Sputnik, le général retraité libanais, Amin Hoteit va plus loin dans l’analyse. Il se réfère aux propos tenus par le président libanais Michel Aoun qui dénonce la construction de l’ouvrage le long de la ligne bleue reconnue par l’ONU qui constitue, en effet, la frontière libano-israélienne. « D’un côté, Michel Aoun est pour le respect du droit international, de l’autre, il est pour la défense de ceux des Libanais ». C’est d’ailleurs en ce sens que le Liban a demandé de déplacer quelques fragments du mur au sud. Le jeu israélien est toujours le même. La ligne bleue n’est pas une frontière entre les États parce qu’elle traverse partiellement le territoire libanais, en ce sens, si le mur est érigé au niveau de la ligne bleue, le Liban pourrait perdre une partie de son territoire à trois emplacements, souligne Hoteit.
Mais l’expansionnisme n’est pas le seul motif de la décision de Tel-Aviv de faire ériger un mur sur ses frontières du Liban :
« L’intention israélienne de construire ce mur indique en réalité un changement de cap et de stratégie. Israël passe d’une posture offensive à laquelle il nous avait habituées pendant des décennies à une posture défensive. Ce changement de stratégie militaire israélienne en direction du Liban n’est sans doute pas sans rapport avec ce qui se passe en Syrie où le Hezbollah a réussi, aux côtés de l’armée syrienne, à s’imposer sur le plan militaire », affirme le général.
Selon Amin Hoteit, un mur ou l’utilisation de barrières naturelles sont des moyens défensifs les plus courants et les plus rudimentaires qui soient. Or l’armée israélienne ne cesse de se targuer de ses capacités renforcées de combat. « Israël a choisi de construire un mur sur la frontière avec le Liban. Le passage de l’offensive stricte à une ligne plus compliquée tournée vers l’auto-défense est trop flagrant ».
Mais que fera l’État libanais si Israël finit par construire « son mur » ?
D’abord, l’appel à l’ONU pour faire cesser la construction du mur dans les zones contestables. Selon lui, le Liban ne serait toutefois pas contre l’apparition du mur là où la ligne bleue coïncide avec les frontières officielles des deux États. La deuxième réponse est celle de la confrontation armée. Et ce sera là qu’Israël devra s’apprêter à faire face à l’armée libanaise et au Hezbollah qui agiront de concert contre lui, comme ils l’ont fait pour contrer les terroristes takfiristes à Ersal (à l’est du Liban).
« L’armée libanaise et les forces de la résistance existent pour cela et elles s’opposeront à toute agression israélienne », a conclu Amin Hoteit.
Sinaï : Daech revendique l’attaque contre l’aéroport d’al-Arish
Le groupe terroriste Daech a revendiqué l’attaque de l’aéroport d’al-Arich de mardi 19 décembre, dans la province du Nord-Sinaï en Égypte. Le ministre égyptien de la Défense se trouvait dans l'aéroport au moment de l'attaque. Certains analystes évoquent un "coup israélien" monté via Daech pour cause d'insoumission de Sissi dans plusieurs dossiers : la Syrie, le Sinaï où l'Amérique veut expulser quelques 12.000 réfugiés palestiniens.
Revendiquant l’attaque à la roquette contre l’aéroport d’al-Arish au Sinaï, Daech a prétendu qu’il était au courant de la présence des ministres égyptiens de la Défense, Sedki Sobhi et celui de l’Intérieur Magdi Abdel Gahffar dans l’aéroport, a indiqué l’agence de propagande de l’organisation terroriste, A’maq.
Les médias égyptiens ont fait part, eux aussi, de l’attaque contre l’aéroport d’al-Arich au moment d’une visite des ministres de la Défense et de l’Intérieur de l’aéroport.
Daech a prétendu avoir voulu viser un hélicoptère de type Apache au moment de son atterrissage à l’aéroport d’al-Arich. Deux officiers ont été tués et plusieurs autres blessés dans cette attaque.
Le groupe Ansar Baït al-Maqdis, une branche de Daech, actif depuis 2011 dans la péninsule du Sinaï, a étendu ses actions terroristes en 2013 notamment avec des attentats perpétrés au Caire.
Assemblée de l'ONU : Trump menace les pays qui ont dit non à sa décision sur Qods
Donald Trump a subi, mercredi soir 20 décembre, une nouvelle raclée après le non définitif de l’Assemblée générale des Nations unies, contre la décision de reconnaître Qods comme capitale d’Israël. À la veille du vote de l’ONU sur le statut de Qods, le président US avait menacé les membres de l’ONU qui voulaient voter en faveur du statut Palestinien de Qods.
L’Assemblée générale des Nations unies a voté à une majorité écrasante de 176 pays contre 7 pour la résolution condamnant la décision de reconnaître Qods comme capitale d’Israël.
Ce vote intervient après que les États-Unis ont eu recours au veto contre une résolution votée à l’unanimité des 14 États membres de l’instance onusienne condamnant l’annonce de Trump sur Qods.
À la veille du vote des membres de l’ONU, Trump a menacé les pays votant de couper les aides financières américaines.
« Ils prennent des centaines de millions de dollars et même des milliards de dollars et, ensuite, ils votent contre nous », a grogné Donald Trump ce mercredi 20 décembre parmi les membres de son cabinet. « Laissez-les voter contre nous, nous économiserons beaucoup, cela nous est égal », a-t-il ajouté.
La résolution égyptienne proposée au Conseil de sécurité dit que la question de Qods devait être réglée par le dialogue et pas autrement.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, dans une lettre adressée à des dizaines de membres de l’ONU, a expliqué que Trump lui avait demandé de lui préparer une liste des pays contre la décision de Trump. Cependant, les hauts diplomates ont affirmé que la menace de l’ambassadrice américaine ne pourrait pas changer l’avis des membres de l’Assemblée générale.
Des analystes politiques qualifient de rare la menace directe et flagrante des États-Unis contre la communauté internationale.
Selon le bilan publié par l’administration américaine, l’Agence des États-Unis pour le développement international, USAID, le plafond des aides économiques et militaires en 2016 des États-Unis à l’Afrique s’estimait à plus de 13 milliards de dollars face à ses aides de 1,6 milliard de dollars aux pays de l’Asie de l’Est et de l’Océanie. Le texte rappelle que Washington avait également consacré une aide de 13 milliards de dollars aux pays du Moyen-Orient et du nord de l’Afrique. Par ailleurs, une aide de 6,7 milliards a été mise à la disposition des pays du sud et du centre de l’Asie. L’aide américaine à l’Europe s’élève également à 1,5 milliard de dollars.
Un diplomate européen, sous couvert de l’anonymat, a qualifié la lettre de Haley comme étant une tactique faible au sein des Nations-Unies.
Syrie: les dessous de l’invective contre la France
Le ton continue de monter entre la France et la Syrie. Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef de Rai al-Youm se penche sur la passe d’armes entre Emmanuel Macron et Bachar al-Assad qui intervient après l’échec des dernières négociations à Genève.

La déclaration de dimanche du président français était à prendre avec des pincettes : il a estimé que la guerre en Syrie contre Daech serait « gagnée d’ici mi, fin février », reconnaissant la victoire de son homologue syrien et le besoin de la communauté internationale de négocier avec lui au terme du conflit. Le lendemain, le président syrien avait clamé :
« La France a été le porte-étendard du soutien au terrorisme en Syrie dès les premiers jours du conflit. Elle n’est pas en position de donner une évaluation d’une conférence de paix. Celui qui soutient le terrorisme n’a pas le droit de parler de paix et n’a même pas le droit de s’ingérer dans les affaires syriennes. »
Emmanuel Macron brandit le drapeau blanc et reconnaît la victoire de l’axe Russie-Syrie-Iran et l’échec américain en Syrie. La France cherche désormais à ouvrir les canaux du dialogue avec le gouvernement de Damas et veut impliquer ses entreprises dans la reconstruction du pays pour s’approprier une part du gâteau. « Bachar al-Assad sera là, il faudra parler avec lui et ses représentants », a précisé M. Macron, dans un entretien diffusé le 12 décembre sur France 2.
Assad se trouve en position de force. D’où les prises de bec et son désir du retrait de la délégation des négociateurs syriens, dirigée par Bachar al-Jafaari, du huitième tour des pourparlers de Genève qui ont fait long feu. La raison de ce fiasco : le refus de négociations directes entre les représentants du gouvernement de Damas et la délégation de l’opposition, à moins qu’elle n’annule la demande du retrait de Bachar al-Assad du pouvoir formulée avant son départ de Riyad.
Lors d’une rencontre, à Genève, avec une délégation économique russe, le président syrien a estimé que le groupe de l’opposition ne représentait aucune couche de la population syrienne.
Les pays occidentaux dont la France, sous l’égide des États-Unis, prête la main au terrorisme et accroît la violence en Syrie. Quand eux-mêmes ont été frappés en plein cœur par le terrorisme, ils ont changé de politique et donné la priorité à la lutte antiterroriste.
Le mois de février sera sans doute un mois déterminant dans le conflit syrien. Macron prévoit la fin de Daech et le rétablissement du contact avec le gouvernement d’Assad. Par ailleurs, le Congrès pour le dialogue national en Syrie a été reporté au mois de février et se tiendra à Sotchi, en Russie. L’initiative du Congrès appartient à Vladimir Poutine qui a avancé l’idée d’un congrès réunissant tous les groupes ethniques et confessionnels de Syrie dans le cadre d’un processus de reconstruction du pays, et remplaçant la Conférence de Genève.
« Un collègue égyptien s’est marié avec une Syrienne. Ils sont revenus d’un voyage en Syrie où ils ont visité Damas, Alep, Homs et Lattaquié. Il m’a dit que dans ces villes, il y régnait le calme et la stabilité et a surtout insisté sur le fait que la vie y avait repris son cours normal. Les habitants, en particulier à Alep, ont pris l’initiative personnelle de rénover leur propre ville. Ce sont surtout des réfugiés qui sont rentrés chez eux ou qui préparent leur retour », m’a-t-il confié.
« J’ai souvent entendu les mêmes remarques d’amis ou de connaissances partis en Syrie. Certains étaient, au début de la crise, des opposants farouches au gouvernement d’Assad », rapporte Atwan dans son article.
La Syrie, comme le Liban ou l’Irlande, ne fait pas fuir sa population. Le lien qui unit le peuple à son pays est très fort et il ne faudra pas s’étonner de voir une vague d’immigration des réfugiés syriens.
Bachar al-Assad s’est empressé de se rendre à Sotchi pour le Congrès national. La rencontre doit déboucher sur la mise en place d’une commission constitutionnelle et l’adoption de nouvelles résolutions. Cela marquera un nouveau et différent départ pour la démocratie, l’entente, la fraternité, la coexistence et la souveraineté de la Constitution.
« Le peuple vaillant de la Syrie qui a souffert des massacres, de l’exil et de la destruction, mérite une vie stable, saine et en parfaite harmonie avec sa dignité et sa liberté. L’avenir nous le dira… Dieu est grand », conclut l’article de Rai al-Youm.
Les données sur le nombre des musulmans en Europe ne sont pas fiables
Si un organisme peut se vanter de rassembler des avis unanimes sur son sérieux et son professionnalisme, c’est bien l'institut statistique américain Pew Research Center. Sa réputation lui vaut d’être intouchable. Le groupe se définit comme non partisan, sans agenda politique ni accointance avec la droite américaine.
L’enquête comporte cependant plusieurs biais qui ne sont décelables qu’en lisant attentivement la méthodologie. Elle est certes bien incluse à la fin du rapport, mais bien peu lisent les annexes. Et sûrement pas les journaux de droite, qui se sont emparés des chiffres pour alimenter leurs pronostics alarmistes sur la présence musulmane, dont ils annoncent le doublement.
Pourtant, les démographes s’accordent à dire que ces projections n’ont aucune chance de se réaliser. Rappelons que le Pew Research Center a établi ses projections à partir de données précédemment collectées par d’autres instituts. Cette forteresse des estimations essuie peu de critiques et utilise sa prétendue infaillibilité comme argument d’autorité.
Petite contradiction en cinq points de son rapport, comme lui-même a l’habitude de présenter ses travaux.
1. Le chiffre des musulmans en 2016 surestimé
La première carte donnée dans le rapport concerne les pourcentages de musulmans en Europe en 2016.
Il ne s’agit pas de chiffres récents, mais d’une projection établie à partir de travaux anciens. Les données pour la France proviennent d’une enquête de 2008 nommée Territoires et Origines (TeO), effectuée par l’Ined (Institut national d’études démographiques) et l’Insee.
Le chiffre des musulmans dans l’Hexagone était à l’époque estimé à 4,1 millions. À partir de cette donnée, le Pew évalue cette population à 5,7 millions en 2016.
Patrick Simon, l’un des démographes de l’enquête TeO, considère cette augmentation comme improbable: «C’est beaucoup, un accroissement de 1,6 million en huit ans! Ce chiffre est surestimé dès le départ.»
2. Une définition problématique du terme «musulman»
La classification du Pew Research Center considère l’appartenance religieuse sans tenir compte de la croyance de ceux qu’il nomme «musulmans».
Certes le mot n’a pas la même signification outre-Atlantique, comme le signale le sociologue Samir Amghar: «Il faut rappeler que l’enquête du Pew est américaine. Là-bas, chacun se doit d’appartenir à une religion. Le Pew raisonne en termes d’appartenance et non de pratique rituelle.»
Le démographe Hervé Le Bras explique:
«Les enquêteurs du Pew ont été emportés par leur idéologie. Aux États-Unis, quand ils parlent de musulmans, ils veulent dire originaires d’un pays musulman. Mais même là, ça ne marche pas: en prenant le nombre d’immigrés venant de pays musulmans, on n’atteint pas le chiffre de 5,7 millions évalué par le Pew.»
Bernard Godard, ancien responsable du bureau des Cultes au ministère de l’Intérieur, pointe également un problème de définition initiale: «C’est fait à l’américaine. Cela nourrit le fantasme de l’islam comme étant le marqueur ethnique des personnes. Ils ne prennent pas en compte leur foi.»
Hervé Le Bras a une autre manière d’évaluer le nombre des musulmans:
«Prenons l’estimation du Pew de 5,7 millions de musulmans aujourd’hui en France. Ce chiffre rapporté aux deux mille lieux de culte musulmans donnerait 2.500 musulmans par salle de prière, ce qui est impossible. Ceux qui se déclarent musulmans représentent 3% de la population française et seul un tiers de ces 3% (32%) va à la mosquée et pratique, selon les données de l'enquête «Les Français et la religion» de la TNS Sofres, publiée en 2007. C’est ainsi qu’on peut estimer le nombre de musulmans pratiquants à 500.000.»
Une estimation que réfute Bernard Godard: «On ne peut limiter la pratique de l’islam à la seule fréquentation de la mosquée. Il faut également tenir compte de marqueurs plus significatifs, comme la pratique du Ramadan et la consommation halal par exemple. Aucune enquête à ce jour n’établit de règles claires de l’appartenance à l’islam en France.»
C’est aussi ce que regrette le sociologue et philosophe Raphaël Liogier: «Sur l’islam en France, il existe un flou extrêmement fort. Il s’agit de faire des statistiques objectives à partir de données subjectives: l’appartenance religieuse. Pour l’appartenance à l’islam, c’est doublement subjectif, elle dépend du regard sur soi-même et du regard des autres. Il existe d’emblée un biais très fort.»
3. Un taux de fécondité sans ajustement
Le Pew calcule le taux de fécondité des nouveaux migrants en fonction de celui de leur pays d’origine. Raphaël Liogier remarque aussitôt:
«Les analystes du Pew réalisent des prospections sur des personnes qui arrivent dans un état de précarité, sans tenir compte de la baisse de la fécondité qui est pourtant une régularité sociologique. Elle finit toujours par chuter, on n’a pas observé d’exception. C’est directement en lien avec l’éducation des femmes. Garder un taux constant, c’est faire comme si le comportement des musulmans ne changeait jamais, quel que soit le contexte économique. Croire que ce taux ne varie pas pour eux, c’est faire une essentialisation ethno-culturelle.»
Michaël Privot, directeur de l’association Enar (European Network Against Racism) à Bruxelles, ajoute: «Le rapport du Pew envisage le même taux de natalité sur quatre générations: c’est extrêmement long. Or l’alignement avec la population du pays se fait sur une génération. Le Pew ne tient pas compte de ces ajustements et donne des chiffres très forts. En Syrie comme dans d’autres pays du Proche-Orient, la transition du taux de fécondité a déjà été effectuée, avec des niveaux très proches des niveaux européens.»
4. Les sorties de la religion et les mariages mixtes non pris en compte
Autre fait remarquable: le rapport sous-estime le phénomène de sécularisation des personnes de religion musulmane. Pour Michaël Privot, «le Pew évalue la sortie de la religion à 10%. C’est une hypothèse assez basse car des études, comme celle menée par le ministère de l’Intérieur allemand, montrent qu’un quart de la deuxième génération ne s’identifie plus comme musulman. Elle date de 2009, mais on peut encore l’utiliser, comme le fait le sociologue belge Jan Hertogen, pour tempérer les chiffres uniquement liés à la nationalité des parents ou des grands-parents.»
Patrick Simon de l’Ined ajoute: «Ils ne tiennent pas compte des 50% de sortie de l’islam dans les mariages mixtes, qui représentent 19% dans la deuxième génération (1). Beaucoup de paramètres ne sont pas maîtrisés. Le Pew Research Center semble avoir mal calculé les chiffres.»
Raphaël Liogier explique que «dans les pays musulmans, il existe une contrainte à être musulman ou à le paraître. Mais libérés de cette contrainte, un fort pourcentage sort de l’islam.»
«Sur les 53,8% de Français qui se disent catholiques, seuls 7% vont à la messe tous les dimanches, note Bernard Godard. Or ce qui est valable chez les catholiques l’est également pour les musulmans, qui connaissent aussi un abandon de la religion. Certains revendiquent même leur athéisme. Houssame Bentabet termine à ce sujet une thèse de doctorat de sociologie intitulée L’abandon de l’Islam. De l’irréligiosité au reniement de la foi chez les musulmans de France. Dans notre pays, l’appartenance religieuse est très flottante et elle peut vite changer.» Raphaël Liogier surenchérit: «Le Pew a du mal à échapper à ses fantasmes; ils sont immergés dans l’idée d’un accroissement des musulmans. Ils veulent apparaître comme plus rigoureux pour être plus crédibles et ne pas être critiqués. Mais pour cela, ils escamotent deux variables essentielles: la baisse de la fécondité et la perte de la religiosité.»
5. Une projection sur 35 ans irréaliste
Patrick Simon rappelle que «la plupart des projections ne se réalisent pas. Les phénomènes sur lesquels sont basés les calculs ne seront peut-être pas les mêmes dans dix ans. Les projections peuvent être assimilées à un pari, une espèce de jeu, c’est juste pour donner une idée.»
Hervé Le Bras est quant à lui plus critique: «Cela ne sert à rien de faire des projections, sauf à se faire peur. Seule une projection sur une dizaine d’années peut être utile. Mais des projections sur 35 ans, ça ne sert à rien.» Un point de vue qu’approuve Raphaël Liogier, pour qui «nous sommes dans une société tellement angoissée qu’on ne fait que projeter nos peurs dans ce genre d’étude.» Tous rappellent que les projections ne sont pas scientifiques car personne ne peut prédire l’avenir.
Pourquoi alors ce genre de rapport? Selon Hervé Le Bras, «ça flatte l’opinion dans le sens du poil. Le Pew va dans le sens de ce que pensent les Américains: les Européens sont menacés par l’islam.»
Le problème vient de la manière dont la presse exploite ce genre de rapport, notamment la presse de droite qui propose ces données sans précaution d’usage, laissant croire à leur infaillibilité du fait même de l’autorité conférée par la réputation du Pew.
Un point sur lequel met en garde Hervé Le Bras: «Ce n’est pas parce que le Pew a une bonne réputation qu’il a toujours raison. L’argument d’autorité n’a aucun sens scientifiquement.» Raphaël Liogier complète: «Le Pew a mal mesuré la capacité de récupération des chiffres. Ce n’est pas les chiffres qui sont dangereux, c’est leur interprétation qui est problématique.»
Michaël Privot se veut néanmoins plus optimiste: «Certes, le problème de la récupération de ces données par une certaine presse existe. Mais nous les antiracistes, on va plutôt les utiliser pour objectiver. Cela nous permet de ramener un peu de bon sens. Car leur vision la plus “catastrophiste” –14% de musulmans en Europe en 2050– est plutôt rassurante. On est très loin du “grand remplacement” que nous prédisent les identitaires les plus alarmistes.»
1 — Trajectoires et origines : Enquête sur la diversité des populations en France, de Cris Beauchemin, Christelle Hamel, Patrick Simon, chapitre 19: «La religiosité des immigrés et de leurs descendants», p.564 et p.578. La non-transmission de la religion aux enfants concerne 62% des catholiques et 51% des musulmans en cas de mariage mixte.
La Birmanie est sous pression internationale
Les deux Birmans qui travaillent pour l'agence Reuters ont été inculpés en vertu d'une loi datant de l'époque coloniale pour détention de documents relatifs aux forces de sécurité en Etat Rakhine, où l'armée est accusée d'"épuration ethnique" contre les musulmans rohingyas.
Personne n'a revu Wa Lone, 31 ans, et Kyaw Soe Oo, 27 ans, depuis leur arrestation dans la capitale économique Rangoun, le 12 décembre alors que l'ONU a, comme les Etats-Unis et l'UE, demandé leur libération.
Les faits pour lesquels ils sont poursuivis sont passibles de près de 14 ans de prison.
Les journalistes ont été arrêtés après avoir accepté une invitation à dîner de policiers, qui revenaient du nord de l'Etat Rakhine, et ont également été arrêtés.
"Nous n'avons pas pu les rencontrer, et leurs familles non plus, et nous n'avons reçu aucune information concernant leur localisation ou leur condition", a déclaré mardi le rédacteur en chef de Reuters, Stephen J. Adler.
Pour Sean Bain, un conseiller juridique de la Commission internationale des juristes (CIJ), leur situation "semble constituer une détention arbitraire".
Depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 d'Aung San Suu Kyi, qui dirige de facto le premier gouvernement civil depuis des décennies, les défenseurs de la liberté de la presse pointent le peu de progrès réalisés dans ce domaine voire les reculs.
"Les récentes arrestations ont accentué la peur de beaucoup de journalistes dans le pays, pour lesquels l'autocensure devient la norme, notamment quand il s'agit de parler des forces de sécurité", a déclaré Swe Win, un journaliste birman lui-même arrêté cette année.
Au moins onze journalistes ont été interpellés en 2017. Début novembre, deux journalistes --une Malaisienne et un Singapourien-- travaillant pour une télévision turque avaient été condamnés à deux mois de prison ferme pour avoir fait voler un drone au dessus du Parlement, en attendant d'autres inculpations.
Plusieurs régions du pays sont inaccessibles aux journalistes, y compris la majeure partie de l'Etat Rakhine, où l'armée a lancé une opération militaire poussant à l'exode plus de 650.000 musulmans rohingyas.