تقي زاده

تقي زاده

mardi, 03 janvier 2017 22:11

Le retournement de la Turquie

Turquie est membre de l’Otan, alliée de l’Arabie saoudite, patron du jihadisme international depuis l’hospitalisation du prince Bandar ben Sultan en 2012, et parrain des Frères musulmans depuis le renversement de Mohamed Morsi et la brouille entre Doha et Riyad en 2013-14. En outre, elle a attaqué la Russie en novembre 2015, détruisant un Sukhoi-24 et provoquant la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.

C’est pourtant la même Turquie qui vient de parrainer le cessez-le-feu en Syrie, imaginé par la Russie [1]. Pourquoi ?

Depuis 2013, Washington ne considère plus Recep Tayyip Erdoğan comme un partenaire de confiance. La CIA a donc lancé diverses opérations non pas contre la Turquie, mais contre M. Erdoğan en nom propre. En mai-juin 2013, elle organise et soutient le mouvement protestataire du parc Taksim Gezi. Lors des élections législatives de juin 2015, elle finance et encadre le parti des minorités, le HDP, de manière à limiter les pouvoirs du président. Elle rejoue la même tactique lors des élections de novembre 2015 que le Pouvoir truque. La CIA passe alors de l’influence politique à l’action secrète. Elle organise quatre tentatives d’assassinat, dont la dernière en juillet 2016 tournera mal, poussant les officiers kémalistes à tenter un coup d’État sans aucune préparation.

Recep Tayyip Erdoğan se trouve donc dans la position du Premier ministre italien des années 70, Aldo Moro. Les deux hommes sont à la tête d’un État-membre de l’Otan et doivent faire face à l’hostilité des États-Unis. L’Otan est parvenue à éliminer l’Italien en manipulant un groupe d’extrême-gauche [2], mais a échoué à tuer le Turc.

Par ailleurs, pour gagner les élections de novembre 2015, Erdoğan a flatté les suprémacistes turco-mongols en rouvrant unilatéralement le conflit avec la minorité kurde. De fait, il a ajouté à sa base électorale islamiste de l’AKP, les prétendus « nationalistes » du MHP. En quelques mois, il a fait tuer plus de 3 000 citoyens turcs d’ethnie kurde et a rasé plusieurs villages, voire des quartiers de grandes villes.

Enfin, en transmettant à al-Qaïda et à Daesh les armes que lui faisaient parvenir l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Otan, il a lié une relation étroite avec les organisations jihadistes. Il n’a pas hésité à utiliser la guerre contre la Syrie pour se faire de l’argent à titre personnel. D’abord en démontant et en pillant les usines d’Alep, puis en trafiquant le pétrole et les antiquités volés par les jihadistes. Progressivement tout son clan s’est lié aux jihadistes. Par exemple, son Premier ministre, le mafieux Binali Yıldırım, a organisé des ateliers de contrefaçon dans les territoires administrés par Daesh.

Cependant, l’intervention du Hezbollah dans la seconde guerre contre la Syrie, à partir de juillet 2012, puis celle de la Fédération de Russie, en septembre 2015, ont fait basculer le sort des armes. Désormais, la gigantesque coalition des « Amis de la Syrie » a largement perdu le terrain qu’elle occupait et a de plus en plus de difficulté à engager de nouveaux mercenaires. Des milliers de jihadistes ont déserté le champ de bataille et se sont déjà repliés en Turquie.

Or, la plupart d’entre eux sont incompatibles avec la civilisation turque. En effet, les jihadistes n’ont pas été recrutés comme une armée cohérente, mais pour faire nombre. Ils ont été au moins 250 000, peut-être beaucoup plus encore. Au départ, il s’agissait de délinquants arabes encadrés par les Frères musulmans. Progressivement, on y a ajouté les soufis Naqchbandis du Caucase et d’Irak, voire de jeunes occidentaux en quête de Révolution. Cet invraisemblable mélange ne peut pas tenir si on le déplace en Turquie. D’abord parce que désormais les jihadistes veulent un État à eux et qu’il apparaît impossible de proclamer à nouveau le Califat en Turquie. Ensuite, pour toutes sortes de raisons culturelles. Par exemple : les jihadistes arabes ont adopté le wahhabisme des donateurs saoudiens. Selon cette idéologie du désert, l’Histoire n’existe pas. Ils ont donc détruit de nombreux vestiges antiques, prétendument parce que le Coran interdit les idoles. Si cela n’a pas posé de problème à Ankara, il n’est pas question de les voir toucher au patrimoine turco-mongol.

De fait, aujourd’hui Recep Tayyip Erdoğan a —outre la Syrie— trois ennemis simultanés :
- Les États-Unis et leurs alliés turcs, le FETÖ de l’islamiste bourgeois Fethullah Gülen ;
- Les Kurdes indépendantistes et plus particulièrement le PKK ;
- Les ambitions étatiques sunnites des jihadistes, particulièrement de Daesh.

Si l’intérêt de la Turquie serait prioritairement d’apaiser ses conflits intérieurs avec le PKK et le FETÖ, celui d’Erdoğan est de se trouver un nouvel allié. Il fut celui des États-Unis à leur apogée, il souhaite devenir celui de la Russie, désormais première puissance militaire conventionnelle au monde.

Ce retournement semble d’autant plus difficile à réaliser que son pays est membre de l’Alliance atlantique ; une organisation que personne n’est jamais parvenu à quitter. Peut-être pourrait-il, dans un premier temps, sortir du commandement militaire intégré, comme le fit la France, en 1966. À l’époque, le président Charles De Gaulle avait dû faire face à une tentative de coup d’État et à de nombreuses tentatives d’assassinat de l’OAS, une organisation financée par la CIA [3].

À supposer que la Turquie parvienne à gérer cette évolution, elle devrait encore affronter deux autres problèmes majeurs.

En premier lieu, bien que l’on ignore précisément le nombre de jihadistes en Syrie et en Irak, on peut estimer qu’ils ne sont plus aujourd’hui qu’entre 50 et 200 000. Sachant que ces mercenaires sont massivement irrécupérables, que va-t-on en faire ? L’accord de cessez-le-feu, rédigé de manière volontairement imprécise, laisse ouvert la possibilité d’une attaque contre eux à Idleb. Ce gouvernorat est occupé par une kyrielle de groupes armés, sans liens les uns avec les autres, mais coordonnés par l’Otan depuis le LandCom d’Izmir, via des ONG « humanitaires ». À l’inverse de Daesh, ces jihadistes n’ont pas su s’organiser correctement et restent tributaires de l’aide de l’Alliance atlantique. Celle-ci leur parvient via la frontière turque, qui pourrait être bientôt fermée. Cependant, s’il est facile de contrôler les camions qui empruntent des routes bien définies, il n’est pas possible de stopper le passage des hommes à travers champs. Des milliers, peut-être des dizaines de milliers de jihadistes pourraient bientôt fuir vers la Turquie et la déstabiliser.

La Turquie a déjà débuté son changement de rhétorique. Le président Erdoğan a accusé les États-Unis de continuer à soutenir les jihadistes en général et Daesh en particulier, laissant entendre que s’il l’a fait lui aussi par le passé, c’était sous la mauvaise influence de Washington. Ankara ambitionne de gagner de l’argent en confiant la reconstruction de Homs et d’Alep à sa société de bâtiments et travaux publics. Toutefois, on voit mal comment après avoir payé des centaines de milliers de Syriens pour qu’ils quittent leur pays, après avoir pillé le Nord de la Syrie, et après avoir soutenu les jihadistes qui ont détruit ce pays et ont tué des centaines de milliers de Syriens, la Turquie pourrait éluder toutes ses responsabilités.

Le retournement de la Turquie, s’il se confirme dans les mois à venir, provoquera des conséquences en chaines. À commencer par le fait que le président Erdoğan se présente désormais non seulement comme l’allié de la Russie, mais comme le partenaire du Hezbollah et de la République islamique d’Iran, c’est-à-dire des héros du monde chiite. Fini donc le mirage d’une Turquie leader du monde sunnite, bataillant les « hérétiques » avec l’argent saoudien. Mais le conflit artificiel intra-musulmans que Washington a lancé ne s’arrêtera pas tant que l’Arabie saoudite n’y aura pas renoncé elle aussi.

L’extraordinaire basculement de la Turquie est probablement difficile à comprendre pour les Occidentaux, selon qui la politique est toujours publique. Sans évoquer l’arrestation d’officiers turcs dans un bunker de l’Otan à Alep-Est, il y a deux semaines, il est plus facile à interpréter pour ceux qui se souviennent par exemple du rôle personnel de Recep Tayyip Erdoğan durant la première guerre de Tchétchénie, alors qu’il dirigeait la Millî Görüş ; un rôle dont Moscou n’a jamais parlé, mais sur lequel les services de renseignement russes ont conservé de nombreuses archives. Vladimir Poutine a préféré transformer un ennemi en allié, plutôt que de le faire tomber et de devoir continuer à se battre contre son État. Le président Bachar el-Assad, sayyed Hassan Nasrallah et l’ayatollah Ali Khamenei lui ont volontiers emboité le pas.

Le président soudanais a prolongé d’un mois le cessez-le-feu arrivant à expiration dans les zones de conflits au Soudan. 

Le président soudanais et commandant en chef de l’armée, Omar al-Bachir, avait prolongé le 10 octobre de deux mois un cessez-le-feu qu’il avait décrété unilatéralement dans les zones de conflits dans les États du Kordofan du Sud et du Nil Bleu.

Lors de son discours prononcé à l’occasion du 61e anniversaire de l’indépendance du Soudan, al-Bachir a prolongé d’un mois le cessez-le-feu, à l’exception des cas d’autodéfense, a annoncé le site Sudan Tribune.

Le Mouvement populaire de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) ont annoncé unilatéralement le 31 octobre un cessez-le-feu de 6 mois au Darfour et dans les deux États du Kordofan du Sud et du Nil Bleu.

Al-Bachir a également mis l’accent sur l’attachement de son gouvernement au dialogue

« La porte du dialogue est toujours ouverte en vue de la signature d’un document national », a-t-il affirmé.

Il avait de même fait part de la formation dans les jours à venir d’une commission pour élaborer un projet de Constitution permanente et sa présentation devant le Parlement. 

Le ministre burundais de l’Environnement a été assassiné, dimanche 1er janvier au matin, dans la capitale Bujumbura.

Emmanuel Niyonkuru, âgé de 54 ans, a été tué par un homme armé dont l’identité est inconnue lorsqu’il rentrait chez lui.

Emmanuel Niyonkuru, ministre de l’Eau et de l’Environnement du Burundi, a été assassiné. ©mediaterre

Selon un tweet du porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye, une femme a été arrêtée après l’assassinat. Aucun détail supplémentaire n’a encore été annoncé. 

Sur Twitter, le président burundais Pierre Nkurunziza a présenté ses condoléances à la famille du ministre et de toute la nation. Il a promis que l’auteur serait certainement puni.

C’est la première fois qu’un ministre a été pris pour cible au Burundi depuis que ce pays s’enlise dans une grave crise politique.

Un accord entre les partis politiques en République démocratique du Congo a été trouvé, selon lequel le président Joseph Kabila devra quitter le pouvoir après les élections de fin 2017, initialement prévues pour la mi-2018.

Après plusieurs mois de crise politique qui s’est soldée par des dizaines de morts, c’est à la veille du Nouvel An que la majorité et l’opposition ont réussi à boucler l’accord, ont affirmé les médiateurs de l’Église catholique. Néanmoins, à 23 h (heure locale), l’accord n’avait toujours pas été signé.

Pour l’église catholique de la RD Congo, cet accord est une réussite, bien que des problèmes perdurent. Ni le président Joseph Kabila – dont le maintien au pouvoir au-delà de la fin de son mandat le 20 décembre est à l’origine de cette crise – ni le chef de l’opposition Étienne Tshisekedi n’ont signé personnellement l’accord.

En 2001, Joseph Kabila succède à son père Laurent-Désiré Kabila quelques heures après son assassinat. Selon la constitution congolaise, il lui est impossible de se présenter une troisième fois aux élections présidentielles. Son mandat a expiré le 19 décembre 2016. L’élection présidentielle n’a pas eu lieu en novembre dernier et la Cour constitutionnelle a estimé qu’il pouvait rester en fonction jusqu’au déroulement des prochaines élections.

Cette crise politique a déclenché des affrontements meurtriers, faisant au moins une trentaine de morts, selon l’Observatoire des droits de l’homme. 

Le Premier ministre tunisien a déclaré que le terrorisme représentait une menace mondiale et qu’il n’émanait d’aucune nationalité en particulier.

« L’auteur de l’attentat de Berlin est de nationalité tunisienne, mais il ne représente pas le peuple tunisien. Je pense que le terrorisme n’a aucune nationalité. Il est multinational et c’est un défi auquel fait face toute la population mondiale », a affirmé Youssef Chahed, Premier ministre tunisien, lors d’une interview avec l’agence de presse allemande Deutsche Presse-Agentur. 

Il s’est ensuite exprimé sur sa visite imminente en Allemagne, disant que ce pays comptait toujours parmi les partenaires les plus importants de la Tunisie.

« L’Allemagne nous a fourni des aides faramineuses après le Printemps arabe en 2010. Nous envisageons de franchir des pas concrets pour promouvoir nos relations avec Berlin en 2017. »

Youssef Chahed a expliqué que l’auteur de l’attentat de Berlin, Anis Amri, avait agi sous la protection des chefs terroristes et qu’il ne représentait nullement la population tunisienne.

Le Premier ministre tunisien a ensuite promis le renforcement des mesures de sécurité en Tunisie, en 2017. 

dimanche, 01 janvier 2017 22:59

Un ministre tué le premier janvier 2017

Après des troubles au Gabon, en Gambie et en RDC où le président a fini par renoncer au pouvoir pour un troisième mandat, l'instabilité latente s'étend au Burundi. Au premier jour du nouvel an chrétien, le ministre burundais de l’environnement a été assassiné. 

Ce meurtre est le premier visant un ministre en place depuis que le Burundi a plongé dans une grave crise politique en 2015, comme le précise l'AFP.  Le ministre de l’environnement du Burundi a été tué par balles par un agresseur inconnu, tôt dimanche matin premier janvier dans la capitale Bujumbura, a annoncé la police locale. 

Le ministre burundais de l'Environnement, Emmanuel Niyonkuru (Archives) 

Ce meurtre est le premier visant un ministre en place depuis que le Burundi a plongé dans une grave crise politique dont le scénario est toujours le même : la tentative du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat en 2015 a provoqué les contestations et ce, après un retour à la stabilité en 2015. Selon les chiffres relatés par les médias occidentaux, au moins 500 personnes ont été tuées et 300 000 ont choisi l’exil depuis le début de la crise politique au Burundi en avril 2015. 

Emmanuel Niyonkuru, 54 ans, ministre de l’eau, de l’environnement et de la planification, a été « tué par un homme armé d’une arme à feu, alors qu’il se rendait à son domicile à Rohero, vers 00 h 45 », selon un tweet du porte-­parole de la police, Pierre Nkurikiye, qui a précisé qu’une femme a été arrêtée après cet « assassinat ». 

Pourquoi déstabiliser le Burundi? 

« Pays des Mille et Une Collines» comme on l’appelle, le Burundi est situé au cœur de l’Afrique sur la Crête Congo-Nil, entre l’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Est. Le Burundi est au centre des grandes communautés régionales dont la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), le Common Market for Eastern and Southern Africa (COMESA) et l’East African Community (EAC).

Cette intégration confère aux "entreprises occidentales" établies au Burundi un très vaste marché de plus de 450 millions de consommateurs ! Le Lac Tanganyika, deuxième lac le plus profond au monde avec 320.000 km², offre la possibilité de faire de Bujumbura, Capitale du Burundi, un carrefour commercial idéal pour les puissances occidentales au cœur de l’Afrique.

En plus, Bujumbura est facile d’accès à partir de tous les aéroports du monde grâce aux vols réguliers des grandes compagnies aériennes. Dans la sous-région, Bujumbura est située à 25 minutes de vol de Kigali (Rwanda) ; à 1h 30 min de vol de Nairobi et d’Entebbe (Kenya et Ouganda) ; à 2 heures de vol de Serengeti et Zanzibar (Tanzanie).

Tous ces éléments font de ce pays africain une excellente proie pour des convoitises occidentales. 

Un président qui défie l'Occident

Pierre Nkurunziza "a osé" le 18 octobre signer une loi demandant le retrait du Burundi de la CPI. Selon RFI, le gouvernement burundais a affirmé que la cour est un instrument de pays puissants utilisé pour punir les dirigeants qui ne se soumettent pas à l'Occident. Ce discours s'entend plus des dirigeants africains, anciennement alliés de l'Occident et qui tombent les uns après les autres en disgrâce. 

Après le retrait du Burundi de la CPI, l'Union européenne a décidé de sanctionner le pays qu'elle qualifie d'"un des plus pauvres de l'Afrique" et ce sous prétexte d'avoir à "payer les salaires des soldats burundais engagés au sein de l'Amisom". L'organisation européenne qui se dit le premier donateur du Burundi affirme aussi fournir 20% du budget annuel de ce pays africain. Difficile à croire quand on sait à quel point le pays est riche en ressources minières et comment cette richesses arrive enfin sur le marché européen via un vaste réseau de trafic. Le sous-sol burundais regorge de nombreux minerais encore inexploités, notamment le coltan, le nickel, le walframite ou encore l’or.

 

Les soldats burundais de l'Amisom (photo d'archives 2013)

Les entreprises occidentales flairent également une odeur de pétrole dans ce pays qui ne compte, pour le moment, que sur le seul café comme principale source de devises fortes à l'exportation. 

Et l'avenir? 

Les sanctions européennes qui frappent le Burundi n'ont pas réussi à faire plier le président Pierre Nkurunziza qui a plutôt multiplié les gestes de défi.

L'Union européenne multiplie donc de son côté les tours de vis. En octobre 2016, l'Europe a donc décidé de canaliser l'argent destiné au contingent burundais au sein de l'AMISON. L'objectif avoué est de trouver un moyen de payer directement les soldats burundais, sans passer par leur gouvernement burundais. Ultime mépris pour la souveraineté d'un Etat africain. Entre-temps, le contingent burundais n'a pas été payé depuis 9 mois.

dimanche, 01 janvier 2017 22:58

Kabila renonce au pouuvoir

Après quinze ans de mandat marqué par un retour à la stabilité dans un vaste pays qu'est la RD Congo, Joseph Kabila, le président congolais a décidé de quitter le pouvoir après les prochaines élections présidentielles prévues en 2017.

Cette décision a été prise après un accord négocié avec l'opposition par la conférence épiscopale congolaise, une opposition qui avait menacé de " mobiliser la population". Le président Kabila se serait également engagé à ne pas modifier la Constitution afin de pouvoir briguer un 3e mandat. Bref, Kabila hisse le drapeau blanc. 

Joseph Kabila dit ne plus vouloir briguer un nouveau mandat (Archives)

Agé de 45 ans, Joseph Kabila est devenu président en 2001 après l’assassinat de son père. Réélu une deuxième fois en 2011, le président devait terminer son mandat en 2016. Mais il a reporté sine die les nouvelles élections présidentielles provoquant la colère de ses opposants. Cette colère s'est traduite en acte et le 19 décembre dernier, une grande manifestation anti-Kabila à Kinshasa s'est dégénérée en violence et a coûté la vie à au moins 40 personnes, à en croire les sources onusiennes. Toujours selon ces sources, près de 500 personnes auraient été arrêtées par les forces de sécurité.

Mais pourquoi Kabila est tombé en disgrâce ? 

La République démocratique du Congo est dotée d’une abondance de ressources minérales rares du nord-est au sud-est du pays (coltan, diamants, or, cuivre, cobalt, zinc, manganèse…), de ressources forestières et de faune (gorilles, okapis…) très riches et de vastes sols fertiles propres à l’agriculture (café, tabac, thé…). Tout ceci ne peut ne pas intéresser les puissances occidentales. La RD Congo est presque un continent avec 2,345 millions km². Sa superficie est quasiment quatre fois celle de la France ( 643 801 km²). La RDC, ce sont 1000 milliards USD d’exportation annuelle et pourtant son budget annuel n’est que de 10 milliards USD. 990 milliards sont partagés entre une soixantaine de multinationales occidentales chaque année. L’enjeu des élections politiques en RD Congo, c’est le partage des 10 milliards USD annuels. 

Les actes de violence qui se sont multipliés ces dernières semaines au Congo devraient être interprétés en ce sens.

Le journal Britannique The Guardian revient d'ailleurs longuement sur la situation politique en République démocratique du Congo, dans un article publié sur son site internet le jeudi 10 novembre et qui montre les ressorts de cette crise politique qui aurait dû se transformer en une  révolution de couleur en Afrique. 

Etienne Tshisekedi, président du Rassemblement et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS)(Archives)

The Guardian affirmait que les dirigeants de l’opposition avaient averti que la République démocratique du Congo (RDC) fera face à une guerre civile si le président Joseph Kabila ne renonce pas au pouvoir et ne démissionne pas à la fin de son mandat, le 19 décembre prochain.

"Le peuple prendra le pouvoir", avait déclaré Etienne Tshisekedi, président du Rassemblement et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), cité par le journal The Guardian. "Kabila [le Président] a exécuté un coup d’état contre lui-même en signant cet accord [issu du Dialogue politique et qui prolonge son mandat], parce qu’il a fait un serment pour protéger la Constitution", ajoutait l’opposant congolais.

Après le Gabon et la Gambie, la RD Congo est le troisième pays africain à avoir connu des troubles pré et post-électoraux. 

Le Premier ministre français, Bernard Cazeneuve, a déclaré que les troupes françaises déployées au Tchad devraient "préparer une longue guerre" contre le terrorisme.

La base aérienne 172 Fort-Lamy, créée en 1939, est un site opérationnel de l'Armée de l'air française, situé sur le territoire de la ville de N'Djamena, au Tchad dans la région du Sahel. La présence de la France au Tchad est donc de longue date. Mais la visite du PM français à la veille du nouvel an dans ce pays où il a rendu visite aux soldats français semble faire l'écho de nouvelles inquiétudes de Paris.

Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve en visite le 29 décembre 2016 à N’Djamena©AFP

"Nous devons nous préparer à une longue guerre dans un environnement qui a subi des changements dramatiques", a déclaré Cazeneuve aux soldats français au Tchad où il a rencontré le Premier ministre tchadien Albert Pahimi Padacke et le Président Idriss Déby pour discuter de la sécurité.

"La France aidera toujours le Tchad à surmonter ses difficultés", a déclaré Cazeneuve après la rencontre avec le président Déby, l'un des plus proches alliés de la France. Le fait que Cazeneuve se déplace au Tchad pour sa première visite officielle à titre de premier ministre est bien significatif. 

La France dispose d'un contingent de 4.000 soldats au Tchad pour une mission baptisée "Barkhane". Cette opération a débuté en 2014 et elle est officiellement destinée à combattre des "groupes terroristes à travers de vastes étendues de désert dans la région du Sahel au sud du désert du Sahara".

Les troupes françaises utilisent des drones équipés de caméras et d'appareils de vision nocturne pour effectuer des vols de reconnaissance dans les déserts de Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad.

Le régime d'Idriss Déby est un allié clé de la France  dans la région. Le Tchad devint une colonie française en 1900 et, malgré son accession à l'indépendance en 1960, reste un partenaire proche de Paris. Les relations privilégiées de la France avec le régime Déby sont régulièrement dénoncées par l'opposition qui estime que l'opération Barkhane, c’est un soutien à Idriss Déby, au pouvoir depuis plus de 20 ans.

L'opposition a invité à plus d'une reprise la France à réviser la politique de son dispositif militaire au Tchad. “La présence militaire française devrait servir à réconcilier la classe politique tchadienne et non à maintenir à tour de bras le régime d’Idriss Déby”, estime l'opposition qui rappelle qu’“à deux reprises, en 2006 et en 2008, les rebelles étaient prêts à renverser le pouvoir en place s'il n’eut été l’intervention de l’armée française”.

Le Tchad, clés d'une longue présence au Sahel

Sous prétexte de lutter contre une recrudescence du terrorisme et des inquiétudes sur la sécurité mondiale, la France et les Etats-Unis ont récemment étendu leur présence dans le pays africain.

Le Tchad est riche en or, en uranium et en pétrole. En 2003, un pipeline de quatre milliards de dollars a lié ses champs de pétrole à des terminaux sur la côte Atlantique pour l'exportation vers les pays occidentaux.

Critiquée pour son incapacité à assurer la sécurité des citoyens, la police allemande a interpellé et interrogé des centaines de personnes d’origine nord-africaine à Cologne.

Les forces de sécurité allemandes ont arrêté, dimanche 1er janvier, des centaines de personnes d’origine nord-africaine dans les deux principales gares de la ville afin de prévenir des agressions sexuelles similaires à celles qui ont eu lieu l’année dernière à la même date.

Plus de 1 800 policiers ont été déployés à travers Cologne alors que seuls 140 agents étaient chargés de garantir la sécurité de la nuit du Nouvel An 2016.

Plusieurs personnes se plaignent d’avoir été arrêtées en raison de leur origine.

Les policiers allemands contrôlent de jeunes hommes à la gare principale de Cologne, après les célébrations du Nouvel An, le 1er janvier 2017. © Reuters

De nouvelles caméras de surveillance ont été placées aux alentours des gares de Cologne et une vingtaine de blocs de béton ainsi que des poids lourds ont été installés sur les ponts et les lieux de rassemblement afin de prévenir une attaque au camion-bélier similaire à celle qui s’est récemment produite sur un marché de Noël à Berlin. Ladite attaque avait fait 12 morts et 56 blessés.

Deux cas d’abus sexuels pendant les festivités du Nouvel An 2017 ont été jusqu’ici rapportés à Cologne.

L’année dernière, 600 femmes allemandes avaient fait l’objet d’agressions sexuelles et de vols la nuit du Nouvel An 2016 à Cologne. Les hommes impliqués dans cette affaire étaient pour la plupart d’origine africaine et arabe.

Expulsés sur l’ordre du président sortant Barack Obama, 35 diplomates russes accusés d’ingérence dans le scrutin présidentiel du mois de novembre dernier ont quitté Washington.

Selon le service de presse de l’ambassade de Russie à Washington cité par Reuters, l’avion transportant ces diplomates a décollé de l’aéroport international de Washington-Dulles, samedi 31 janvier 2016. 

Washington accuse notamment des pirates informatiques russes d’avoir dérobé des dizaines de milliers d’emails de responsables démocrates. Ces messages ont ensuite été mis en ligne, jetant une lumière crue sur les délibérations internes du camp démocrate et brouillant le message de sa candidate, rapporte France 24.

Cependant, le président russe Vladimir Poutine n’a pas pris de mesures de rétorsion et a simplement déclaré qu’il passerait au peigne fin les propositions du futur président Donald Trump, lors des prochaines tractations.