L’Union européenne étant devenue par la force des Traités une structure supra-nationale, comment les États-membres peuvent-ils désigner des hauts fonctionnaires qui leur donneront des ordres ? En fait, ils ne le font pas, mais se contentent d’avaliser les choix de l’Otan, discutés par l’Allemagne et la France.

تقي زاده
La force terrestre du CGRI est une force "stratégique" (G. Salami)
Le commandant en chef du Corps des gardiens de la Révolution islamique a déclaré que l’Iran ne serait vaincu dans aucun combat terrestre.
Devant les commandants et les responsables de la Force terrestre du Corps des gardiens de la Révolution islamique, ce mardi 9 juillet, le général de brigade Hossein Salami a déclaré que la Force terrestre était une force stratégique qui s’était développée dans toutes les dimensions.
« Du point de vue de la créativité et de l’idée, la force terrestre iranienne compte parmi les forces terrestres les plus privilégiées du monde. Grâce à nos troupes terrestres et aux autres forces armées de la République islamique d’Iran, on ne subira aucun échec dans aucun combat sur le sol », a souligné le général de brigade Hossein Salami.
"Militairement parlant, l’Iran est invincible" (Israël)
En Évoquant ce à quoi seraient confrontés les États-Unis et leurs alliés en cas du déclenchement de la guerre avec l’Iran, Yakov Kedmi, ancien chef de l’agence du renseignement israélien « Nativ », indique que l’Iran est invincible dans le domaine militaire. «Il y a quelques aspects, en termes purement militaires, il est impossible de vaincre l’Iran. Le pays dispose d'un immense territoire. Les Américains n’auront pas assez de forces qui s’y déploieraient. Il n’y a donc aucune possibilité de mener une guerre terrestre contre l’Iran et surtout de la gagner. Le pentagone le sait mieux que quiconque et a d’ores et déjà mis en garde contre toute tentative dans ce sens », a affirmé Kedmi cité par Global Research.
Plus loin dans ses propos, Kedmi a évoqué à mots couverts un autre sujet d'inquiétude d'Israël à savoir les liens d'alliance très forts qui se sont tissés entre l'Iran et l'Irak. Selon lui, le renversement de Saddam Hussein par Washington a été un plan stupide. Il n'a fait qu'élargir le soutien dont bénéficie l’Iran à travers les populations chiites au Moyen-Orient : "Les Américains ne se rendent même pas compte de la stupidité de leur projet de guerre contre l'Iran. C'est un plan aussi stupide que celui qui a consisté à renverser Saddam Hussein. Au fait, l'Irak est à 60% chiite. Dans le sud de l'Iran, il y a des Arabes chiites. En Arabie saoudite, la région où se développe le pétrole, ce sont les chiites qui contrôlent tout. La majorité de la population du Koweït est constituée de chiites comme 80% de la population de Bahreïn. La guerre que les États-Unis déclencheraient dans la région, serait ni plus ni moins un grand incendie qui embraserait tout le Moyen-Orient », a-t-il déclaré reconnaissant ce vaste bloc que constituent les sympathisants de l'Iran au Moyen-Orient au nombre desquels figurent évidemment de nombreux sunnites et kurdes que l'Israélien évite de citer.
Accord nucléaire : l’équipe B est dans l’illusion (Zarif)
Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré mercredi que les alliés de Donald Trump avaient trompé le président américain en annulant l’accord nucléaire de 2015 conclu entre Téhéran et les puissances mondiales.
Évoquant les efforts du conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour détruire l’accord sur le nucléaire iranien, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a dit qu’ils nourrissaient la même illusion qu’en 2005 au moment où ils essayaient de ramener l’enrichissement d’uranium de l’Iran à zéro.
« Bolton et Netanyahu ont détruit l’accord de Paris entre le groupe E3 [Allemagne, France et Royaume-Uni, NDLR] et l’Iran en 2005 en insistant sur l’enrichissement zéro », a écrit Zarif sur son compte Twitter pour rappeler au monde ce qui s’est passé ensuite. « Résultat ? L’Iran a multiplié son enrichissement par 100 vers 2012 », a-t-il ajouté.
« Aujourd’hui, ils ont poussé Donald Trump à détruire le PGAC en cultivant la même illusion », a indiqué Zarif.
Le haut diplomate iranien a exhorté le monde à tirer des leçons de cet épisode en montrant du doigt les dirigeants saoudiens, émiratis, israéliens et le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis qu’il a appelés « l’équipe B », en référence à la première lettre de leurs noms, Ben Salman, Ben Zayed, Benjamin Netanyahu et Bolton.
Lire aussi: Au bout de 60 jours, l’Iran se dirige droit vers l’enrichissement à 20 %
« L’équipe B n’a pas appris. MAIS LE MONDE DEVRAIT LE FAIRE », a conclu Zarif.
Téhéran a annoncé cette semaine qu’il dépasserait le niveau d’enrichissement d’uranium de 3,67 % fixé par le Plan global d’action conjoint (PGAC), affirmant que cette décision répondait à l’échec de l’UE à répondre aux demandes de l’Iran.
CGRI : la guerre en territoire ennemi ?
La stratégie de guerre des forces armées iraniennes est la même que celle simulée lors des manœuvres « Grand Prophète-12 », affirme le commandant des forces terrestres du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le général Mohammad Pakpour.
« La doctrine d’attaquer l’ennemi dans les profondeurs de son territoire, qui a été mise en application lors de la manœuvre “Grand Prophète-12” en même temps que des jeux de simulation de combats, est l’une des priorités des forces terrestres du CGRI », a-t-il-ajouté.
« Les capacités des missiles et des drones des forces terrestres du CGRI se sont considérablement amplifiées, ce qui assure notre supériorité au cours des éventuelles batailles à venir », a ajouté le général Pakpour, qui aussi a souligné l’enjeu majeur pour l’Iran, lequel consiste à préserver le rang de la République islamique en tant que puissance régionale et à contrer les efforts hostiles des États-Unis. « L’interception du drone américain le 20 janvier a changé la donne, contribuant largement à discréditer les États-Unis. Une chose est sûre : l’ennemi ne mettra pas de côté ses hostilités. Nous devons donc renforcer nos capacités dans tous les domaines, y compris dans le domaine économique, en neutralisant l’effet des sanctions », a-t-il précisé.
Moscou : l’Iran n’a pas violé l’accord nucléaire
Aucune des mesures prises par l’Iran ne représente une violation de l’accord nucléaire, a affirmé le ministre russe des Affaires étrangères.
« Il ne faudrait pas fermer les yeux sur cette réalité que l’augmentation de l’enrichissement en Iran ne contredit aucun des engagements de ce pays dans le cadre de l’accord nucléaire », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Selon l’agence de presse Tasnim qui cite Ria Novosti, Sergueï Lavrov, qui parlait ce lundi 8 juillet devant la réunion ministérielle informelle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en Slovaquie, a affirmé que la Moscou ne souhaitait pas une escalade autour de l’Iran et d’une manière plus général, dans la région du golfe Persique, ajoutant qu’il espérait que les responsables iraniens feraient preuve de plus de retenue.

« Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la réalité. Et la réalité est que l’Iran, en dépassant le seuil de 3,67 % dans ses activités de l’enrichissement de l’uranium pour passer à 5 %, n’a enfreint à aucun de ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire [Plan global d’action conjoint, PGAC] ni aucun des points d’entente prévus par le protocole additionnel de cet accord sur les garanties données à l’Agence internationale de l’énergie atomique. La situation doit donc être évaluée en prenant en compte cette réalité. »
Irak : la Résistance réclame l’expulsion de l’ambassadeur US
Alors qu’une vague de demandes de la part du peuple irakien et des groupes de résistance dans le pays s’était déjà constituée, suite à la révélation des actions destructives des États-Unis, pour réclamer la fermeture de l’ambassade américaine à Bagdad et l’expulsion de l’ambassadeur US, un autre groupe rejoint le mouvement.
Hassan Salem, représentant de la coalition al-Fatah au Parlement irakien, a déclaré ce mardi que l’ambassadeur des États-Unis en Irak devrait être convoqué en raison de l’espionnage et des tentatives de troubler la situation intérieure du pays. Il a également réclamé la fermeture de l’ambassade américaine à Bagdad.
Faisant allusion à l’affaire de l’implication d’un officier de l’armée irakienne dans le projet d’espionnage de la CIA, Hassan Salem a dit qu’il fallait former un comité composé des Unités de mobilisation populaire (Hahd al-Chaabi) et de l’appareil sécuritaire de l’Irak pour identifier les traîtres au sein des forces de l’armée et des forces de sécurité.
Iran: la saisie d'un navire par Londres ne sera pas sans réponse
Un haut commandement militaire persan prévient que la récente saisie par le Royaume-Uni d'un pétrolier avec du brut iranien à Gibraltar "ne restera pas sans réponse".
"La détention du navire, chargé de brut iranien, ne restera pas sans réponse, et la réponse à cette mesure ignoble sera prise en compte au bon moment", a déclaré mardi le chef d'état-major des forces armées iraniennes, Le général major Mohamad Hossein Baqeri.
Le Royaume-Uni a capturé le 4 juillet le supertanker Grace 1, chargé de brut iranien, accusé d'avoir transporté du pétrole en Syrie, ce qui constituerait une violation des sanctions imposées à cet égard par l'Union européenne (UE).
Cependant, la République islamique d’Iran a rejeté l’accusation et a assuré que le port indiqué par Londres comme destination du navire en question n’a pas la capacité de recevoir un tel supertanker.
Téhéran a qualifié le navire saisi par le Royaume-Uni de "piraterie maritime" et a exigé sa libération immédiate.
En développant la question, le général Baqeri a indiqué que la mesure avait été mise en œuvre sur la base d '"accusations vaines" et dans les "eaux internationales".
Le haut responsable iranien a également déclaré que l'arrestation de ce navire avait été faite à la demande des Etats-Unis et avait répondu à la décision "directe, claire et courageuse" des forces armées iraniennes d'abattre un avion sans pilote (drone) Un espion américain du 20 juin qui s’était rendu sans avoir l’autorisation appropriée dans l’espace aérien persan.
Baqeri a assuré que "la République islamique d'Iran dispose actuellement de l'autorité nécessaire dans les domaines de la marine, des missiles et de la défense aérienne, ce qui constitue un défi pour l'une des forces de l'ennemi, à savoir la capacité aérienne et antimissile". "L'ennemi n'a pas atteint ses objectifs et a été tellement humilié qu'il ne sait vraiment pas comment se comporter", a-t-il ajouté.
Le général Baqeri a ajouté que la République islamique ne voulait pas entrer en guerre avec aucun pays, mais ne craignait pas non plus un conflit. "Les forces armées iraniennes sont prêtes à appuyer sur la gâchette contre tout ennemi qui veut attaquer leur territoire", a-t-il averti.
Iran: l'Europe doit prouver qu'elle peut défendre son identité devant les États-Unis
Le responsable iranien Ali Shamkhani exhorte les pays européens à rejeter l'unilatéralisme américain pour la défense de leur identité et de leur sécurité.
"Le terrain de confrontation contre l'unilatéralisme américain, plutôt qu'un terrain pour évaluer les capacités de la République islamique, (...) est un test difficile et sérieux pour prouver la détermination de l'Europe à défendre son identité et sa sécurité fragile ", a déclaré mercredi le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien.
Dans un article publié mercredi dans l'agence de presse persane Tasnim, Shamkhani a abordé les conséquences de l'unilatéralisme de Washington en Europe, en particulier les "défis structurels et sécuritaires", ainsi que la perte d'influence à laquelle font face les pays européens.
À cet égard, le responsable persan a déclaré que si le président américain actuel, Donald Trump, éliminait l'Europe des équations mondiales, les prochains dirigeants du pays nord-américain, qu'ils soient républicains ou démocrates, utiliseraient cette situation pour maximiser les intérêts américains avant une "Europe affaiblie".
Dans ce cas, a-t-il poursuivi, de nouveaux groupes extrémistes arriveront probablement au pouvoir en Europe afin de compenser les conditions humiliantes actuelles et de recouvrer l'identité et l'indépendance perdues sur le Vieux Continent.
Shamkhani a ainsi appelé les pays européens à sortir de leur inaction pour sauver l'accord nucléaire - officiellement appelé Plan global d'action commune (PIAC ou JCPOA) - en danger, après le retrait de l'accord de Washington et imposer une série de sanctions à l'Iran.
Pour le haut responsable de l'instance de sécurité nationale iranienne, l'Europe est restée pratiquement un acteur secondaire et passif, malgré les humiliations des États-Unis et faire face aux impacts destructeurs de l'unilatéralisme de Washington dans plusieurs traités internationaux.
Sous la pression de Washington, l’Europe ne soutient que verbalement l’accord nucléaire et refuse de garantir les intérêts commerciaux de la République islamique contre les sanctions américaines.
Shamkhani a fait ces commentaires quatre jours avant l'expiration du délai de 60 jours fixé par l'Iran pour permettre aux signataires européens du pacte nucléaire d'assumer les responsabilités assumées avec Téhéran, dans le cadre de l'accord signé en 2015 par Téhéran et le groupe 5 + 1 qui a ensuite intégré les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine, plus l'Allemagne.
Téhéran a annoncé que si les Européens ne se rencontraient pas avant le 7 juillet, l'enrichissement de l'uranium dépasserait le niveau convenu - 3,67% - et commencerait à reconstruire le réacteur à eau lourde d’Arak.
En fait, le président iranien, Hasan Rohani, a annoncé la décision de la nation persane de ne pas honorer certains des engagements pris dans le cadre de l'accord, conformément aux mécanismes propres du PIAC.
Les USA n’ont d’autre choix que de tomber d'accord avec l’Iran
« Il relève de la naïveté de mettre sous pression deux grandes civilisations pour qu’elles reconsidèrent leurs comportements millénaires », lit-on sur les colonnes de cet article. Et de poursuivre : « Trump est entré dans cette arène sans avoir un objectif précis ni des alliés de taille qui le soutiennent. Aucune équipe sécuritaire nationale assez puissante ne l’accompagne et il est dépourvu de solution pour faire aboutir les objectifs contradictoires de la diplomatie américaine. »
Le commandant en chef de la marine de l'armée iranienne, le contre-amiral Hossein Khanzadi souligne que la présence des navires américains dans le bassin du golfe Persique relève du simple spectacle et et elle est parfaitement "inutile".
Plus loin dans son article Friedman a indiqué : « Dix minutes avant de frapper l’Iran, Trump est revenu sur sa décision. C’était une démarche rationnelle. Nous n’avons pas encore réussi à rétablir la stabilité en Irak. Nous n’avons toujours pas pu sortir du bourbier afghan. Les États-Unis n’ont qu’aggravé les affrontements et l’effusion du sang dans tous les pays où ils sont intervenus militairement. Nous avons besoin de la coopération iranienne en Afghanistan. Trump a porté préjudice à l’Iran. Il a également porté atteint à la Chine. Plus de 250 milliards de dollars d’importations en provenance du géant asiatique sont frappés par des tarifs douaniers punitifs. Les États-Unis ont interdit au groupe chinois Huawei de fournir des équipements aux réseaux de télécommunications américains. Mais pour quel résultat? Rien. Trump s’enlise dans le bourbier qu’il a lui-même créé.»
« Nous devons parvenir à un accord avec la République islamique d’Iran. Si Trump est sage, il doit immédiatement signer un accord limité avec l’Iran. Parce que notre présence a été réduite au Moyen-Orient. Non seulement nous ne sommes pas en mesure de faire la guerre contre Téhéran, mais en plus nous ne pouvons rayer l’Iran de la carte, ni la Chine ni aucun autre pays. L'impasse créé par Trump a largement donné les coudées franches à la Russie et alors qu'elle fait avancer ses pions au Moyen-Orient, nous y perdons chaque jour un peu plus de notre influence. Sans un accord avec l'Iran, l'impasse ne s'ouvrira pas. Peut-être », a-t-il réitéré. Et de conclure : « Toutes nos tentatives de changer la politique en Iran n’entraînera que le désordre. »
L’Union européenne avalise la nomination de quatre hauts fonctionnaires
En principe, il avait été décidé par les États-Unis, l’Allemagne et la France, avant les élections au Parlement européen que le président de la Commission serait l’Allemand Manfred Weber. Celui-ci s’était engagé à faire cesser les travaux de construction du gazoduc Nord Stream 2 et à limiter l’achat d’hydrocarbures russes par l’Union au profit du gaz US, beaucoup plus cher à la production et au transport.
Pour endormir les électeurs européens, une intense propagande avait assuré que le président de la Commission serait élu selon une « règle démocratique » : ce serait la tête de liste du plus important groupe parlementaire élu. Et il ne faisait pas de doute que ce serait Manfred Weber en tant que chef des conservateurs (PPE). Bien entendu, cette règle n’a jamais été démocratique puisque la démocratie aurait consisté à désigner une personne soutenue non par un groupe parlementaire, mais par une majorité. Pourtant, la presse et les candidats ont tous répété cette ineptie, conscients que l’Union n’est qu’un leurre.
Or, au dernier moment, la France est revenue sur son engagement. Le président Emmanuel Macron a prétexté que son groupe parlementaire (ADLE devenu Renew Europe) avait réussi une nette percée pour exiger un des quatre postes de haut fonctionnaire les plus en vue. Il a donc fait insulter Manfred Weber par la tête de liste de son parti, Nathalie Loiseau, qui l’a qualifié d’« ectoplasme », et a posé son veto à sa nomination. En définitive, il a lui-même proposé un nouveau candidat allemand, Ursula von der Leyen, une fois que la désignation de la Française Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne a été actée.
Ces deux femmes détiendront donc les deux postes les plus importants, tandis que le Belge Charles Michel présidera le Conseil des chefs d’État et de gouvernement —ainsi que celui de l’eurozone— et l’Espagnol Josep Borrell sera le haut représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Ces deux fonctions sont purement formelles. La présidence du Conseil consiste uniquement à distribuer la parole aux intervenants et à représenter l’Union à l’étranger. Le Haut représentant est le porte-parole d’une politique que tous savent fixée à Washington et non pas à Bruxelles.
Ces nominations n’ont pas été choisies par le Conseil européen, mais par la chancelière allemande et le président français, lors d’un aparté, puis avalisées par le Conseil.
Comment ces quatre hauts fonctionnaires ont-ils été sélectionnés ? Ils doivent répondre à deux critères : être atlantistes ;
avoir quelque chose à se reprocher qui permette de les faire chanter s’il leur advenait de perdre leur foi atlantiste.
Être atlantiste
Être atlantiste est une évidence pour tout fonctionnaire européen puisque le Traité de Maastricht et les suivants stipulent que la Défense de l’Union est assurée par l’Otan, l’alliance militaire anti-Russes.
Ainsi, Ursula von der Leyen a opportunément publié en début d’année une tribune libre dans le New York Times pour faire l’apologie de l’Otan qui « défend l’ordre mondial » [1].
L’atlantisme de Christine Lagarde n’a plus besoin d’être démontré puisqu’elle a débuté sa carrière comme assistante parlementaire au Congrès US et est devenue lobbyiste de l’industrie de Défense US contre son équivalent français. C’est elle qui a convaincu la Pologne d’acheter l’armement Boeing et Lockheed-Martin plutôt qu’Airbus et Dassault [2].
Charles Michel est Premier ministre du pays hôte de l’Otan et est recommandé par son père, Louis Michel, ancien Commissaire européen à la coopération internationale, à l’aide humanitaire et à la réaction aux crises. Josep Borrell, ancien du kibboutz de Gal On (désert du Negev), a été président du Parlement européen où il a ardemment défendu le principe de la vassalité européenne à l’Alliance atlantique. Il sera parfait dans le rôle, qui a récemment qualifié la Russie de « vieil ennemi » qui « redevient une menace ».
Les quatre impétrants ont été invités comme de bien entendu à des réunions du groupe de Bilderberg, le club de l’Otan. Cependant Josep Borrell n’a pas pu s’y rendre le mois dernier, cette participation lui ayant été interdite par son Premier ministre.
« Avoir un fil à la patte »
Même s’ils font confiance à leurs employés, les Etats-Unis préfèrent toujours disposer d’un moyen de pression pour les rappeler à l’ordre. En effet, il arrive trop souvent que des hauts fonctionnaires ne se contentent pas du salaire astronomique qui leur est versé et se mettent en tête de servir leurs concitoyens.
Une enquête judiciaire était en cours sur la gestion du ministère de la Défense par Ursula von der Leyen. Alors que l’armée allemande est notoirement sous-équipée, le gigantesque dépassement des devis dans plusieurs affaires avait déjà déclenché une enquête d’un cabinet d’audit qui avait trouvé les explications fournies satisfaisantes. Mais la découverte qu’au sein de ce cabinet la surveillance avait été opérée par le fils de cette grande aristocrate avait alerté le parquet. L’« état de droit » allemand est ainsi fait que la Chancellerie a le pouvoir de faire cesser les enquêtes judiciaires sur les membres du gouvernement.
Christine Lagarde a été condamnée pour « négligence » par la Cour de Justice de la République française, mais dispensée de peine. Elle avait décidé de porter un litige financier opposant une banque publique à un ancien ministre devant une cour d’arbitrage plutôt que devant les tribunaux. Or, l’arbitrage donna tort à l’État et raison à l’ancien ministre, ce qui n’aurait jamais dû arriver.
J’ignore dans quelles sombres affaires Charles Michel et Josep Borrell se sont impliqués, mais il y en a sûrement : le premier n’a-t-il pas accepté de diriger un gouvernement minoritaire et le second, alors qu’il était au faîte de sa carrière, ne s’est-il pas lui-même écarté de la vie politique durant une dizaine d’années ?
[1] “The World Still Needs NATO”, Ursula von der Leyen, New York Times, January 18, 2019.
[2] « Avec Christine Lagarde, l’industrie US entre au gouvernement français », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 22 juin 2005. À la lecture de cet article, le président Jacques Chirac suspendit le droit de signature de sa nouvelle ministre qui dû en référer en toutes choses au Premier ministre.